L’étude d’un accident de la Patrouille Suisse survenu en 2016 a soulevé le manque d’une culture de l’erreur. Une telle culture signifie que celui qui commet une erreur, comme une infraction à des règles de sécurité, peut l’annoncer immédiatement sans craindre d’être sanctionné. Ce protocole permet d’identifier les erreurs courantes et de travailler à les éviter ou à les pallier.
A l’inverse, un fonctionnement où toute erreur fait l’objet de sanction conduit à garder les impairs sous le tapis, sans rien en apprendre. La culture de l’erreur est reconnue comme améliorant le fonctionnement et la sécurité des domaines où elle s’applique. Elle est particulièrement importante dans les domaines de haute sécurité, comme le milieu médical, le nucléaire ou l’aviation.
Le principe a un long pedigree puisque, bien des siècles avant notre ère, le livre des Proverbes dans la Bible déclarait déjà : « Rien ne réussit à celui qui cache ses fautes, mais celui qui les avoue et y renonce est pardonné ».
Un principe voulu par Dieu
L’idéal de la culture de l’erreur gagne du reste à être appliqué au-delà des domaines techniques et sécuritaires. Ainsi, dans le domaine politique, on gagnerait à ce que nos édiles abandonnent l’attitude où toute allégation de mauvais comportement est niée jusqu’à ce que les preuves deviennent indéniables. Un dirigeant qui reconnaîtrait ses torts et donnerait des signes crédibles d’en revenir inspirerait davantage confiance que les spécialistes du « damage control ».
Et, individuellement, nous commettons tous des fautes et des impairs, que ce soit dans les relations amicales, familiales ou conjugales. Des relations saines passent par la possibilité et l’habitude de reconnaître ses torts, sans craindre de perdre toute relation. Mais le principe est toujours porteur d’une tension. N’est-il pas trop facile d’échapper à la sanction par l’aveu ? Ne risque-t-on pas de donner un blanc-seing pour mal agir ? Le mal ne mérite-t-il pas sanction ?
La foi chrétienne offre un regard particulier sur ces questions. Dans le récit chrétien, les mauvaises actions méritent intrinsèquement une sanction, et personne ne pourrait être trouvé innocent devant le tribunal de Dieu. Mais dans son amour, Dieu a le désir de pardonner les coupables. Il vient alors lui-même en la personne de Jésus-Christ. A Pâques il meurt sur une croix d’une mort ignominieuse, en prenant sur lui la sanction méritée par les fautes de l’humanité. Alors le pardon est ouvert pour celui qui se détourne de ses fautes, mais la gravité du mal est reconnue, puisqu’elle a tout coûté à Dieu. Se reconnaître pardonné par Dieu encourage à faire preuve de la même grâce envers ceux qui nous ont fait du tort.
Reconnaître ses torts, changer et pardonner est profitable pour tous, indépendamment des convictions. Mais dans l’optique chrétienne, ces attitudes sont naturelles et découlent de qui Dieu est et de ce qu’il a fait. L’héritage chrétien offre un fondement pour une culture de l’erreur bien vécue, mais il vaut la peine d’y voir plus qu’un héritage !