Alors que certains responsables de la FREE pensent que nos Églises doivent se préparer à un engagement social accru, le Réseau évangélique suisse (RES) vient de se doter d’un nouveau Groupe de travail consacré à la générosité. Ses responsables désirent aider les chrétiennes et les chrétiens à intégrer dans leur mode de vie une générosité qui s’exprime de plusieurs manières : les dons financiers, bien sûr, mais aussi toutes sortes d’engagements bénévoles. « En Suisse, un ménage donne en moyenne près de 30 francs par mois à des organisations privées. Et plus de 600 millions d'heures de bénévolat sont effectuées chaque année », rappelle un communiqué du RES.
Vivre – Comment le « Groupe de travail générosité » a-t-il vu le jour ?
Stéphane Klopfenstein – L’initiative est venue de la Schweizerische Evangelische Allianz (SEA), la section suisse alémanique de l’Alliance évangélique, alors que le Réseau évangélique suisse (RES) forme la partie suisse romande de cette organisation. Les alémaniques ont partagé leurs souhaits et leur besoin de créer un tel Groupe de travail. Ils ont demandé s’il serait possible d’en faire un groupe national, porté par le comité national SEA-RES, regroupant la direction de la SEA et celle du RES.
Du côté du RES, nous avons déjà un Groupe de travail, nommé « GT Finances et intendance », qui poursuit des buts assez proches. C’est la raison pour laquelle le besoin s’est manifesté plus fortement du côté alémanique. Mais nous soutenons très volontiers cette démarche.
Ce nouveau Groupe de travail se veut clairement complémentaire de ce que nous avons déjà au RES. Il est davantage axé sur le développement d’une culture de la générosité, et moins sur la recherche de soutiens financiers. L’enjeu est indirect, puisque c’est essentiellement de la générosité des gens que vivent nos Églises et organisations. Et nous savons que les finances influencent grandement les décisions, même si nous peinons parfois à l’admettre clairement.
À quoi ce groupe sert-il ?
Le but premier du Groupe de travail est de développer une culture de la générosité, basée sur des valeurs chrétiennes, en invitant les gens à intégrer ce comportement dans leur quotidien. Quand on parle de générosité, cela touche la question financière, certes, mais pas seulement. La générosité se manifeste aussi, par exemple, dans le temps donné pour des actions sociales ou l’accompagnement de personnes qui grandissent dans la foi.
Le nouveau groupe de travail poursuit également d'autres objectifs, notamment la mise en place de collaborations stratégiques entre grands et petits donateurs, afin d'agir ensemble pour le bien commun, ainsi que l'intégration de la générosité dans les réseaux chrétiens existants, afin de répondre de manière coordonnée aux besoins sociaux locaux.
Que proposez-vous, concrètement, aux Églises, grâce à ce groupe ?
La première chose que ce Groupe de travail va entreprendre, c’est l’organisation de « Voyages de la générosité » (« Journey of Generosity »). Un tel « voyage » est un séminaire interactif qui sensibilise les participants à l'importance, à la joie et à la liberté d'un mode de vie généreux. Ceux-là doivent pouvoir explorer leur propre conception de la générosité et découvrir comment mettre en pratique le message chrétien de générosité dans leur vie ; et ce, sans appels aux dons, ni promotion de projets.
Le séminaire peut être déployé sur une journée, un week-end, ou réparti sur quatre semaines. De tels séminaires existent depuis plusieurs années en Suisse, mais ils étaient avant tout destinés à regrouper des personnes qui avaient des moyens réels de soutenir des projets. Avec ce Groupe de travail, ces séminaires s’adresseront à un public plus large ; par exemple à des Églises qui souhaite simplement développer la culture de la générosité parmi leurs membres.
Qui sont Peter Wilburg et Ruben Meier, les responsables de ce groupe ?
Peter Wilburg est, entre autres, directeur de l’organisation Wycliffe Suisse. Par le moyen du « Groupe de travail générosité », il souhaite mettre ses compétences et son expérience au service des chrétiens évangéliques de Suisse. Ruben Meier, que je ne connais pas encore personnellement, travaille comme CIO dans l’entreprise Intersport Schweiz AG. Il souhaite mettre son expérience de manager au service de ce Groupe de travail.
Ce « Groupe de travail générosité » ne fait-il pas un peu « Bisounours », dans notre monde égoïste et violent ?
Je ne le pense pas. Avec ce Groupe de travail, il ne s’agit pas de jouer aux gentils chrétiens, mais véritablement d’apprendre comment pratiquer la générosité. Le sujet de l’argent mérite d’être abordé dans nos Églises et dans nos œuvres. Nous avons toutes et tous besoin de moyens pour fonctionner et développer nos missions. Et nous sommes parfois empruntés, voir gênés d’en parler, en particulier en Suisse qui, pourtant, est un pays riche.
Existe-t-il une spécificité chrétienne, une injonction théologique particulière, en matière de générosité ?
Le « Groupe de travail générosité » se base sur des principes tels que l’invitation à « donner avec joie » que nous trouvons dans le Nouveau Testament. Il s’agit donc de donner de manière libre, selon son cœur. Je pense, par exemple, à la veuve qui a mis quelques sous dans le tronc, et que Jésus a vue (Marc 12.41-44). Elle a donné très peu, mais elle a été très généreuse.
La spécificité chrétienne, dans la culture de la générosité, n’est donc pas de donner beaucoup, mais de donner selon ses convictions. Il s’agit également de se réjouir de pouvoir participer au financement d'Églises d’œuvres, ainsi qu’à des projets permettant le rayonnement du Royaume de Dieu sur terre.
Propos recueillis par Claude-Alain Baehler
Site du « Groupe de travail générosité » (pour l’heure qu’en allemand) : www.generosity.ch
Site du réseau évangélique suisse (RES) : www.evangeliques.ch