L’automne dernier, les éditions Clé à Lyon ont publié Noël caché. La vérité surprenante de la naissance du Christ (1), la traduction d’un livre du pasteur presbytérien américain Timothy Keller. Dans la même veine apologétique que des ouvrages comme Les idoles du cœur (2) ou La raison est pour Dieu (3), cet auteur déploie en 8 chapitres et de manière très accessible le sens chrétien de Noël. Loin de larmoyer sur la perte du sens de la fête, ce pasteur new-yorkais se réjouit de ce qu’à chaque Noël « notre société sécularisée et l’Eglise chrétienne ont, dans une certaine mesure, les pensées tournées dans la même direction » (p. 10). Une occasion unique de rendre les vérités fondamentales de Noël et de l’Evangile accessibles à une partie de la population.
« Chacun des chapitres est composé d’au moins 10 messages ou méditations donnés ou reçus lors des cultes de Noël sur plusieurs dizaines d’années », confie Timothy Keller à la fin de l’ouvrage (p. 133-134). C’est ainsi qu’il examine les grands thèmes de Noël comme : l’espérance, le don, l’incarnation, le souci des pauvres… Avec à chaque fois le revers moins clinquant de la médaille, souvent laissé de côté par les prédicateurs d’aujourd’hui.
Une lumière venue d’ailleurs pour habiter la nuit de notre autojustification
Dans son premier chapitre, Timothy Keller traite du thème de la lumière qui brille dans la nuit (Esaïe 9.1, 4-6). Cette lumière venue d’ailleurs illumine notre obscurité et y fait naître l’espérance. « Jésus est la Lumière divine sur le monde, parce qu’il apporte une nouvelle vie qui prend la place de notre mort intérieure, parce qu’il nous montre la vérité qui guérit notre cécité spirituelle, et parce qu’il est la beauté qui nous affranchit de nos addictions à l’argent, au sexe et au pouvoir » (p. 20). En accord avec ce qu’il conseille aux prédicateurs dans son livre Une Eglise centrée sur l’Evangile (4), il termine cette « prédication » en relevant qu’il est impossible d’appréhender le sens de Noël sans reconnaître son incapacité à se sauver soi-même et sans être au bénéfice de la lumière de la grâce, venue éclairer notre vie.
Une généalogie pour dire que tous ont leur place dans la famille de Jésus
Dans le deuxième chapitre intitulé « Les mères de Jésus », Timothy Keller souligne le souci « historique » de la généalogie de Jésus. L’évangile de Matthieu (1.1, 3, 5, 6, 16, 17) n’est pas un conte ou une fable, il est réel. Matthieu raconte ce que Dieu fait dans la réalité de notre histoire. Certes, Noël n’en est que le début ! L’histoire de l’enfant se poursuit avec son ministère, la croix et la résurrection ; et « Noël nous montre pourquoi le christianisme n’est pas un bon conseil. Il est une bonne nouvelle » (p. 29).
Timothy Keller souligne aussi que la généalogie de Matthieu mentionne 5 femmes qui rappellent aux connaisseurs du monde biblique des épisodes particulièrement sordides, marqués par l’inceste, la prostitution, l’adultère, le meurtre… Cette généalogie souligne que le salut de Dieu s’adresse à tous : « Ceux qui sont exclus pour cause de leur culture, mis au ban de la société, ou même exclus par la loi de Dieu peuvent rejoindre la famille de Jésus » (p. 35).
Jésus est Dieu : une affirmation concrète !
Après « Les mères de Jésus », l’auteur de Noël caché examine « Les pères de Jésus » (Matthieu 1.18-23). Tout en mettant en avant la paternité indirecte de Joseph, Timothy Keller souligne que « Jésus n’est pas un merveilleux professeur, ou même une sorte de créature céleste, mais Dieu lui-même » (p. 44). Pour que des juifs comme Matthieu, Jean, Paul ou Pierre parviennent à une telle conviction, il a fallu que leur judaïsme soit bouleversé de fond en comble. « Jésus-Christ, par sa vie, par ses affirmations, et par sa résurrection, a convaincu ses plus proches disciples juifs qu’il… était Dieu lui-même venu à notre rencontre » (p. 45).
Beaucoup de gens, y compris des chrétiens, ne prennent pas la mesure d’une telle affirmation. Pour Timothy Keller, intégrer le fait que Jésus est Dieu dans sa vie entraîne un tournant radical qui ouvre à une espérance immense sur l’éternité. Dieu devenu homme en Jésus fait de l’incarnation un événement qui « divise l’univers, change le cours de l’histoire, transforme les vies et bouscule les paradigmes » (p. 50). Au nombre des changements que Jésus apporte, il y a la valorisation du service, lui qui s’est dépouillé de la gloire divine, un infini réconfort dans la souffrance, lui qui l’a partagée avec nous, une relation personnelle avec lui-même, lui qui s’est rendu proche…
Un livre pour donner du coffre à son Noël
Noël caché est vraiment un livre bienvenu pour toutes les personnes qui souhaitent, à l’approche de Noël, redonner de la profondeur à leur perception de la fête. Il permet également aux prédicateurs en mal d’inspiration de s’approprier de manière fraîche et pertinente l’extraordinaire message de la fête : Dieu nous visite lui-même au travers de la venue de Jésus, il embrasse notre condition humaine pour y inscrire la réconciliation avec le Père par la croix. Proclamer cela durant le temps de l’Avent, à Noël et les dimanches qui suivent, permet de centrer sa communauté sur l’essentiel : la Bonne Nouvelle de l’Evangile.
Serge Carrel