La journée de la FREE 2015 s'est déroulée le 8 novembre à Yverdon-les-Bains. Elle avait pour thème l'accueil dans nos Eglises des jeunes adultes de la Génération Y, ceux qui sont actuellement âgés de 20 à 35 ans. Ce thème est d'une actualité brûlante, puisque la génération des jeunes adultes est souvent absente de nos communautés.
Trois orateurs, venus d'Angleterre, ont permis de mieux comprendre le phénomène et d'envisager des solutions : Bob et Mary Hopkins, de Sheffield, membres du mouvement d'implantation d'Eglises Fresh Expressions et Ben Gardner, responsable du secteur étudiants de St Thomas Crookes, une Eglise à la fois baptiste et anglicane de Sheffield.
Pour Bob Hopkins, le plus grand problème posé aux Eglises qui désirent rejoindre les jeunes adultes est le changement : « Elles doivent apprendre à voir plus grand, plus loin et de manière différente. » Il est nécessaire qu’elles acquièrent une nouvelle compréhension de leur place dans la société. Elles doivent également revoir leur manière de s'organiser et de prendre des décisions.
Dans une société pluraliste, où de nombreuses sous-cultures se juxtaposent, l’Eglise ne s'adresse plus à un groupe homogène. Il lui faut apprendre à rejoindre chaque sous-culture, exactement comme les missionnaires apprennent à rejoindre des cultures différentes. De nouvelles Eglises spécialisées sont à l’ordre du jour : pour les jeunes, pour les parents de petits enfants (les « Messy Churches »), pour les étudiants, pour les skateboarders, pour les réfugiés, pour les étrangers, pour les fans de réseaux sociaux, pour les adeptes du Nouvel-Age... « Nous ne devons pas nous préoccuper que de la Génération Y, estime Bob Hopkins, mais de cette multiplicité de sous-cultures dans lesquelles on trouve de jeunes adultes. »
De nouvelles Eglises à côté des anciennes
Les Eglises spécialisées ne viendront pas remplacer les Eglises traditionnelles, mais élargir le témoignage chrétien à leurs côtés. Ces nouvelles communautés ne doivent pas se développer de manière indépendante, mais dans des réseaux ou à l'intérieur d'Eglises-mères.
Bob Hopkins évoque l'exemple de Tubestation, une petite Eglise vieillissante de Cornouailles, située près d'une plage appréciée des surfeurs. Elle a développé un ministère parmi eux, y compris en aménageant des douches dans ses locaux. Elle s'est remise à croître grâce à l'arrivée de ces sportifs, généralement de jeunes adultes. Aujourd'hui, la communauté est devenue si accueillante que des gens du village voisin aiment la fréquenter – tous âges confondus.
Cinq jeunes réagissent
Cinq jeunes adultes autour de la trentaine ont accepté de réagir à ce qu'ils avaient entendu les concernant. Alain Bielmann, co-responsable du groupe de jeunes de l’Eglise de Fribourg-Schönberg (FREE), a particulièrement apprécié les exemples d'Eglises nouvelles, tournées vers des sous-cultures particulières. « Au Schönberg, nous commençons tout juste une expérience de présence chrétienne dans un café », explique-t-il.
Sharon et Pauline Kadmiel viennent de déménager à Lausanne, après avoir fréquenté l’Eglise évangélique de Châble-Croix (FREE), à Aigle. Ils sont particulièrement sensibles au fait que les Eglises prennent conscience de l'absence relative des jeunes adultes. « Nous cherchons notre place, le ministère que Dieu nous réserve », souligne Pauline. Sharon abonde dans ce sens en précisant qu'une aide de l’Eglise est importante dans ce domaine.
Melvina et Nicolas Piaget sont engagés de multiples manières dans l’Eglise évangélique de Berne (FREE), ainsi que dans Génération2030, un groupe de jeunes adultes de la Riviera vaudoise. « J'ai été étonné d'apprendre que les jeunes adultes actuels ont un sens de la famille plus développé que leurs aînés, relève Nicolas. Mais je trouve très pertinent que la rapidité des changements de notre société, et les défis que cela représente pour nos Eglises aient été soulignés. »
Pour Melvina, « il est important de donner rapidement de vraies responsabilités aux jeunes adultes, mais cela n'est pas simple à concilier avec leur attitude parfois consumériste ». Pour elle, la réconciliation du convivial et du spirituel dans les Eglises est très importante. « A Berne, je peux participer à l'Oase, une rencontre hebdomadaire conviviale organisée par l’Eglise libre germanophone, explique-t-elle. Des parents sont accueillis pour un café, un temps de partage, une discussion autour de la foi. Et pendant ce temps, les enfants sont pris en charge dans la pièce à côté. »
Tout au long de cette fête, la FREE a bénéficié des dons du groupe de louange veveysan Se1l, ainsi que de la troupe de théâtre neuchâteloise Artishow.
Les conférences de Bob et Mary Hopkins ansi que de Ben Gardner sont disponibles ici.