Au rez-de-chaussée, tout est peint en noir. Au premier étage, tout est peint en violet. Les monitrices du culte de l'enfance ont décoré le local dans lequel elles s'apprêtent à accueillir les enfants, afin d'y introduire de la couleur. Elles ont également caché les alignements de bouteilles d'alcools forts derrière des voiles. A l'entrée, la responsable de l'accueil et le videur travaillent côte-à-côte. Le D! Club est fin prêt pour abriter le culte du Gospel Center (FREE) de Lausanne.
Le dimanche soir 10 janvier, cette Eglise tournée vers les « non-Eglisés » a rassemblé près de 200 personnes lors d'un premier culte dans ses nouveaux locaux. Après s'être réunie à Vennes et dans une salle du buffet de la gare de Lausanne, la communauté a été contrainte de déménager. « Nous n'avions aucune envie de rejoindre une banlieue industrielle, précise Marc Gallay, pasteur au Gospel Center. Nous voulions louer un local au centre de Lausanne, là où les gens passent et sortent le soir. » Et ils ont trouvé le D! Club, une salle de concert et discothèque situé au cœur de la ville, dans le quartier du Flon.
Au rez-de-chaussée, le culte commence sur les chapeaux de roues avec un temps de louange musclé. « Au D! Club, ils ont compris qu'on fait de la bonne musique et qu'on touche le même public qu'eux », explique Marc Gallay. Pour ne pas avoir à trop se boucher les oreilles, des personnes plus âgées se sont assises au fond de la salle, loin des haut-parleurs, derrière le bar resté ouvert.
Dans l'eau, plutôt qu'en cale sèche
Peu après, Marc Gallay prend la parole : « Voilà certainement près de 40 ans que je n'ai pas mis les pieds dans une discothèque. Par le passé, j'ai été pasteur dans une chapelle qui comportait une fresque du dernier repas de Jésus à une extrémité et une étagère à cantiques à l'autre extrémité. Ce soir, je prêche avec un bar devant et un bar derrière. » Puis, le pasteur montre, Bible électronique en main, comment il est possible de se frotter à la société tout en restant fidèles à Dieu : « Nous sommes comme des bateaux faits pour naviguer. Mais parfois, par crainte que de l'eau ne rentre dans le bateau, nous préférons rester en cale sèche ».
A la fin du culte, une maman monte rechercher ses enfants au bar transformé en école du dimanche. Elle discute avec une monitrice d'un problème passager d'odeur de fumée : « Je travaille dans un EMS. J'ai un bon truc pour faire disparaître les mauvaises odeurs... » Manifestement, le processus d'adoption des lieux va bon train.