L’aile évangélique des Eglises réformées s’affirme, à Paris comme en Suisse romande

mercredi 20 janvier 2016

Les réformés de sensibilité évangélique bougent. Samedi 16 janvier à Paris, ils ont fondé une association pour « le renouveau de l’Eglise ». Leurs alters egos romands imaginent faire la même chose d’ici 2 à 3 mois. 

L’aile évangélique de l’Eglise Protestante Unie de France (EPUdF) a fondé samedi à Paris l’association « Les Attestants ». Son but : le renouveau ou le réveil de l’Eglise. En Suisse romande, un groupe similaire d’une quarantaine de personnes existe sous le sigle R3 (Rassemblement pour un Renouveau Réformé). « Nous allons fonder officiellement une association en mars ou avril, une fois nos autorités ecclésiales averties. Nous publierons alors un manifeste théologique pour encourager le renouveau », indique à Corsier-sur-Vevey le pasteur réformé Pierre Bader (voir encadré).
A Paris, Gilles Boucomont, pasteur du Temple du Marais, est le fer de lance de la toute nouvelle association des « Attestants ». 

— Est-il correct de dire que le groupe « Les Attestants » s’est constitué en réaction à la Déclaration de l’Eglise protestante de bénir des couples de même sexe ?  C’était l’élément déclencheur ou y a-t-il d’autres points importants de désaccord ?
Historiquement, c’est l’élément déclencheur. Mais la coupe qui était pleine, c’est celle de l’éloignement avec le terreau biblique, le retour de balancier d’une lecture plus distanciée qui est positive, mais qui au bout du compte finit par tout nier, tout contester, tout soupçonner. Ce courant confessant des Attestants croit, à la suite de Martin Bucer, le réformateur de Strasbourg, qu’une Eglise qui veut servir la multitude ne peut le faire qu’à partir de noyaux de confessants, de gens réveillés, dynamiques, prophétiques, ancrés dans l’Ecriture et la prière. 

— Pourquoi ce nom des « Attestants » ?
C’est un jeu de mot sur Protestants-Attestants. En latin ça veut dire la même chose. Mais en français moderne, celui qui proteste, c’est celui qui râle, tandis que celui qui atteste, c’est celui qui offre au monde des convictions qui mènent à la Vie ! Nous voulons attester de l’œuvre du salut faite en Jésus-Christ, et non pas cultiver une identité protestante ancrée dans une Réforme, qui date de bien avant notre naissance.

— Quels sont vos objectifs très concrètement dans les semaines, les mois à venir ?
Planifier un événement pour nous retrouver de façon festive et utile. Penser à des outils de partage de ressources. Faire un vrai travail de collégialité. Définir nos objectifs avec plus de précision sur la base des directions données durant le congrès fondateur. Constituer le conseil d’administration au grand complet de l’association. 

— Avez-vous déjà reçu une réaction de la tête de l’EPUdF ?
Les réactions sont à la fois bonnes et mauvaises, difficiles à décrypter. Les gens se réjouissent et ont peur. Nous verrons. En tout cas ce qui est sûr c’est que l’esprit des Attestants n’est pas de créer de la division (sinon nous aurions quitté l’EPUdF !), mais bien d’ensemencer le champ commun. 

— On parle de vous comme d’une aile conservatrice : qu’en dites-vous ?
Ceux qui parlent d’aile conservatrice ne connaissent pas notre diversité. Il y a parmi nous des conservateurs, forcément, mais aussi des luthériens piétistes, des réformés classiques, des charismatiques, des évangélisateurs créatifs, des adeptes des « Fresh Expressions », etc. Ne garder que le prisme libéral-conservateur pour comprendre la réalité des Eglises de la Réforme, c’est appliquer une grille de lecture des années 1960 à la réalité de la post-modernité, bien plus composite que cela. Les Attestants sont très divers! Ce qui confirme leur authentique protestantisme...

Gabrielle Desarzens

Le site des Attestants.

A lire le commentaire de Serge Carrel: "Bienvenue aux Attestants!"

  • Encadré 1:

    Bientôt la version romande des Attestants

    En Suisse, le partenariat enregistré pour couples de même sexe est en vigueur depuis le 1er janvier 2007. L'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a été la dixième Eglise cantonale à accepter le principe d'un tel rite de bénédiction en 2012. En Suisse romande, les Eglises réformées fribourgeoise et bernoise connaissaient déjà de telles pratiques depuis quelques années. 

    Le Rassemblement pour un Renouveau Réformé ne voulait pas naître de la seule réaction à cette décision. « Plutôt que réagir en 2012, nous avons laissé du temps passer, car on voulait éviter d'être un mouvement 'contre'. Après réflexions, nous avons décidé de constituer une association. Son but est simplement d’être une force de proposition et de soutenir tout ce qui peut incarner le réveil de l’Eglise » souligne Pierre Bader.

     

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