Vivant et travaillant en Afrique du Nord, je me sens particulièrement concerné et surtout j’aimerais lancer cet appel aux jeunes francophones : « Venez et impliquez-vous dans cette région ! » Est-ce de l’inconscience de ma part, un appel à une démarche suicidaire, une idée inconcevable, une nouvelle « croisade » ?
Ma vision est simple. Notre devoir de chrétiens occidentaux est d’organiser des séminaires sur l’islamisme, d’écrire des articles savants sur les racines de cette évolution, d’entourer et d’accueillir ces migrants, mais aussi, et pourquoi pas, de vivre avec eux dans leurs pays d’origine. Pour les jeunes (et moins jeunes) francophones avec une vie spirituelle solide et une expérience professionnelle, il y a là de grandes opportunités !
Une rencontre dans les pays d’origine
Sans être un héros, je vis cette réalité avec mon épouse depuis quelques mois et j’ai la conviction que nous avons aussi une mission là où ces jeunes maghrébins grandissent, étudient et se préparent à leur avenir. Je rencontre des jeunes désabusés, frustrés du manque de perspectives, déçus par les promesses révolutionnaires non tenues, dégoutés de la corruption. Beaucoup, il est vrai, rêvent d’un eldorado où ils gagneront bien leur vie et où les biens matériels ne manqueront pas. Ceux que je rencontre – nous habitons une ville dont le 20% de la population est constitué d’étudiants – sont principalement des jeunes avec une excellente formation technique ou universitaire. Les scénarios qui se présentent à eux son schématiquement les suivants :
a) Ils ne trouvent pas de débouchés et se contentent de petits métiers aléatoires.
b) Ils tombent entre les mains d’intégristes qui vont les endoctriner et les faire partir au djihad. Ce pays où nous vivons en comptabilise environ 8'000 !
c) Ils ont envie de rester dans leur pays, de s’investir et de développer un projet ou une entreprise.
Des conférences sur le management
C’est auprès de ces derniers que je vois de réelles perspectives d’espoir et de développement. Avec un ami, nous avons mis en place une série de conférences sur le management pour de jeunes entrepreneurs et étudiants. Nous sommes allés là où ils sont, dans un café culturel et branché du centre de la ville que le propriétaire a mis à notre disposition. Très vite et grâce aux réseaux sociaux, l’information a passé et ils sont venus. Ils étaient 35 à la première soirée et 50 à la deuxième. Au travers de ces conférences, mises sur pied avec la participation active de jeunes entrepreneurs locaux, nous voulons créer des contacts, motiver les gens à investir dans leur pays et nous encourager mutuellement. Cet exemple modeste nous encourage à persévérer dans cette direction, car les réactions des participants étaient en grande majorité positives. Nous ne sommes pas là pour leur donner des leçons de savoir-faire, mais plutôt pour partager notre expérience et montrer en toute humilité de l’amour, du respect et de l’intérêt.
Le français : langue commune !
Pour revenir à mon appel aux francophones pour cette région, c’est parce que la langue française y est apprise, pratiquée et comprise par un grand nombre. Ainsi il est possible, depuis le premier jour, de communiquer et de se faire comprendre sans grands problèmes. L’apprentissage de l’arabe reste bien entendu important.
A titre personnel, je constate que d’avoir une activité professionnelle dans ces pays et une expérience du terrain m’ouvre de nombreuses portes et me donne de la crédibilité auprès des gens. Un client me disait récemment après un repas d’affaire : « Tu fais partie des nôtres. » Quel encouragement !
Si vous vous sentez interpellés, si vous pensez que c’est une voie possible, si Dieu vous parle, alors contactez-nous. Préparez-vous et laissez-vous conduire !
Notre place est aussi ici en Afrique du Nord, dans cette région où de nombreuses civilisations ont laissé des traces et où nous désirons bâtir des ponts vers nos cousins, dans le respect et l’amour.
R.