« Cela passe et repasse sans cesse dans mon esprit, écrivait George Müller en 1874. 2200 personnes, non seulement à nourrir, mais à entretenir complètement : vêtir, chausser, chauffer, éclairer, fournir de toutes les choses nécessaires à la vie, et n'avoir rien ! 189 missionnaires à secourir, et rien en caisse ! Une centaine d'écoles – avec 9000 écoliers – à entretenir complètement, et rien en réserve pour elles ! Environ quatre millions de brochures d’évangélisation et dix mille exemplaires des Saintes Ecritures à envoyer chaque année, et pas un sou devant soi ! Mais Dieu qui m'a conduit à étendre cette œuvre, et qui l'a entretenue pendant quarante ans, Dieu sur qui je me repose y pourvoira ! »
George Müller est né en 1805 à Kroppenstedt dans le royaume de Prusse. Il était le fils d’un percepteur d’impôts. A 10 ans, il vole son père. A 14, il préfère sortir avec ses amis, plutôt que de s’occuper de sa mère mourante. Jeune homme, il part étudier la théologie à Halle, parce que le métier de pasteur dans l’Eglise officielle paye bien.
Il rencontre Jésus-Christ
C’est là que, grâce à un ami, il fréquente une cellule de prière piétiste et commence à lire la Bible. Le jour où il se tourne vers Dieu, il cesse de boire, de voler et de mentir. Il songe alors à devenir missionnaire, part se former à Londres, mais découvre progressivement que là n’est pas sa vocation.
En 1829, malade, il part se soigner à Teignmouth, au sud de l’Angleterre. Là, il rencontre Henry Craik avec lequel il devient ami à vie. Dans cette même ville, trois ans plus tard, il commence un ministère pastoral à « Ebenezer Chapel ». Pour ce travail, il refuse un salaire régulier, afin que les membres de l’Eglise donnent sans contrainte. Le 7 octobre 1830, il épouse Mary Groves.
George Müller inscrit son travail pastoral dans les toutes nouvelles Assemblées de frères. En 1848, le mouvement se divise en deux branches : une aile « étroite » menée par John Nelson Darby et une aile « large » à laquelle George Müller se rattache. De nombreuses Eglises de la FREE sont issues de la branche large de ce mouvement.
Des orphelinats totalement dépendants du Seigneur
En 1832, George Müller poursuit son ministère pastoral à Bristol, dans une Angleterre minée par les crises financières qui se succèdent durant tout le XIXe siècle. En été 1833, une épidémie de choléra éclate dans la ville. Avec son ami Henry Craik, George Müller visite les malades. De nombreux enfants deviennent orphelins et se retrouvent à la rue, livrés à eux-mêmes.
En 1836, le couple Müller accueille ses premiers orphelins, d’abord à la maison, puis dans des orphelinats. En 1849, plus de 400 orphelins sont hébergés et instruits. En 1870, plus de 1700 enfants sont accueillis dans cinq maisons. Chaque matin, après le petit-déjeuner, a lieu un moment de lecture de la Bible et de prière. Les enfants sont scolarisés et, à leur sortie de l’orphelinat, ils reçoivent des habits de rechange.
La construction et l’exploitation des orphelinats sont financées par des dons : de l’argent, mais aussi des dons et des services en nature. Cependant, le couple Müller a pour principe de ne jamais exposer ses besoins d’argent – sauf à Dieu – et de ne jamais s’endetter. Les dons, petits ou grands, sont systématiquement comptabilisés. Ainsi, durant sa vie, George Müller a pris en charge plus de 10’000 orphelins, créé 117 écoles et reçu quelque 1,5 millions de Livres Sterling. Certains estiment cette somme à plus de cent millions de francs actuels.
16 voyages à partir de 70 ans
En 1875, à l'âge de 70 ans, veuf et remarié avec Susannah Sanger, George Müller entreprend seize voyages dans une trentaine de pays, sur les cinq continents. En été 1876, lors de son troisième voyage, il visite Neuchâtel et la Suisse allemande. Lors d’une escale de dix jours à Berne, il rassemble des milliers de personnes dans de grandes salles et prêche à l’Eglise libre et à l’Eglise française. En automne 1878, lors de son cinquième voyage, il revient en Suisse et, après avoir passé par Neuchâtel et Berne, il visite la Suisse romande, en particulier Lausanne et Genève. Il prêche, entre autres, à la chapelle de l’Oratoire de la cité de Calvin. Enfin, en été 1881, lors de son huitième voyage, il repasse par Berne, Zurich et Bâle.
George Müller meurt le 10 mars 1898 à « New Orphan House numéro 3 », à Bristol.
Claude-Alain Baehler
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