Laos : le SFE se redresse après une période difficile

jeudi 05 juin 2008

Philippe Klopfenstein, le nouveau président du Service fraternel d’entraide (SFE), et Silvain Dupertuis, reviennent d’une visite au Laos. La passe difficile que le SFE a traversé ces derniers mois est derrière. Les visiteurs ont trouvé là-bas une situation où se conjuguent préoccupations et promesses d’avenir.

Chaleur moite. 36°! Première impression de déjà connu en débarquant à Vientiane, ce dimanche soir de la mi-mars. Hier en Helvétie, le climat était encore hivernal. Ici, on s’approche de la saison la plus chaude. Dans un mois, ce sera le «Pi maï» (le nouvel an laotien), la fête la plus marquante de l’année et la plus typique du pays.
Sur ce plan, rien n’a changé. Je retrouve ce rythme de vie qualifié de paisible ou de nonchalant, selon les points de vue, le charme d’un peuple accueillant, le sourire... Plus de 30 ans de régime communiste n’ont rien effacé de la culture du pays, de sa pratique religieuse marquée par le bouddhisme mêlé d’un arrière-plan animiste, et de son style de vie tranquille.

Une croissance rapide
Mais le pays bouge, et vite! A l’instar des pays émergeants de la région, il s’est considérablement développé en quelques années. Vientiane, la capitale, a troqué ses habits de grosse agglomération villageoise contre ceux d’une capitale de 700'000 habitants. En quelques années, presque toutes les routes ont été goudronnées. La «route circulaire», près de laquelle se trouvent les bureaux du Service fraternel d’entraide (SFE), était il y a peu une charmante rue étroite, bordée d’arbres, où l’on se croisait difficilement. Elle a doublé de largeur, ça bouchonne aux heures de pointe, et c’est alors quasi impossible de la traverser pour rejoindre les boutiques d’en face...
Les signes de cette croissance (7% par année) sont manifestes à travers tout le pays : le réseau routier, l’électricité et le téléphone dans tous les chefs-lieux de districts, des constructions en dur qui poussent un peu partout. Le pays est maintenant relié à la Thaïlande par trois ponts – et bientôt quatre. Ces constructions impressionnantes enjambent le Mékong qui sépare les deux pays sur plus d’un km de large. Le Laos devient un passage routier important entre la Chine et la Thaïlande, ainsi qu’entre le Vietnam et la Thaïlande, et des projets de chemin de fer pointent à l’horizon. Le Laos prend ainsi pleinement sa place dans le développement régional, dans le cadre de l’ASEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique), dont il est membre depuis 1997, ainsi qu’avec l’impressionnante Chine voisine.

Le revers de la médaille
Ce développement économique – qui amène des changements rapides et bien profonds dans la société – a son revers de la médaille. L’exploitation forestière qui accompagne la construction des routes, les immenses zones qui se couvrent d’hévéas, notamment, n’ont pas que des conséquences positives. Dans les grandes villes, la prostitution se développe – et la prostitution occasionnelle tend à se banaliser ! C’est un moyen facile d’accéder à certaines possibilités matérielles.
Par ailleurs, la présence de plus en plus marquée des Vietnamiens et des Chinois est un sujet de préoccupation pour les Laotiens. Six fois plus grand que la Suisse, le Laos compte à peine 6 millions d’habitants. A côté, le Vietnam, à peine une fois et demi plus grand, compte 85 millions d’habitants, et la Chine voisine 1,3 milliards... A Vientiane, le projet d’un «China Town» suscite bien des craintes dans la population! Vue d’ici, par comparaison, la peur des étrangers qui se manifeste en Suisse fait un peu sourire...
Quand la tourmente arrive...
En octobre dernier, le directeur du SFE, suite à d’importantes turbulences avec le personnel laotien, annonçait sa démission. Pour rappel, le SFE avait créé en 2006 une entreprise, sous le nom de MSL, pour permettre la commercialisation des produits de la soie, en étroite coopération avec le SFE. La manière de gérer le rapport entre l’ONG et l’entreprise a déclenché une crise. Il a fallu gérer cette démission, puis organiser une séparation complète entre le SFE et MSL. Cette séparation ne s’est pas faite sans douleur. Elle a laissé des traces qui ne sont pas sans rappeler ce qui se passe dans les divorces!
Aujourd’hui, MSL poursuit sa route de manière autonome, dirigée par Philippe Schmidt. Pour ce qui est du SFE, le comité en Europe a été remanié et la direction au Laos est désormais assurée à deux par Vincent Amstutz, médecin à Attopeu, qui a repris la tâche de directeur national, et Frédéric Huissoud à Vientiane, directeur administratif et responsable du bureau de Vientiane.

