« Tu achèteras ! » Ce slogan sonne comme un onzième commandement biblique. Il coiffe cinq chroniques radio qui analysent les liens qui existent entre la consommation quotidienne des gens et le champ religieux.
Face à la publicité affichée en ville ou qui tourne en boucle sur les écrans télévisés, le quidam est en effet invité à goûter du chocolat à l’image d’une communion… ou à faire « craquer » les anges en se parfumant. « En jouant sur les sept péchés capitaux ou en brisant des tabous, la publicité entre forcément dans l’univers du champ religieux », commente François Dermange, professeur d’éthique à l’Université de Genève.
Rupture du christianisme
S’il passe au crible le vocabulaire qui joue sur la fibre spirituelle, « et qui marque par conséquent les sentiments profonds de l’individu », François Dermange intervient aussi à propos du cadeau, pris en otage aujourd’hui par la consommation. « La dimension commerciale de Noël date de la moitié du XIXe siècle, surtout depuis la naissance des grands magasins », souligne à ce propos Martyne Perrot, sociologue au Centre national de recherche scientifique (CNRS) à Paris. Du point de vue religieux, « le don entre dans la même structure anthropologique de base de toutes les relations humaines », lui fait écho François Dermange. « Sauf qu’elle étend à Dieu ce qui vaut dans les relations humaines : c’est-à-dire qu’on donne à Dieu pour qu’il nous donne en retour. »
Le christianisme est toutefois en rupture avec cette logique alors que Dieu donne gratuitement, souligne-t-il. Le chrétien, n’est-il pas invité à faire de même ?
Rites quasi religieux
Aux rayons de l’alimentation, de nouvelles façons de se nourrir comme le veganisme s’apparentent quasiment à des rites religieux. « On pourrait dire que ces habitudes alimentaires correspondent à de nouvelles formes de spiritualité qui seraient plus écologiques », commente le professeur Olivier Bauer, qui enseigne à Montréal et qui a notamment travaillé sur la valeur spirituelle de la nourriture.
Le recours aux médecines douces comme l’homéopathie comprend aussi un ferment de croyance. « Avec la mobilité croissante s’est accru la circulation des modèles thérapeutiques au niveau planétaire », déclare à ce propos Ilario Rossi, sociologue et anthropologue à Lausanne. Remplacent-ils pour autant ou façonnent-ils les manières de croire de l’Occidental lambda ?
A chaque fois, les thèmes abordés donnent à réfléchir et interrogent l’auditeur sur ses propres convictions.
Gabrielle Desarzens
Signées par Gabrielle Desarzens, ces chroniques sont à écouter tous les jours du 22 au 26 décembre après les informations de 9h sur RTS La Première.