Environ 3'000 personnes sont descendues dans les rues de la capitale pakistanaise lundi 28 mars. Ils ont réclamé la mort d’Asia Bibi, une chrétienne emprisonnée depuis 2009 pour avoir violé la loi anti-blasphème du Pakistan. Avant tout, ils manifestaient pour exiger l’élévation au rang de martyr d’un homme pendu il y a un mois pour avoir assassiné une personnalité politique favorable à une révision de cette loi très controversée. Car au Pakistan, insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort, et brûler, voire déchirer un verset du Coran, de la prison à vie.
Islamisation du pays
La loi anti-blasphème du Pakistan est à l’origine un héritage des Britanniques qui voulaient garantir la paix religieuse entre les musulmans sunnites majoritaires et les quelque 3 millions de chrétiens, mais aussi les 7 millions d’hindous et les 300'000 sikhs ; sans oublier les ahmadis, des musulmans minoritaires qui sont l’objet de persécutions régulières. Il s’agissait donc de défendre toutes les personnes, quelle que soit leur religion. Mais les islamistes radicaux l’utilisent aujourd’hui en vue d’une islamisation du pays.
Ecoles coraniques à l’index
Pour Raymond Favre, porte-parole de l’ONG Portes ouvertes à Romanel-sur-Lausanne, les talibans pakistanais qui ont ensanglanté le dimanche de Pâques à Lahore sont le fruit des écoles coraniques qui gagnent en importance dans le pays. Ils provoquent selon lui une « talibanisation » de la société pakistanaise.
Concrètement, cela se traduit par des menaces de mort constantes contre des chrétiens ; des passages à tabac qui sont monnaie courante et des cas de vandalisme contre des églises qui sont signalés chaque mois. Le journal français Le Figaro titrait lundi 28 mars que le Pakistan était face à des islamistes qu’il ne contrôle plus. Les talibans pakistanais ont d’ailleurs déclaré préparer de nouvelles attaques, y compris contre des établissements scolaires.
Gabrielle Desarzens