La tournée 2008-2009 de « Gospel pour 100 voix », est une série de concerts à ne manquer sous aucun prétexte ! La musique gospel y est de type contemporain avec quelques incursions dans le rap. Cette méga-chorale, basée en région parisienne, n’hésite pas aussi à reprendre certains standards classiques comme « When The Saints » ou « Oh ! Happy Day » en final... comme pour répondre à un voeu incontournable d’un public peu familier avec la richesse de ce style de musique. Pour être complet, cette chorale nous plonge également dans le répertoire negrospiritual, avec un ou deux chants comme « Josuah fit the Battle of Jericho ». Le tout est revisité et réarrangé à la sauce « Gospel pour 100 voix ».
Un concert qui devient spectacle
Lors de concerts de gospel ordinaire, les chants s’enchaînent avec quelques transitions plus ou moins bien aménagées par l’un des leaders du groupe. Avec « Gospel pour 100 voix », le concert se transforme en spectacle. Linda Lee Hopkins, la directrice artistique, se mue en maître de cérémonie. Elle entre en relation avec le public pour prendre la mesure de son enthousiasme : « Are you here ? » L’invite à battre des mains. A se montrer plus participatif en se levant... Et surtout elle introduit les 5 solistes présents le 30 janvier à Angoulème : 4 Afro-Américains et un Camerounais d’origine, Jio Moussio, qui transforment le concert en véritable show, tant leurs prestations vocales sont diverses et à même de soulever tout public un peu sur la réserve.
Avant d’interpréter « Amazing Grace », Jeane Carpenter, une pasteure pentecôtiste de Virginie, se lance dans une mini-prédication sur Jésus, sauveur du monde. En final l’interpellation en anglais est comme entrecoupée de parler en langue. Avec une voix à la Louis Armstrong, Alex Sanders invite à s’émerveiller des petites choses de la vie et interprète un « What a Wonderful World » d’anthologie. Au travers d’une attitude bonhomme, Derek Martin entre en contact avec le public, sillonne la salle de plus d’un millier de personnes, et l’invite à participer à son interprétation de « Sometime I Feel Like a Motherless Child »...
Un spectacle qui se mue en célébration
Au fil du concert, le spectateur, invité à être plus actif, découvre que ce spectacle est aussi une célébration. La chorale de « Gospel pour 100 voix », très tonique au niveau des gestes et constamment en mouvement, se lâche quelque peu et affiche qu’elle entre dans un temps de louange. Des bras se lèvent, des yeux se ferment, des têtes se relèvent... Manifestement l’heure est à la prière intérieure et à la communion avec Dieu.
Petit à petit, on entre dans un temps de louange qui, par certains côtés, constitue un mixte entre ces instants où une communauté afro-américaine se lâche et laisse place à une exubérance enthousiaste et un temps de louange charismatique particulièrement habité.
Une célébration en temps d’adoration
L’apogée du temps de louange culmine alors dans l’interprétation de ce standard de la louange contemporaine : « Our God is an Awesome God » (« Dieu est un Dieu puissant »). Là, le chrétien a l’impression d’entrer dans une extraordinaire proximité d’avec Dieu, tout en se sentant quelque peu gêné de mettre ce qui devient une authentique expérience spirituelle d’adoration, à la portée du spectateur lambda d’un concert de gospel.
Si vous allez voir un concert cette année, choisissez celui-là ! De concert de gospel d’une exceptionnelle qualité et d’une richesse de talents à vous couper le souffle, il peut devenir une authentique expérience spirituelle !
Les choristes ne s’y sont pas trompés. En final, l’une d’entre eux cachait son visage derrière son abondante chevelure, histoire certainement de voiler son émotion. D’autres se congratulaient et s’embrassaient. Et le public, ému et touché, restait sur sa réserve. Interpellé ou un brin interloqué ?
Serge Carrel