En ces temps de confinement et de crise sanitaire, c’est assez impressionnant de voir à quel point l’ensemble de nos Eglises se précipite pour « servir » d’abord les membres de leur communauté par voie électronique. En lisant Daniel Liechti (1) dans un de ses textes où il incite les Eglises à s’ouvrir sur l’extérieur, je me disais qu’il enfonçait des portes ouvertes. Je pensais que, pour l’Eglise, c’était évident d’aller « dans le monde ». Eh bien, j’avais tout faux et le missiologue avait raison !
Une occasion de travail sur l’extérieur
Nous devrions considérer cette crise comme une opportunité pour rejoindre nos concitoyens. C’est aussi une opportunité pour les chrétiens eux-mêmes. Si le membre d’Eglise a besoin d’être materné, c’est peut-être le moment de le sevrer. De lui laisser la bride sur le cou. On peut lui donner des poignées, mais est-il si important qu’il ait sa prédication, le dimanche matin, pour se sentir chrétien ? Laissez-le s’organiser lui-même pour faire « communauté ». Les temps de confinement peuvent aussi lui montrer l’importance de la communauté. C’est une sorte d’éducation par l’absence. Le pasteur a peut-être peur de perdre des ouailles, mais les membres d’une Eglise ne sont parfois juste que des « followers » qui n’obtiennent pas leur dû de plaisir. Par contre, il est clair que le pasteur qui laisse « mijoter » ses « brebis » doit bien les informer du bien-fondé de sa stratégie. Il sera toujours disponible pour les plus « faibles ». Il aura moins de travail interne à la communauté, mais ce sera l’occasion de travailler sur l’extérieur.
Des propositions de pistes
Voici quelques idées pour qu’une Eglise soit missionnelle en temps de crise :
- Si vous diffusez vos messages et prédications sur les réseaux sociaux, sachez que vous n’êtes plus entre vos murs, vous êtes sur la place publique. Donc, adaptez-vous au public de cette place. Vous ne parlez plus à des gens catéchisés, donc il y a du vocabulaire et des tournures de phrases que les gens ne comprennent absolument pas.
- Mettez-vous à la place des gens qui vous regardent prêcher derrière votre chaire en bois massif, votre « trône » comme quelqu’un l’a exprimé dans un commentaire. Vous allez projeter une image d’activité cultuelle obsolète. Plus personne dans le monde des arts et du spectacle parle à partir d’une chaire. Peut-être y a-t-il encore quelques politiques qui s’y hasardent derrière un présentoir en plastique transparent. De plus, les gens habitués à la télévision n’aiment pas les gens qui lisent leur texte. Ils adorent le stand-up de l’humoriste. Inspirez-vous de l’humoriste dans sa manière de communiquer. Ou bien utilisez un prompteur.
- Essayez de répondre aux questions que les gens se posent et non à votre besoin d’expliquer le « plan du salut » (autre vocable inconnu du grand public). Inspirez-vous du Christ qui demandait souvent au malade : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
- Ouvrez un espace numérique où les gens peuvent demander que la communauté prie pour eux. Et pourquoi pas un espace pour demander un service, une aide (des courses, etc.)? Les gens auront peut-être plus confiance en recourant aux services de chrétiens.
- Mettez sur la porte de l’église un grand QR-code qui connectera les gens à un encouragement d’une minute enregistré en vidéo. La personne scanne le code et regardera plus tard son contenu.
- Notre fédération pourrait enregistrer des clips d’encouragement à utiliser par toutes les communautés.
Dieu nous a créés créatifs et il y a beaucoup de créatifs dans nos Eglises qui ont bien du talent !