La religion est devenue un bien de consommation

jeudi 30 octobre 2014

Une nouvelle étude sur la spiritualité des Suisses montre que la religion est devenue quasiment un bien de consommation comme un autre. Soutenue par le Fonds national suisse, ces résultats sont consignés dans un livre qui vient de paraître en allemand (1).

Les mots « concurrence », « offres religieuses » ou « marketing ecclésial » figurent dans le communiqué de presse que les chercheurs de cette étude ont sorti lundi 27 octobre. Ils indiquent que la religion est aujourd’hui en concurrence avec toutes sortes d’activités que propose la société et qu’elle répond de plus en plus aux critères d’offres et de demandes, comme n’importe quel bien de consommation. Autrement dit : la population évalue aussi bien ce que propose l’Eglise que les clubs de sport ou les activités culturelles sur la base de la prestation et du prix.
Cette nouvelle donne se serait imposée dès les années 60, quand la société s’est enrichie et individualisée.

Religion à la carte

Selon Mallory Schneuwly Purdie, l’une des co-auteurs de l’étude et affiliée à l’Institut de sciences sociales des religions contemporaines (ISSRC), les communautés chrétiennes – parmi d’autres – se mettent en scène, se développent sur les réseaux sociaux… et piochent dans « ce qui fonctionne » comme par exemple le yoga pour séduire ou re-séduire une partie des fidèles. La chercheuse a cité le cas d’une femme protestante à Zurich qu’elle a interrogée et qui, avant de se rendre à une célébration religieuse, se renseigne systématiquement sur le profil du pasteur, le thème de la prédication, sur  le lieu et l’heure avant de se décider à aller au culte… ou non. La religion est devenue à la carte et chacun décide en quoi il veut croire et comment il entend pratiquer.

Indifférence

Ces considérations économiques mises à part, l’étude met à jour d’autres dynamiques de la spiritualité en Suisse, comme le fait que la montée de la sécularisation ne s’accompagne pas d’un phénomène « anti-religieux », mais plus d’un sentiment d’indifférence. Et d’autre part que le nombre de pratiques alternatives foisonne, de la croyance aux anges à celle du pouvoir des pierres. Plus d’une septantaine de ces pratiques ont été recensées parmi les quelque 1000 personnes sondées.

Gabrielle Desarzens

  • Encadré 1:

    Note
    1) Thomas Englberger, Jörg Stolz (et alii), Religion und Spiritualität in der Ich-Gesellschaft. Vier Gestalten des (Un-) Glaubens, Zurich, TVZ/NZN, 2014, 282 p. Une version française devrait sortir de presse en décembre.

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