Sara, quinze ans, vit à Bagdad avec son père. Lorsque l’adolescente s’intéresse à la foi chrétienne et remet en question sa foi musulmane, sa famille réagit par la colère. Après une dispute, son père l’enferme dans sa chambre pendant dix jours, sans nourriture. Lorsqu’il ouvre enfin la porte, il informe Sara que le lendemain, elle devra épouser le neveu de sa belle-mère : « Je ne t’ai pas bien élevée, peut-être qu’il le fera, lui ! », déclare son père. De manière miraculeuse, Sara réussit à s’enfuir dans le nord de l’Irak. Mais pour une femme, vivre seule n’est pas considéré comme acceptable dans ce pays. Des hommes tentent de l’exploiter sexuellement. Rejetée par sa famille, le quotidien de Sara est devenu très précaire.
L’insécurité aggrave la persécution des chrétiennes
Relatée par Portes Ouvertes, cette histoire vraie illustre à quoi peut ressembler la persécution religieuse touchant particulièrement les femmes. En effet, selon une étude publiée le 1 er mars par l’ONG de soutien aux chrétiens persécutés, la manière dont femmes et hommes subissent la persécution liée à leur foi en Jésus diffère en fonction de leur genre. Et les contextes d’insécurité (conflits armés, catastrophes naturelles, instabilité politique, effondrement économique etc.) aggravent encore les vulnérabilités existantes, précise le nouveau rapport sur la persécution religieuse liée au genre (GSRP).
Dans ces contextes, la persécution visant les femmes et les filles est plus cachée et complexe que celle envers les hommes. Elle a lieu dans le cadre privé et est souvent perpétrée par des personnes de l’entourage. Les formes les plus fréquentes sont le mariage forcé, la violence sexuelle, la violence physique, la violence psychologique et l’enlèvement. Les hommes et les garçons subissent aussi de la violence physique et psychologique, et ils sont plus susceptibles d’être emprisonnés, harcelés sur leur lieu de travail, enrôlés de force dans l’armée ou sous pression économique.
Violences sexuelles dans 84% des pays de l’Index de persécution
Omniprésentes dans les conflits, les violences sexuelles sont à la fois une arme de guerre et une conséquence indirecte de l’accroissement de l’instabilité, rapporte l’étude de Portes Ouvertes. Avant de donner ces chiffres alarmants: Dans 82% des 50 pays où la persécution sévit le plus fortement, les femmes chrétiennes sont touchées par les violences sexuelles. Elles sont à risque d'être mariées de force dans 84% de ces pays, de subir des violences physiques dans 72% et d'être kidnappées dans 62% d’entre eux.
« Il est de plus en plus reconnu que les identités religieuses, les croyances et les communautés jouent des rôles importants et variés dans les contextes de violences, comme les conflits » précise le rapport GSRP 2024. Les chrétiens se retrouvent pris dans une sorte d’engrenage: « Lorsqu’il existe déjà des niveaux élevés de persécution religieuse, les situations de fortes violences peuvent créer de nouvelles possibilités de persécution », indique encore le communiqué.
Du 14 au 17 mars 2024, Portes Ouvertes Suisse organise une tournée sur cette thématique. Différentes Eglises accueilleront la visite de Migdaled, une Mexicaine qui ose parler de Jésus là où les gangs du crime organisé font régner la loi du silence.
Flyer pour la tournée de Migdaled en Suisse