En filmant un acrobate amateur sur une sangle élastique (slackline), nous avons eu l’idée de réaliser un clip pour parler de la manière de devenir chrétien et de le rester. Il s’intitule : « En équilibre entre conversion et sanctification » et nous aimerions vous proposer une réflexion sur la meilleure manière de l’utiliser.
Le Christ nous a laissé des images
Première indication et cela vaut pour toute intégration d’un clip vidéo dans un culte ! Sachez que l’image et la vidéo ont tendance à « manger » tout le reste. Il y a de fortes chances que pendant la prédication que vous allez apporter, votre auditeur va penser au clip qu’il a vu. Le lundi, il se pourrait aussi qu’il ne se rappelle que du clip et non pas de votre belle prédication pleine de citations de grands et de petits écrivains. Ce n’est pas « pour des prunes » que la Bible est plutôt méfiante vis-à-vis des images ! Elles ont plus de forces que les paroles, même celles qu’on distille au nom du Christ. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! Si Jésus avait été évangélique, tout droit sorti de nos instituts de formation académiques, il aurait laissé un discours à lire tous les dimanches… En fait non, il nous a laissé des « images » à manger et à boire, notamment celles de la sainte cène.
Limites de l’exploitation d’un clip vidéo dans un culte
Nous ne sommes plus dans cette époque culturelle où le texte et le discours étaient dominants et où on utilisait l’image comme illustration. C’est souvent ce qui se vit avec nos projections Powerpoint pendant un message. On met des images pour agrémenter. Si vous enlevez les images, votre texte projeté se comprend parfaitement. Si vous enlevez le texte, vos images ne veulent plus rien dire. Donc du point de vue didactique, elles sont superflues ou simplement un ornement. C’est donc le texte qui va structurer votre discours.
Que se passe-t-il si ce sont les images qui prennent le « lead » ? Le veau d’or est un exemple très parlant, mais il y a une autre image qui pourrait nous inspirer pour intégrer un clip dans notre culte. C’est celle du temple de l’Ancien Testament. Le temple, ce n’était pas un bâtiment pour abriter un discours comme chez les protestants classiques où la prédication est centrale. Ce n’était pas non plus une illustration qu’on regardait de l’extérieur, comme si on parcourait un musée. C’était une « image », une représentation, dans laquelle on était appelé à vivre. On assistait, par exemple, par le biais du sacrifice d’un animal, à la mise à mort de son propre péché. On ne pouvait pas s’extraire de cette réalité-là, comme on se sortirait d’un film. Les différents espaces dédiés au public ou spécialement réservés au prêtre comme le Saint des Saints permettaient d’apprendre, par espaces cultuels imposés, la notion de distance avec Dieu.
C’est bien ça la clé de la nouvelle transmission de l’Evangile, mais aussi la clé pour vivre un culte. On l’a un peu compris avec la louange. On s’immerge dans un moment de louange en partageant des émotions et des attitudes. L’important, c’est l’immersion, pas tellement le message formel du cantique. Les cantiques du Réveil du XIXe siècle étaient des messages chantés. Aujourd’hui, la louange est de style Hillsong, JEM... C’est plutôt l’ambiance musicale qui prédomine. Sauf qu’on est encore dans ce doux mélange qui satisfait de moins en moins, entre chants à textes et musiques modernes.
L’intégration d’un clip vidéo dans un culte
Comme le clip vidéo a tendance à « dévorer » le reste d’un culte, il ne faut pas l’utiliser comme complément, ou comme illustration, mais comme support principal. Le clip doit donner le la à tout le culte. Ce qui veut dire qu’il faut discerner quel est le thème principal du clip. Un peu comme une fleur avec son pistil, les étamines et sa corolle formée par l’ensemble des pétales.
Le pistil et les étamines, c’est là que les abeilles se nourrissent. Les pétales servent à attirer les abeilles, c’est l'embellissement. C’est ce qui donne la beauté au culte. Parfois on met plus l’accent sur la beauté d’un culte que sur son rôle nourricier. Ceci dit, dans cet espace nourricier, on pourrait mettre, tour à tour, toutes les activités mises dans les « pétales » (dans cette illustration). Ça dépend de l’objectif du culte.
L’intégration d’un clip ressemble à une fleur, le pistil étant le clip et les pétales tout ce qui va se rattacher au pistil. Le moment de louange va reprendre intégralement le thème principal du clip, sous forme de chants. La prédication va partir du pistil et le « servir » sous une forme peut-être plus académique. Mais ne transformez pas votre prédication en un deuxième « pistil », sinon votre « composition floralo-spirituelle » va ressembler à un objet culturel et cultuel digne d’être exposé dans un musée d’art contemporain ! Plus vous augmentez les présentations qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, plus vous brouillez votre culte. Donc, n’utilisez un clip que s’il a un message, « un pistil », très clair et très visible. Sinon contentez-vous d’une approche classique, sans clip.
Henri et Martine Bacher
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