« La Haute école de théologie (HET-PRO) met un point d’honneur à offrir à ses étudiants des lieux de stage de qualité, explique Isaline Rothacher, responsable de la communication. Dans cette optique, l’école a proposé une formation pour les maîtres de stages en 2022. » Ainsi, vingt et une personnes viennent de terminer cette formation : des pasteurs, mais aussi des personnes travaillant dans divers associations et œuvres chrétiennes.
« Les pasteurs et les professionnels qui forment des stagiaires sont confrontés à trois défis principaux, relève Michel Siegrist, professeur à la HET-PRO. D’abord, ils doivent développer des compétences pour accompagner un apprentissage professionnel. Ensuite, ils doivent être capables de distinguer entre leur propre ministère pastoral et le ministère pastoral en général. Enfin, ils doivent arriver à mettre à part le temps nécessaire pour accompagner correctement un ou une stagiaire. »
Par exemple, il est important que le maître de stage soit au clair à propos de sa propre identité professionnelle – c’est-à-dire sa manière de concevoir et de pratiquer son ministère. L’un des aspects du ministère pastoral actuellement en débat est celui du sacrifice dans l’engagement. Et ce débat montre des différences entre les générations.
Accueillir la personne telle qu’elle est
Parmi les participants, Bertrand Gounon, pasteur dans l’Eglise évangélique La Passerelle (FREE) à Vevey, relève l’utilité de cette formation : « J’ai déjà été maître de stage par le passé, et ce n’était pas facile. Je pensais que ma manière de pratiquer le ministère pastoral devait être reproduite par le stagiaire. Avec cette formation, j’ai appris à accueillir la personne telle qu’elle est ». Et cette manière d’accompagner, en tenant compte de la personnalité du stagiaire, passe par l’autoévaluation. « Le stagiaire possède en lui-même beaucoup de ressources lui permettant de progresser dans son apprentissage, précise Bertrand Gounon. Il s’agit de l’aider à travailler en utilisant ces ressources, à comprendre ce qu’il ressent, à entrer lui-même dans un fonctionnement basé sur l’autoévaluation. »
Olivier Fasel, pasteur dans l’Eglise évangélique de Fribourg-Bourguillon (FREE), et détenteur d’un brevet de formateur d’adultes, ressort également très satisfait de cette formation de maître de stage : « Ce que j’ai appris était à la fois très similaire et très complémentaire à ma formation. Il s’agit, pour le formateur, de réfléchir à sa propre pratique, et même à sa propre vocation, afin d’aider le stagiaire à réfléchir à sa pratique. Il ne s’agit pas de dire : ‘C’est bien’ ou ‘Ce n’est pas bien’, mais de donner au stagiaire les outils qui lui permettront d’évaluer son propre travail ».
Quant à Thomas Salamoni, pasteur dans l’Eglise évangélique « L’Arc-en-ciel » (FREE), à Gland, il souligne qu’une force de cette formation est d’interpeller le formateur à propos de sa propre spiritualité : « Parmi les travaux personnels à effectuer, j’ai apprécié celui qui permettait de définir la spiritualité de l’accompagnant. Cela nous a permis de prendre du recul et de nous rappeler que le formateur doit réfléchir à sa propre spiritualité, s’il désire aider le stagiaire à développer la sienne ».
Place à la diversité et à la nuance
Olivier Fasel a beaucoup apprécié la diversité du monde chrétien – y compris évangélique – qui s’est manifestée lors de cette formation : « Parfois, nous entendons dire que, dans les milieux évangéliques, ‘c’est comme ça’. Mais, dans cette formation, j’ai rencontré et apprécié une grande richesse d’approches, d’expériences et de sensibilités, ainsi que des propos nuancés ».
Michel Siegrist encourage chaque Eglise et chaque association chrétienne à participer à la formation des nouveaux ministères. Cela implique de disposer de maîtres de stages formés et compétents. Et c’est pour cela que la HET-PRO prévoit un nouveau parcours de formation en 2023.
Informations : www.het-pro.ch/agenda/formation-maitre