Dans différents articles publiés dimanche 11 février dans les quotidiens texans le Houston Chronicle et le San Antonio Express-News, trois journalistes d’investigation ont révélé une cascade d’affaires d’abus sexuels. Ceux-ci concernent des responsables de la plus grande Eglise protestante des Etats-Unis, la Convention baptiste du Sud, qui comprend 47'000 communautés évangéliques, soit environ 15 millions de membres dans tout le pays.
Sommet d’un iceberg
Les journalistes ont mis en lumière près de 400 agresseurs, qui ont fait 700 victimes ces vingt dernières années, mineures pour la plupart. Ces révélations ne sont que le sommet d’un iceberg : les enquêteurs ont épluché des milliers de documents judiciaires et d’archives de journaux. Ils ont ressorti des affaires déjà traitées par la justice et ils ont fait le lien entre tous ces responsables de la Convention baptiste du Sud. Et des dizaines d’autres cas sont en cours. Sans compter ceux qui peuvent et vont sans doute encore sortir. Car en pied de leurs articles, les journalistes font appel à témoignages et invitent les victimes qui n’ont encore rien dit à remplir un questionnaire confidentiel pour dénoncer ce qu’elles ont vécu.
Création d’une base de données
A la lecture des articles, on suit des trajectoires de pasteurs ou de responsables de groupes de jeunes par exemple, qui ont sévi sur des enfants, qui ont été arrêtés, inculpés, emprisonnés, puis qui ont parfois recommencé ailleurs. C’est notamment le cas de 35 d’entre eux qui ont retrouvé des postes dans d’autres Eglises par la suite. Les journalistes ont maintenant créé une base de données centralisée qui répertorie les responsables accusés d’abus sexuels.
Beaucoup de jeunes filles concernées
Parmi les victimes, beaucoup de jeunes filles de 12, 13, 14 ans. Comme par exemple cette jeune de 14 ans, violée par son pasteur et enceinte des suites de ces abus. Les leaders de sa communauté l’ont forcée à s’excuser publiquement devant toute son Eglise, parce qu’elle était enceinte, en lui demandant de taire le nom du géniteur. Ils ont ensuite essayé de l’obliger à avorter.
Il semble que l’on se trouve en présence d’une nouvelle affaire « Spotlight », du nom de la rubrique enquête du Boston Globe qui avait mis au jour des actes de prêtres pédophiles en 2002. Un film du même nom était d’ailleurs sorti en 2015. L’affaire avait secoué les Etats-Unis : c’était le premier scandale pédophile de grande ampleur dans l’Eglise catholique.
Gabrielle Desarzens
Dimanche 17 février dans l’émission Hautes Fréquences de RTS La Première, la journaliste Lise Olson qui est l’une des trois reporters à avoir investigué sur cette affaire répond aux questions de Noriane Rapin et Gabrielle Desarzens