« Le Christ s’est arrêté à Calais » : une émission dimanche 21 février sur RTS La Première

vendredi 19 février 2016

Une église protestante évangélique éphémère a été inaugurée le 13 février dans la « jungle » de Calais, un camp où vivent plus de 4500 migrants dans des logements de fortune. Gabrielle Desarzens a participé à cette cérémonie, animée par des chants chrétiens en arabe et kabyle. Elle témoigne de la vie spirituelle de ce lieu de haute précarité.

La « jungle » de Calais est un lieu de vie provisoire par excellence, organisé comme une petite ville, improbable et précaire. Des échoppes et cafés afghans ou pakistanais offrent du thé ou des repas, voire des fruits et légumes. Une dizaine de petites mosquées côtoient une église orthodoxe érythréenne et une église protestante évangélique, inaugurée en grande pompe samedi 13 février, après avoir été rasée au début du mois en même temps qu’un lieu de prière musulman.

Exil et spiritualité

Sous une large tente, un concert du groupe « Alleluia North Africa » sous la direction du chanteur Nahed a été donné. Des chrétiens éthiopiens et érythréens sont venus tout exprès d’Angleterre pour soutenir les migrants de Calais et leur servir le repas traditionnel, l’injera.

Selon une enquête des Cahiers d’étude du religieux, les migrants se convertissent rarement sur leur parcours. Par contre, ils vivent souvent une croyance plus intense ou font des expériences spirituelles temporaires.

L’inauguration de cette église dans la jungle de Calais met ainsi en lumière que la migration peut révéler mais aussi confirmer des appartenances religieuses. Et qu’elle convoque aussi de nouvelles solidarités, comme parmi les nombreux membres des Eglises évangéliques de Calais et de ses environs.

La « jungle » démantelée

Coup de théâtre : la veille de l’inauguration de la nouvelle église, les autorités de la région de Calais annoncent le démantèlement de toute la zone sud du camp. Les habitants des logements faits de palettes de bois, de bâches et de toiles de tente, sont accablés. Les nombreux bénévoles aussi. Car le démantèlement de la « jungle » calaisienne ne fait que déplacer le problème. La fermeture du camp de Sangatte en 2002 l’a prouvé : les migrants ont peu d’alternatives, à part se rendre dans les rues de Calais ou dans un camp similaire à la « jungle » qui s’est ouvert à Dunkerque, à 40 kilomètres de là. 2'500 migrants y vivent sous des tentes, parfois sans matelas, les pieds dans la boue, dans un terrain situé en zone inondable.

« Dieu est assis sur une chaise dans la ‘jungle’ »

Ce jour-là dans la « jungle », Zimako, originaire du Nigeria, garde confiance. Pour lui, Dieu est assis sur une chaise, dans la Jungle. Il n’est pas en ville de Calais : « Dieu est là ; ça va aller »... (c)

Un reportage proposé par Gabrielle Desarzens dimanche 21 février à 19h05 sur RTS La Première ou en tout temps dès diffusion sur la page web de l’émission.

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