Pour le comprendre, il nous faut remonter aux alentours de l’an 30. Le peuple juif se voit comme peuple élu de Dieu, mais sa terre, la Judée, subi l’humiliante occupation de Rome, une puissance païenne. Les autorités religieuses juives ont une certaine autonomie pour gérer les affaires internes, et s’accrochent au culte rendu dans le Temple de Jérusalem, lieu pour eux de la présence de Dieu. Cependant, beaucoup espèrent un messie politique et militaire, qui prenne la tête d’une insurrection contre l’occupant. La région est une poudrière, une étincelle peut créer une émeute ou une révolte. Le gouverneur romain, Ponce Pilate, doit tout faire pour maintenir le calme, alors qu’on lui reproche déjà d’avoir eu la main lourde.
Pour les chefs religieux, un concurrent et un blasphémateur
Paraît Jésus, qui prêche l’arrivée prochaine du Royaume de Dieu et gagne une renommée de faiseur de miracles. Les foules le suivent. Il reproche aux autorités religieuse leur hypocrisie, leur richesse et leurs traditions, qui tordent d’après lui le sens de la loi donnée à Moïse. Il relativise l’importance du Temple, se présentant lui-même comme présence de Dieu sur terre. Les chefs religieux voient en lui un concurrent, un blasphémateur et un agitateur. Ils craignent des troubles et que la répression romaine les prive du pouvoir et de la liberté qu’il leur reste. Ils arrêtent alors Jésus et le livrent aux Romains comme prétendant à la royauté et donc révolutionnaire potentiel.
Le gouverneur romain voit bien que Jésus ne vise pas un royaume terrestre avançant par la force des armes, et voudrait donc le relâcher. Mais les dignitaires religieux excitent la foule pour qu’elle réclame son exécution. Craignant une émeute qu’il ne pourrait réprimer que dans un bain de sang, Ponce Pilate condamne Jésus à la mort par crucifixion, en se lavant les mains pour se distancer de la décision. Jalousies et politique conduisent ainsi à l’exécution de Jésus.
Une vie donnée, et non prise
Pourtant, derrière ces raisons politico-religieuses, une autre réalité transparaît. Jésus enseignait qu’il était venu « donner sa vie en rançon pour beaucoup de gens », que personne ne lui prenait sa vie mais qu’il la donnait de lui-même. En Jésus, les chrétiens reconnaissent Dieu venu se mettre à la place du coupable, endosser le rejet et l’injustice, manifester son amour jusqu’à donner sa vie. La mort de Jésus est alors source d’une espérance pour tous. Celui souffre ou qui est victime de l’injustice voit Dieu partager son sort. Celui qui se sent coupable a la possibilité d’être racheté par Jésus, d’être pardonné en vue d’une nouvelle vie. Si la mort de Jésus se comprend dans le contexte de l’époque, son sens vaut pour toutes les époques.