Les mots « concurrence », « offres religieuses » ou « marketing ecclésial » figurent dans le communiqué de presse que les chercheurs de cette étude ont sorti lundi 27 octobre. Ils indiquent que la religion est aujourd’hui en concurrence avec toutes sortes d’activités que propose la société et qu’elle répond de plus en plus aux critères d’offres et de demandes, comme n’importe quel bien de consommation. Autrement dit : la population évalue aussi bien ce que propose l’Eglise que les clubs de sport ou les activités culturelles sur la base de la prestation et du prix.
Cette nouvelle donne se serait imposée dès les années 60, quand la société s’est enrichie et individualisée.
Religion à la carte
Selon Mallory Schneuwly Purdie, l’une des co-auteurs de l’étude et affiliée à l’Institut de sciences sociales des religions contemporaines (ISSRC), les communautés chrétiennes – parmi d’autres – se mettent en scène, se développent sur les réseaux sociaux… et piochent dans « ce qui fonctionne » comme par exemple le yoga pour séduire ou re-séduire une partie des fidèles. La chercheuse a cité le cas d’une femme protestante à Zurich qu’elle a interrogée et qui, avant de se rendre à une célébration religieuse, se renseigne systématiquement sur le profil du pasteur, le thème de la prédication, sur le lieu et l’heure avant de se décider à aller au culte… ou non. La religion est devenue à la carte et chacun décide en quoi il veut croire et comment il entend pratiquer.
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Ces considérations économiques mises à part, l’étude met à jour d’autres dynamiques de la spiritualité en Suisse, comme le fait que la montée de la sécularisation ne s’accompagne pas d’un phénomène « anti-religieux », mais plus d’un sentiment d’indifférence. Et d’autre part que le nombre de pratiques alternatives foisonne, de la croyance aux anges à celle du pouvoir des pierres. Plus d’une septantaine de ces pratiques ont été recensées parmi les quelque 1000 personnes sondées.
Gabrielle Desarzens