« 10 ans de théologie systématique, c’était un travail dur ! Hi, hi, hi, hi, hi… La louange, c’est donné à boire à Jésus ! Il attend que quelqu’un lui donne le temps ! Le temps, le temps, le temps… Hi, hi, hi, hi ! » Heidi Baker, Mama Heidi comme elle est surnommée parfois, donnait la prédication du soir le jeudi 5 mai à la patinoire de Malley à Lausanne. C’était la fin de la première journée de la conférence « Présence », organisée par l’Association internationale des ministères de guérison (AIMG).
Le show de Mama Heidi
2'400 personnes, patinoire comble, assistaient à la prestation d’une femme, la plupart du temps à genoux sur scène avec sa traductrice, les yeux mi-clos. En dehors de toutes les manières de faire habituelles, cette femme a alterné prédication chantée, accompagnée en improvisation par le groupe de musique, et prédication à haute voix. Le tout un peu dans le style de certaines Eglises noires-américaines, pentecôtistes. A forte charge émotionnelle.
Cette femme, docteur en philosophie, section théologie, du King’s College de Londres, déroulait sa « prédication » sur le thème de la Samaritaine (Jean 4) et de l’invitation que Jésus lui fait de lui donner à boire. Associant l’eau à la louange dérisoire que l’être humain peut apporter à Jésus, le maître de l’Univers, Heidi Baker a révélé en public ce que pouvait être son temps de recueillement, de face à face avec Dieu, en s’adressant à Jésus comme à son amant (« lover »). « Jésus t’aime tellement. Tout comme face à la Samaritaine qui s’était séparée de ses maris à plusieurs reprises, il ne t’accuse pas. Il s’arrête et te demande à boire. Tu es libre de prendre ton temps et de lui donner à boire ou pas… »
La directrice au Mozambique de Iris Global, une œuvre sociale qui s’occupe de milliers d’orphelins, a terminé son intervention en descendant de scène. Elle a prié et touché des dizaines de personnes parmi plusieurs centaines qui avaient envahi le devant de la salle. Quelques rires et quelques cris ont retenti. Des personnes sont tombées par terre dans ce qu’il est convenu d’appeler dans les milieux charismatiques : le « repos dans l’Esprit ». 20 minutes après la fin de la rencontre, certaines personnes gisaient toujours là, étendues sur le béton de la patinoire, entourées d’amis et de conseillers de l’AIMG, qui prenaient soin d’elles.
Un accent mis sur la Réforme
Le jeudi de l’Ascension avait commencé à 9h30 sur des bases plus classiques. Werner Lehmann, ancien pasteur de l’Eglise évangélique d’Oron (FREE) et président de l’AIMG, a invité les quelque 2000 personnes qui avaient fait le déplacement de la matinée « à ne pas laisser la déception tuer les promesses de Dieu ». A partir d’un exemple personnel fraîchement vécu, il a encouragé l’assistance à considérer la déception comme une « arme de destruction massive » et à ne pas se laisser déterminer par elle. « L’impossible peut devenir possible, a-t-il lancé, parce que Jésus, le Ressuscité, est vivant et qu’il incarne la présence du Père au milieu de nous. »
Paul Manwaring de l’Eglise Bethel en Californie a ensuite souligné que « l’Europe ne serait pas sauvée » grâce aux personnes qui se trouvaient sur scène, lors de conférences comme celle de l’AIMG. Il s’agit aujourd’hui d’équiper les chrétiens pour qu’ils s’engagent dans le monde. « Les Européens ne seront pas sauvés par des ‘vedettes’ sur scène, a-t-il répété, mais par des chrétiens engagés, travaillant dans des bureaux, dans des hôpitaux, dans le monde des affaires… Il faut que vous sortiez de l’Eglise », a-t-il surenchéri. Après avoir prié pour les femmes victimes d’infertilité, il a repris son enseignement en développant trois mots qui lui semblaient fondamentaux : la renaissance, le réveil et la réforme.
Peter Wenz, pasteur à Stuttgart de la plus grande Eglise évangélique d’Europe, a rebondi sur le thème de la Réforme. Il a relevé que les préparatifs de la commémoration l’an prochain des 500 ans de l’affichage des 95 thèses de Martin Luther, sur la porte de l’église du château de Wittenberg, allaient bon train. Après avoir souligné l’importance des quatre piliers qu’a posés la Réforme du XVIe siècle – l’Ecriture seule, le Christ seul, la foi seule et la grâce seule – ce pasteur pentecôtiste d’arrière-plan catholique a souligné qu’une nouvelle Réforme était en train de « balayer la terre ». Elle se manifeste notamment par une mobilisation nouvelle des chrétiens, par un mouvement de prière 24h sur 24, par le développement des cinq ministères selon la lettre de l’apôtre Paul aux Ephésiens, par une nouvelle manière de penser qui pousse les chrétiens à s’impliquer dans toutes les sphères de la société et par une capacité des Eglises à intégrer dans le peuple de Dieu des ressortissants de tous les pays et de toutes les ethnies. « Il n’y a personne qui puisse mieux intégrer la diversité des provenances nationales que les chrétiens », a lâché ce pasteur d’une Eglise qui s’est beaucoup impliquée dans l’accueil concret de réfugiés, dans la région de Stuttgart cette dernière année.
L’intervention de Peter Wenz s’est terminée par un temps de prière et d’onction d’huile pour les malades, selon l’enseignement que dispense l’épître de Jacques (Jacques 5), a souligné le pasteur.
Une triple révolution et un divorce !
En début d’après-midi, les responsables de l’AIMG avaient invité le prêtre Nicolas Buttet, fondateur de la communauté Eucharistein en Valais. Dans un style très sobre et très posé, cette personnalité des milieux charismatiques catholiques romands a invité les participants à retrouver leur cœur d’enfant pour entamer la révolution de l’amour. « C’est la réformation à laquelle nous sommes appelés », a-t-il lancé, invitant chacun à une triple révolution. Tout d’abord à une révolution personnelle qui permet à chacun, grâce au travail de l’Esprit Saint dans le cœur du croyant, de se découvrir enfant du Père. A une révolution relationnelle ensuite, qui « nous permet de rencontrer dans le prochain le visage du Christ ». Et enfin à la révolution écologique, qui permettra à la création de découvrir la révélation des enfants de Dieu, selon ce que dit l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains (8.19-21).
Le second intervenant de l’après-midi, l’Australien Ben Fitzgerald a commencé son intervention en chantant a capella le nom « Jésus », plusieurs dizaines de fois. Comme pour recentrer le temps de chants qui avait précédé sur l’essentiel : la personne du Christ. Puis, il a invité les participants à « célébrer leur divorce de l’esprit de peur ». « L’Europe verra Jésus, a-t-il expliqué, quand les chrétiens du continent auront abandonné la crainte des hommes qui a été à l’origine de la mise à mort de Jésus. » A partir du procès de Jésus, le prédicateur a souligné que, malgré les injonctions de sa femme à ne pas mettre à mort un juste, Pilate avait succombé à la pression de la foule et de la crainte des hommes, et condamné Jésus à mort. « Il n’y a pas d’être humain dont l’évocation peut avoir plus d’impact sur nos vies que la pensée de l’amour de Dieu pour nous », a-t-il encore lancé.
L’intervention de Ben Fitzgerald s’est terminée par un appel à venir sur le devant de la salle pour célébrer son divorce avec le « politiquement correct » et la crainte des hommes. Les quatre cinquièmes de l’auditoire se sont avancés.
Serge Carrel
Le site de la conférence "Présence" de l'AIMG.
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