Une équipe super motivée
La crise dépassée, il reste cependant des blessures qui demandent à guérir. Mais nous avons été très encouragés de trouver une équipe très motivée, avec une vision d’avenir très constructive.
A Attopeu, Aude Grosrenaud et les familles Amstutz et Niess forment une belle équipe! Philippe Klopfenstein, qui retrouvait après 7 ans d’absence ce lieu où il avait passé trois ans et lancé tout le travail du SFE depuis 1998, a retrouvé avec émotion bien des personnes connues. Un soir, nous voilà chez Luc et Flo Niess, infirmiers. Au milieu de l’entretien, un groupe d’enfants du quartier débarque, pour les inviter à une fête... Un signe parmi d’autres de l’intégration de l’équipe et de l’impact que peut apporter en toute simplicité le témoignage et la présence de nos envoyés et de l’équipe laotienne de nos employés.
Le projet médical met l’accent sur la lutte contre la tuberculose. Il a pour but de couvrir toute la province et de rejoindre les villages les plus éloignés pour dépister les malades. Lors de l’une de ces visites, il a fallu à nos équipiers pas moins de 7 heures de marche pour rejoindre le village principal de la zone! A l’avenir, le projet est d’étendre cette action dans les provinces voisines, toujours dans la perspective de servir dans les lieux les plus reculés et de rejoindre les populations les plus vulnérables. Pour la prochaine phase, nous envisageons un projet de développement communautaire, arrimé à ce réseau de contacts dans les villages.
A Sékong, dans la province voisine, le projet soie prend son essor. Il devrait permettre à 150 familles d’entreprendre la culture du mûrier et l’élevage des vers à soie, avec des microcrédits à la clé et la constitution de petits groupes villageois pour assurer à terme la commercialisation des produits.
A Louang Namtha, la qualité du service hospitalier obtenue grâce aux contributions du SFE et à l’engagement de notre équipe – un médecin allemand et une infirmière coréenne – est impressionnante. Nous préparons une deuxième phase à partir de l’année prochaine, sans certitude quant à l’obtention des autorisations nécessaires. Nos amis sont prêts à poursuivre leur service au-delà de 2009, dans cette province ou dans une autre, convaincus qu’à terme il est de toutes manières indispensable de redéployer les activités vers d’autres lieux.
A Vientiane, Frédéric Huissoud, responsable de la supervision administrative, cultive aussi les liens avec les ONGs présentes au Laos, et Sandrine, son épouse, a trouvé un engagement qui correspond bien à ses compétences d’opticienne. Elle a pu appuyer une ONG sœur pour la remise de lunettes à la population prétéritée. Elle envisage un service similaire au sein du SFE.

Un avenir prometteur
Un avenir plein de promesses, donc, pour le SFE, mais avec des incertitudes : celles des autorisations à obtenir pour les projets futurs, celles de la suite de l’engagement pour certains de nos envoyés, au-delà de leur contrat actuel, et peut-être le besoin de renfort. Mais après tout, en regardant en arrière sur dix ans de service, nous voyons bien qu’il a fallu constamment nous engager avec une grande part d’inconnu, nous organiser et prévoir malgré les incertitudes, recevoir en cadeau les portes qui s’ouvrent et accepter celles qui se ferment. C’est donc avec confiance que nous envisageons l’avenir.

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