Pour une contribution décisive à une information de qualité, pour le maintien d’une répartition solidaire des moyens entre les quatre régions linguistiques de la Suisse, pour la sauvegarde de programmes originaux qui renforcent le développement de la vie démocratique, et pour la production et la diffusion d’émissions diversifiés qui évoquent le fait religieux, il faut voter non à l’initiative “No Billag”.
Informer, éduquer, divertir
John Reith, chrétien calviniste convaincu, a fondé en 1922 la BBC (British Broadcasting Company) sur trois piliers fondamentaux: éduquer, informer et divertir. Il s’est battu pour que les journalistes puissent exercer leur profession de façon indépendante, et il a positionné la BBC comme média de qualité au service de son audience.
Le service public audiovisuel en Suisse continue à viser ces nobles objectifs. Ceci à l’échelle des régions linguistiques (SSR), et à l’échelle régionale (radios et télévisions de proximité, mandatées pour leur rôle spécifique de service public). La redevance – que l’initiative “No Billag” entend éliminer – est une façon équitable et solidaire de soutenir les médias de service public, avec une répartition (péréquation financière) qui soutient les minorités linguistiques: c’est une contribution fondamentale au vivre ensemble en Confédération.
Dieu ou Mamon
Jésus-Christ oppose le service de Dieu au service de l’Argent personnifié (Matthieu 6.24). Pour éviter que l’argent soit le maître, sur le plan des médias, le financement par une redevance contrôlée politiquement, associé à un cahier des charges qui cadre et protège l’exercice d’un journalisme de qualité, est une solution qui a fait largement ses preuves dans les pays démocratiques.
Des médias gratuits? Ça n’existe pas. Rechercher, vérifier, raconter et diffuser l’information a un coût. Il existe des publications distribuées sans frais, mais, comme le dit l’adage: “Si c’est gratuit, c’est toi le produit.” Autrement dit, ces supports visent à toucher une audience avec des contenus publicitaires (ou à “vendre de l’audience aux annonceurs”), ce qui peut influer sur le genre et la qualité des informations proposées… entre les espaces publicitaires (quand cette distinction fondamentale entre publicité et information existe encore).
Le financement d’un service public audiovisuel de qualité permet de soutenir la production et la diffusion indépendante de programmes qui apportent un bénéfice au public, sans que tout soit soumis à des exigences de rentabilité immédiate.
Une contribution décisive au vivre ensemble
Les médias de service public audiovisuel enrichissent l’offre de programmes, donnant leur chance à des émissions parfois peu regardées mais très appréciées, qui rendent compte de cultures et de réalités sociales diversifiées. La dimension spirituelle et religieuse est prise en compte (voir tout ce qui est proposé par RTSreligion), même si les taux d’audience ne sont pas aussi élevés que pour d’autres genres d’émissions.
Les croyants sont encouragés à rechercher le bien de la société dans laquelle ils se trouvent (Jérémie 29.7). Voter non à l’initiative “No Billag”, c’est reconnaître ce qu’apportent nos médias de service public et les soutenir, pour le bien commun. Ce qui n’empêche pas de chercher à les accompagner encore mieux, en questionnant le montant de la redevance (comment faire mieux avec moins?), l’étendue des missions de service public (ajouter des émissions de décryptage et de critique des médias?), la qualité, la diversité et le caractère innovant des programmes. En France, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) contribue à un questionnement continu des contenus et des pratiques des médias. Un organe équivalent pourrait être un plus dans notre pays aussi.
Je voterai non à “No Billag” en tant que citoyen, en tant que passionné de communication et des médias, et en tant que chrétien. Je continuerai à encourager les journalistes et toutes les autres personnes qui s’investissent avec coeur dans les médias, de service public ou pas. Leurs métiers contribuent de manière décisive au maintien et au développement de la vie en société démocratique. J’invite toute personne, et notamment celles qui confessent la foi chrétienne, à voter non à “No Billag”, pour le bien commun.