Laos: le SFE a fêté ses 20 ans

Silvain Dupertuis vendredi 07 septembre 2018

Historiquement, le Laos est un pays cher aux Eglises de la FREE. Voilà près de 120 ans que des Suisses et d’autres sont actifs sur place. Les 25 et 26 août, le SFE, l’ONG humanitaire qui travaille sur place, fêtait ses 20 ans. L’occasion pour Silvain Dupertuis de dresser un bilan des activités humanitaires de cette ONG, commune aux Eglises mennonites de France et de la FREE, dans ce pays d’Asie du Sud-Est.

Plus de 100 personnes (enfants compris) étaient rassemblés à Lucelle, les 25-26 août derniers, pour fêter le vingtième anniversaire du Service Fraternel d’Entraide, une ONG active au Laos. La fête a été belle dans ce petit village situé à la frontière franco-suisse, près de Delémont. Elle a rappelé à quel point ce service est ancré dans une histoire longue de plus d’un siècle, ponctuée de moments forts et de moments difficiles où la fidélité de Dieu a été plus forte que nos découragements. Dernièrement encore, nous avons risqué de fermer un projet en difficulté et trouvé en quelques jours, de manière totalement inattendue, une personne prête à relever le défi et à en prendre la responsabilité.

Des débuts modestes

Le SFE a commencé modestement en 1998 avec un projet médical à Attapeu, une province alors très isolée, tout au sud du Laos. Depuis, le SFE a étendu ses cordages dans les deux provinces voisines, ainsi que dans les domaines du développement communautaire (agriculture, eau et assainissement, hygiène et santé communautaire) et de l’éducation. Il a maintenant une quinzaine d’expatriés venant de Suisse, de France, d’Allemagne, d’Angleterre, des États-Unis et des Philippines, et une quarantaine de collaborateurs laotiens. Une partie des projets est financée par le SME, avec des fonds notamment de la DDC (la Coopération suisse), de Pain pour le Prochain et de la Fedevaco (Association faîtière des ONG vaudoises de développement).

En 20 ans, le Laos a beaucoup évolué, avec le développement des infrastructures, une croissance économique importante, et l’entrée récente dans l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN). Mais les populations rurales, en particulier dans les régions peuplées par des minorités ethniques, restent souvent les laissées-pour-compte de ce développement, quand elles n’en sont pas carrément les victimes, lorsque des villageois perdent leurs terres pour la construction de barrages ou suite à des investissements étrangers…

Des entreprises sociales plutôt que des ONG ?

Les défis actuels d’un service comme le nôtre, au profit des plus pauvres, sont nombreux. Dans les hautes sphères de l’État, certains questionnent la pertinence d’une présence des ONG. Faudrait-il alors se tourner vers des actions de type « business » à vocation sociale ? De nombreux chrétiens, expatriés ou nationaux, se sont lancés dans ce type de service. Il y a une douzaine d’années, Philippe Schmidt, directeur d’alors du SFE, créait déjà son entreprise Mai Savanh Lao à partir du projet soie du SFE. Dans cette même veine, notre ONG a entamé tout récemment des partenariats avec une entreprise à but non lucratif qui fabrique et distribue des filtres à eau. Le SFE appuie aussi le projet de centre de formation professionnelle à Savannakhet, qui se développe sous la forme d’une entreprise locale avec l’appui du SME. Par ailleurs, le SFE est en pleine évolution quant à la transmission de la gestion des projets. C’est un vrai défi de trouver des personnes compétentes et de confiance, et il n’est pas toujours facile pour l’expatrié de trouver sa juste place. Mais c’est une évolution essentielle, car c’est ce qui est transmis à des personnes qui porte des fruits dans la durée.

Suite à la révolution communiste, un autre type de présence

Le SFE est né après de longues années de patience… C’est dans les années 1990 que la nécessité d’une ONG propre pour servir au Laos s’est fait jour. Le Service de missions et d’entraide, qui s’appelait alors Service missionnaire évangélique, visitait régulièrement le Laos depuis la révolution de 1975. Il ne pouvait apporter que des aides ponctuelles, financées par Pain pour le Prochain. Avec l’ouverture progressive du pays – en particulier après la Chute du mur de Berlin en 1989 et le démantèlement du Bloc de l’Est qui s’en est suivi –, il devenait possible et souhaitable d’entrer dans un partenariat en envoyant des collaborateurs sur place. Mais il n’était pas possible de développer une présence sous ce nom. Par ailleurs, la première personne intéressée par un service au Laos était un médecin issu de l’Assemblée mennonite de Montbéliard. C’est ainsi qu’une collaboration étroite s’est mise en place avec le Comité de mission mennonite français, d’où a émergé – après plusieurs années de patience ! – ce nouveau nom de Service Fraternel d’Entraide.

Le SFE ne cache pas son identité chrétienne, mais son action porte sur la coopération au développement, dans un partenariat étroit avec les services publics (hôpitaux, département provincial de l’agriculture, de la santé et de l’éducation, selon les cas). Pour les chrétiens du pays, souvent mal considérés et discriminés, cette présence représente une marque de solidarité très précieuse, et l’assurance que les chrétiens de Suisse, qui avaient autrefois servi au Laos durant trois-quarts de siècle, ne les ont pas oubliés.

Silvain Dupertuis

Le site du SFE.

Le site du SME.

  • Encadré 1:

    Le SFE en 2018

    Le SFE est actif dans les provinces d’Attapeu, Sékong et Saravane, avec quatre projets en cours et un budget d’environ 600 000 € par an. Le SME co-finance le projet hospitalier à Sékong (formation dans le cadre de l’hôpital provincial et des dispensaires qui en dépendent) et le projet de développement communautaire et d’appui au système de santé de Saravane.

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