Tous les fidèles des églises chrétiennes officiellement enregistrées au Qatar ne peuvent se réunir que dans un seul complexe à Doha. A l’origine de cette décision, il y a le coronavirus, en 2020. Au début de la pandémie, plus de 100 églises qataries ont dû fermer leurs portes. Mais aujourd’hui, aucune autorisation de réouverture n’a été prononcée, indique Anastasia Hartman, porte-parole de l’ONG Portes Ouvertes pour le Moyen-Orient.
Liberté religieuse ?
Les chrétiens qui vivent au Qatar, représentent environ 10% de la population. Il s’agit essentiellement de travailleurs immigrés, d’Asiatiques pour la plupart, d’Occidentaux, mais il y a aussi quelques rares autochtones. L’unique complexe dévolu aux chrétiens n’est toutefois pas ouvert aux Qataris, car les quelques convertis parmi eux n’ont pas l’autorisation de pratiquer une foi autre que l’islam. L’apostasie, soit en l’occurrence quand un musulman abandonne sa religion au profit d’une autre, est en effet théoriquement punie de mort au Qatar, selon la loi islamique de la charia. Officiellement pourtant, et d’une façon très paradoxale, la liberté religieuse est acceptée. Doha a été le premier gouvernement en terre wahhabite à offrir un terrain pour la construction d’une église, en 2008. Un signe d’ouverture interreligieuse, qui profite toutefois seulement à certains étrangers. Car selon Christian Chesnot, interrogé par Protestinfo, la situation est plus compliquée pour les hindouistes et les bouddhistes qui n’appartiennent pas à l’une des trois religions monothéistes.
Prosélytisme islamique
Cela dit, si l’Etat qatari met actuellement des bâtons dans les roues des cultes non musulmans, il pratique volontiers le prosélytisme islamique en Europe et en Afrique par la construction de mosquées. L’ONG Qatar Charity en aurait par exemple financé à hauteur de quelque 4 millions d’euros à La Chaux-de-Fonds, Bienne, Lugano et Genève, parmi plus d’une centaine d’autres projets similaires rien qu’en Europe. Ceci alors que, au Qatar, les 300'000 chrétiens ne peuvent actuellement se réunir que dans un seul lieu de culte. On serait ainsi en présence de deux poids deux mesures.
Si le football relie, on peut donc rêver qu’il permette de véritables rencontres et un brassage qui profite aussi à l’acceptation de la religion de l’autre.
Gabrielle Desarzens
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