En cette chaude matinée du 19 août, la route qui s'ouvre sur la Bessonne résonne déjà de cris d'enfants ; plus loin, des bénévoles accueillent, informent, installent, le tout dans une formidable chorégraphie de t-shirts bleus au logo « Chaque enfant compte ». Après la seconde guerre mondiale, Jean André, homme d'affaire prospère, décide d'accueillir en Suisse des enfants allemands en état de pauvreté extrême. Ce sera le premier pas vers un formidable souffle international qui va permettre à des millions d'enfants d'entendre parler de l'Evangile. Au programme des festivités : se rappeler les prémices de cette fondation pour mieux expliquer le présent et se projeter efficacement vers l'avenir. L'émotion est palpable face à ces vies transformées par la rencontre avec Jésus-Christ.
Rachid: de l'enfant transformé à l'adulte engagé
Nous sommes en 1966, en Belgique. Rachid a 8 ans et pour la première fois, il se rend au « Club de la Bonne Nouvelle » tenu par André Richir, le beau-fils du fondateur Jean André. « Ce club était un lieu de libération pour moi, cela me faisait sortir de mon milieu familial compliqué », explique Rachid. Il fréquente également la Maison Jura-Rosaly grâce aux camps organisés par la fondation, ce qui lui permet d'entendre la Bonne Nouvelle en profondeur .
Sa période « d'éloignement » par rapport à la foi ne l'emporte pas sur ce qui a été semé enfant ; en 1980, Rachid quitte la Belgique avec en poche une seule adresse : celle de sa dernière monitrice à Jura- Rosaly. Il arrive sans prévenir dans le sud de la France, et lorsque la porte s'ouvre, c'est le début d'une nouvelle vie.
Il renoue ensuite avec André Richir, puis suivra des cours bibliques à Genève et devient aide-moniteur pour Le Grain de Blé, qui accueille des enfants libanais. Lors de ce camp, c'est un de ces enfants qui lui fait promettre de venir le voir sur place, au Liban. Et pour tenir cette promesse, Rachid accepte de partir. Pendant 18 mois il va s'engager sur place parmi les enfants, collaborant petit à petit avec une équipe pour faire émerger une nouvelle antenne de la fondation : Grain de Blé Beyrouth. Aujourd'hui, il assiste avec joie à l'anniversaire de cette fondation qui, alors qu'il n'était qu'un enfant, a planté une toute petite graine, modifiant ainsi le cours de sa vie.
Héron, touché par l'amour des moniteurs
Venu d'Échallens, Héron (12 ans) entend parler des camps de Grain de Blé par des amis dans une période où son quotidien est très difficile. « Lors d'un de ces camps, j'ai senti pour la première fois que je m'approchais vraiment de Dieu. Je me suis senti aimé par ces moniteurs qui ne sont même pas payés pour être avec nous », partage le pré-adolescent.
Un jour, alors qu'un des moniteurs explique aux enfants qu'ils peuvent se tourner vers Dieu quelque soit le problème, le déclic se fait dans l'esprit de Héron. « C'est resté dans ma tête et depuis je le fais à chaque fois que j'en ai besoin. »
Alors qu'il partage sa certitude que les enfants d'aujourd'hui se souviendront de ce qui leur a été enseigné, la joie et la détermination de Héron conduisent naturellement à cette question : « Et toi ? Seras-tu un jour moniteur ? ». Au « Oui » très clair qui sort de la bouche du pré-ado, s'ensuit une jolie remarque qui résume parfaitement le travail effectué par Le Grain de Blé depuis 75 ans : « si ça m'a touché alors que je vivais des difficultés, alors je suis sûr que moi aussi, plus tard, je pourrais aider d'autres enfants ».
Grâce à cette petite graine de blé plantée dans des cœurs d'enfants , des milliers d'autres ont poussé. Aujourd'hui, ce sont plus de trente pays qui coordonnent leurs efforts pour réussir l'exploit de rejoindre plus de 1.800.000 enfants par année. Alors la fête résonne, dans cette Bessonne qui se tient là, droite, fixant paisiblement ce paysage enchanteur qui s'offre à tous. Fière d'abriter, une fois encore, les fruits de ces grains de blé, semés aux quatre coins du monde.