Elle est le nouveau visage de Stop Pauvreté. Début 2024, Salomé Richir-Haldemann a succédé à Alexis Bourgeois en tant que coordinatrice de cette campagne de plaidoyer, qui vise à sensibiliser les chrétiens à la pauvreté et l’injustice. Début mars, Stop Pauvreté a lancé le cours Just People en partenariat avec Interaction*, le Réseau évangélique suisse et le FREE College, la plateforme de formation d’adultes de la FREE.
Un plus grand soucis pour la justice sociale
Par le biais de ce cours, Salomé Richir-Haldemann espère faire naître au sein des Eglises romandes un plus grand souci pour la justice sociale et environnementale. Car la jeune femme de 39 ans en est convaincue: face aux injustices Nord-Sud ou à la crise climatique, les Eglises locales peuvent être des incubateurs de la justice, à travers des petits groupes qui vont insuffler le changement, comme le levain fait monter la pâte.
La coordinatrice de Stop Pauvreté relaie en effet que les bonnes résolutions d’un individu seul ne suffisent pas à induire un changement, ni les décisions des gouvernements, qui sont trop lentes : «Le niveau qui induit du changement et des effets réels est celui des communautés. Avec des personnes motivées à apporter quelque chose du Royaume de Dieu sur la terre, l’Eglise est l’un de ces lieux qui rend la transformation possible». Celle qui a été pasteure d’une Eglise mennonite en Alsace rappelle que prendre soin de la terre et de ses habitants fait partie de l’appel de l’Eglise : « Lorsque Dieu crée le monde, il nomme Adam et Eve comme intendants de cette Création. C’est une mission que l’Eglise a un peu mise de côté et qu’il faut retrouver ».
Un jardin du souvenir, face à l'injustice
Pour revenir au Cours Just People, Salomé Richir-Haldemann formule le voeu que des groupes ou des Eglises le suivent et réfléchissent à la façon de s’engager au niveau social ou environnemental, à leur échelle et dans leur contexte, pour montrer l’amour de Dieu. Puis que ces initiatives stimulent d’autres à s’engager dans la même voie. Quand on lui demande un exemple concret, la coordinatrice de Stop Pauvreté partage ce qu’elle a pu observer aux Etats-Unis, dans une petite assemblée qu’elle a fréquentée à Elkhart (Indiana).
L’Eglise Fellowship of Hope était située dans un quartier où par le passé, sous prétexte d’urbanisme, des habitants noirs avaient été délogés. Avec le temps, de nouveaux logements et plusieurs parcs ont été construits. Consciente que les nouveaux habitants ne connaissaient pas cette histoire, l’Eglise a décidé de dédier la moitié de son terrain à « un jardin du souvenir », ouvert à tous. Pour cela, les chrétiens ont recueilli les témoignages-audio d’anciens expropriés, afin de leur redonner une place et d’affirmer leur dignité. «Au lieu d’avoir son jardin privé, l’Eglise s’est dit: pourquoi ne pas en faire un lieu qui invite à plus de justice ? Cela m’a beaucoup impactée !»
D’ergothérapeute à coordinatrice de plaidoyer, en passant par pasteure
Chrétienne mennonite, Salomé Richir-Haldemann a toujours été préoccupée par la question de la paix. Après avoir travaillé en tant qu’ergothérapeute, sa première formation, la jeune femme a eu l’opportunité de s’engager avec l’organisation « Artisans de paix » aux Philippines, où elle a été dû œuvrer au contact de combattants d’un front populaire. «En rentrant, j’avais une meilleure idée de comment se construit la paix en pratique, mais j’avais plein de questions théoriques. J’ai cherché un lieu de formation qui approfondisse à la fois la théologie et la dynamique des conflits », relate-t-elle. Après trois ans à l’Anabaptist Mennonite Biblical Seminary (Indiana), la jeune femme a effectué un stage pastoral à l’Eglise mennonite Béthel (Alsace), où elle a ensuite succédé au pasteur.
Lorsque Salomé Richir-Haldemann a vu l’offre pour le poste à Stop Pauvreté, celui-ci correspondait tout à fait à son aspiration d’amener les questions de plaidoyer et de justice dans les Eglises. « Je viens avec un amour très fort pour l’Eglise. Je crois que c’est l’outil que le Christ a choisi pour manifester son Royaume. Et je vois aussi l’Eglise comme un laboratoire. On se retrouve chaque dimanche avec des personnes qu’on n’aurait pas choisies, qu’on apprend à aimer. C’est cet exercice-là qui nous aide à aimer les gens à l’extérieur ».
* Un collectif d’œuvres chrétiennes actives dans le développement
Pour écouter l'interview de Salomé Richir-Haldemann, réalisée par Serge Carrel: podcast avec Salomé Richir-Haldemann.