Dimanche dernier, nombre d’Eglises ou de paroisses réformées et catholiques ont rouvert leurs lieux de culte. Du côté des Eglises de la FREE, seules deux parmi la cinquantaine d’Eglises réparties sur toute la Suisse romande ont fait le saut du déconfinement. C’est ce que révèle notamment la discussion-débat Zoom du mardi 2 juin, organisée par lafree.info. L’Eglise évangélique de Cologny (GE) et celle de Gimel (VD) ont rouvert leurs portes à une assistance peu nombreuse à cause des mesures préconisées par le Plan de protection des Eglises évangéliques, mis en place par le Réseau évangélique suisse.
« 17 personnes ont participé au culte, explique la pasteure Virginie Moret de l’Eglise évangélique de Cologny, sachant que la grande majorité des membres de l’Eglise dits « vulnérables » sont restés chez eux et ont regardé le culte en streaming. » Ce petit nombre de personnes s’explique aussi par le fait qu’un tiers de la communauté habite en France et que les frontières ne sont pas encore vraiment ouvertes avec ce pays voisin. « Globalement, le culte s’est bien déroulé. Dans un climat méditatif et dans la joie de se retrouver. » Le culte de ce dimanche où la pasteure Virginie Moret prêchait était diffusé à la fois sur Youtube et via Zoom. Ces modes de transmission devraient continuer à être disponibles ces prochaines semaines. L’un des défis importants qui s’annonce pour la pasteure de l’Eglise évangélique de Cologny, c’est d’arriver à garder le contact avec tous les membres de l’Eglise, et tout spécialement avec ceux qui ne fréquentent ni le culte en présentiel, ni les propositions online.
Le plein air une solution pour rassembler tout le monde
Pasteur dans l’Eglise évangélique Mosaïque à Sion (Chrischona), Matthias Radloff s’est signalé dans les médias, tant romands qu’alémaniques, par la mise en place le 26 avril d’un culte drive-in sur un parking public de Sion. Interdits après coup par la police, ces cultes drive-in ont pu reprendre dimanche dernier, cette fois sur le parking privé d’un supermarché de la capitale valaisanne. « Bilan très positif, explique Matthias Radloff. Ce culte drive-in nous a permis de rassembler tous ceux qui souhaitaient se déplacer, soit plus d’une vingtaine de personnes, dans un contexte sanitaire où notre salle ne peut accueillir qu’une douzaine de personnes. » Vu que les participants se retrouvaient en plein air et qu’il était facile de maintenir une distance physique de deux mètres entre eux, ils ont pu chanter sous la conduite d’un guitariste et de la conductrice de la louange. « Avec la possibilité encore d’échanger des nouvelles à la fin du culte, il y avait, selon le pasteur Radloff, tous les éléments nécessaires à un culte, hormis la célébration de la sainte cène. » Au vu de cette expérience, le pasteur de Sion considère que la formule des cultes drive-in ou en plein air pourrait constituer une alternative intéressante pour toutes les Eglises qui regrettent de devoir réduire de moitié ou davantage l’assistance à leur culte dominical.
Pas de précipitation !
Dans cette discussion-débat Zoom, plusieurs pasteurs de la FREE ont expliqué ce qui les avait retenus pour relancer des cultes en présentiel dès le dimanche de la Pentecôte. Pour Didier Suter, pasteur dans l’Eglise évangélique L’Abri à La Neuveville, il a paru difficile de réaménager rapidement un lieu de culte transformé en quasi-studio de TV. « On avait énormément de matériel et c’était difficile de modifier le tout rapidement ! » La seconde raison, la principale selon ce pasteur, résidait dans une interrogation de fond des responsables de cette Eglise sur la manière de recommencer les cultes du dimanche, alors que les contraintes sont fortes : ni chant d’ensemble, ni cène, restriction forte du nombre de participants… L’Eglise évangélique L’Abri envisage aussi, vu le nombre limité de places dans les locaux de l’Eglise, de développer la transmission des cultes online dans des groupes de quartier. « On aimerait encourager au travers de ces diffusions le développement des groupes de maison dans notre Eglise. Nous envisageons de proposer des inputs sous forme de capsules vidéos et d’encourager ensuite des temps de partage entre les gens via des questions que nous mettrions à leur disposition. »
David Hoehn, pasteur de l’Eglise évangélique libre de la Côte-aux-Fées dans le Jura neuchâtelois, explique de son côté que l’avancement par le Conseil fédéral de la possibilité d’ouvrir à nouveau les célébrations religieuses a surpris les responsables de cette communauté. Pour eux, il s’agissait de ne pas se précipiter. Le dimanche 7 juin, cette Eglise devrait reprendre ses cultes non dans ses propres locaux, mais dans le temple réformé du village, peu utilisé et beaucoup plus vaste que les locaux habituels de cette communauté évangélique. « Nous avons aussi évoqué la possibilité d’organiser des cultes en plein air, complète David Hoehn. Nous n’avons pas de grands parkings, mais des pâturages ou d’autres endroits magnifiques qui se prêtent à des cultes à l’air libre. »
Gland : la louange avec des masques
Sur la Côte vaudoise, le Gospel Center de la région n’a pas non plus repris ses cultes en présentiel. Christophe Reichenbach, son pasteur, envisage de remettre les choses en route le 14 juin, comme il en avait été question dans une premier temps selon la communication du Conseil fédéral. « Nous avons décidé de maintenir cette date, explique Christophe Reichenbach, c’était plus simple pour l’organisation de pouvoir faire comme cela. » Cette nouvelle Eglise a décidé de maintenir ses temps de louange habituels et de faire en sorte que tous les participants portent un masque. « On ne s’imaginait pas trop fredonner… Chez nous les gens ont de la peine à rester assis durant la louange. Nous avons le coeur qui est connecté à la bouche et au corps ! » a-t-il encore lancé.
« Je ne suis pas vraiment surpris par le peu d’Eglises qui ont repris leur culte en présentiel a commenté Philippe Thueler, secrétaire général de la FREE, lors de la discussion-débat Zoom. Beaucoup d’Eglises se sont organisées pour une reprise soit le 14, soit même le 21 juin, suite à la première communication du Conseil fédéral. Au vu de la quantité de travail que demande la mise en place du plan de protection des Eglises évangéliques, beaucoup ont souhaité s’en tenir à ce qui avait été prévu dans un premier temps. Certaines Eglises souhaitent aussi donner du temps à leurs membres pour se faire à l’idée du déconfinement. »
Serge Carrel