L’épidémie de Covid-19 ainsi que les mesures de protection en vigueur posent de gros problèmes aux Eglises et œuvres évangéliques qui organisent des camps d’enfants. Ainsi, par exemple, la Fondation Le Grain de blé supprime les camps de l’été 2020, la Ligue pour la lecture de la Bible (LLB) les maintient en partie, les KidsGames laissent aux régions le soin de maintenir ou non les rencontres sportives.
« Bien que le Conseil fédéral ait autorisé les camps de vacances, les concepts de protection actuels de la branche qui doivent être mis en place pour assurer la protection des enfants et des encadrants ne nous paraissent pas être sereinement réalisables dans un camp, souligne Patrick Gasser, le directeur du Grain de blé. C'est une décision difficile et triste que nous avons prise. »
Pour pouvoir maintenir leurs camps cet été, les organisations doivent établir des plans de protection adaptés à leur situation. Ceux-ci doivent respecter les ordonnances de la Confédération ainsi que, en ce qui concerne le canton de Vaud, le document intitulé « Covid-19 : concept de protection » édicté par le Groupe de liaison des activités de jeunesse (GLAJ).
Des mesures de protection contraignantes
La Ligue pour la lecture de la Bible a établi un « Plan de protection Covid-19 » qui détaille, sur six pages A4, les mesures supplémentaires à appliquer dans les camps. Celles-ci concernent, entre autres, la protection des campeurs et des équipes d’encadrement, les mesures d’hygiène et de désinfection des locaux, la préparation et le déroulement des repas, l’utilisation du matériel, les restrictions de transports et de déplacements, l’utilisation des sanitaires, les contacts avec les parents en début et en fin de camp, sans oublier les mesures à prendre en cas de suspicion de cas de Covid-19.
De telles mesures ont l’avantage de minimiser les risques de contamination, mais elles sont si contraignantes qu’elles rendent l’organisation de certains camps impossible. Parfois, les locaux ne conviennent pas, parfois ce sont les activités de camps, parfois les équipes d’encadrement avec des personnes « à risque », sans oublier des coûts supplémentaires non négligeables. Par exemple, les adultes ne pourront pas manger aux mêmes tables que les enfants. Chanter, organiser des activités cuisine ou participer à la fête du village sera impossible.
Ces contraintes multiples expliquent pourquoi certaines organisations ont choisi de renoncer à mettre sur pied leurs camps, alors que d’autres arrivent à maintenir une partie d’entre eux. A la Ligue pour la lecture de la Bible, Michel Siegrist se réjouit : « Nous sommes sous une avalanche d’inscriptions. La crainte du Covid-19 ne semble pas retenir les parents ».
Rigueur et souplesse
Une autre difficulté, dans la gestion des camps d’été, est due à une certaine « variabilité » des consignes imposées par les autorités. « L’administration fédérale nous dit que nous avons le droit d’organiser des camps dans des lieux d’hébergement, explique Michel Siegrist, le directeur de la LLB. L’administration cantonale nous dit que, dans des lieux d’hébergement, un même groupe n’a pas besoin de respecter les deux mètres de distanciation. Mais, en ce qui concerne les camps, cette même administration nous dit qu’un groupe, dans un lieu d’hébergement, doit respecter la règle des deux mètres, en tout cas en ce qui concerne les adultes. »
Cet été, les équipes d’encadrement vont donc devoir appliquer les mesures de protection avec rigueur, mais suffisamment de naturel pour ne pas transformer les camps en service militaire. « Les enfants ne sont pas à leur première expérience de contraintes strictes appliquées souplement, fait remarquer Michel Siegrist. Leur vie familiale, scolaire et ludique a déjà été impactée. Ils ont l’habitude, il s’adaptent plus vite que nous. »
Comme la crise sanitaire pourrait durer ou revenir, les organisations qui proposent des camps vont devoir s’adapter. « Nous aurons besoin de gestionnaires capables de gérer cela, y compris une probable baisse des dons, explique Patrick Gasser. Nous préparons donc un plan de crise sur deux ans. Il s’agit d’être encore là dans deux ans ! »
Claude-Alain Baehler, rédacteur responsable de Vivre