Comment l’idée de « Détox’ la Terre » est-elle née ?
Lorsque j’étais à l’école, nous apprenions que deux ou trois espèces animales étaient en voie de disparition. Aujourd’hui, en Suisse, cinquante pourcents des espèces sont menacées ! Tout semble s’accélérer. Nous voyons aussi que l’ONU prévoit une augmentation du nombre de réfugié·e·s climatique. En 2050, ils seront jusqu’à un quart de milliard à fuir la famine, la désertification, la montée des eaux, etc. Qu’avons-nous fait du mandat de Dieu de prendre soin de la création ? Que doit faire l’Eglise ?
Un jour, j’ai parlé de cela à un ami, et nous avons crié à Dieu notre inquiétude. Avec deux amis aumôniers – l’un catholique, l’autre protestant – nous avons lancé un projet œcuménique. Et, aujourd’hui, nous sommes une trentaine de personnes et une dizaine d’œuvres partenaires impliquées dans l’organisation.
Quel est le but de « Détox’ la Terre » ?
Décrire l’organisation « Détox’la Terre » tient en quatre mots : mobiliser, constater, prier, agir. Il s’agit en effet de mobiliser des chrétiennes et des chrétiens en vue d’un jeûne en mars 2021. Le 5 mars, à Lausanne, aura lieu une soirée destinée à constater les dégâts occasionnés à la création. Ensuite, nous organiserons une période de jeûne ponctuée de rendez-vous en petits groupes pour discuter et prier. Les groupes ont le choix entre une semaine de jeûne de nourriture ou deux semaines de jeûne de consommation. Dans ce cas, il s’agira de diminuer, par exemple, la quantité d’achats, de déplacements en voiture ou de temps passé sur internet. L’événement se conclura le 20 mars avec un nouveau rassemblement pour célébrer notre Dieu créateur et s’organiser pour agir ensemble à plus long terme.
Pourquoi proposer des jeûnes de nourriture ou de consommation ?
La racine de la catastrophe écologique, c’est notre sur-consommation. Nous proposons à chaque participant.e de diminuer drastiquement sa consommation pendant deux semaines et en tirer des clés pour une diminution à long terme. C’est une démarche profondément spirituelle où chacun·e peut grandir avec Dieu dans cette recherche du contentement : « J’ai appris en toutes circonstances à être content avec ce que j’ai. Je sais vivre dans le dénuement, je sais aussi vivre dans l’abondance » (Phil 4.12).
Comment articulez-vous l’engagement spirituel et l’engagement écologique des chrétiens ?
Lors des manifestations pour le climat, j’ai été frappée de croiser de nombreu·x·ses ami·e·s qui participaient autrefois à des activités chrétiennes avec moi. On leur a parlé de justice à l’Eglise, mais c’est dans la rue que s’est présentée l’occasion de se lever contre l’injustice. Par ailleurs, je rencontre de plus en plus de jeunes chrétien·ne·s désarçonné·e·s par le silence de leur Eglise en ce qui concerne l’écologie. L’Eglise peut-elle rester pertinente si elle ne répond rien à « la génération climat » ?
Dans la Bible, nous trouvons toutes les raisons justifiant que les chrétien·ne·s soient à l’avant-garde de la transition écologique : création, justice, simplicité, amour. Tout est là ! Certain·e·s ont peur que l’Eglise s’écarte de son mandat spirituel si elle s’intéresse à l’écologie. C’est l’inverse qui va se passer : des actes concrets alimenteront notre foi et la rendront visible.
Comment est-il possible de s’engager ?
Venez les 5 et 20 mars aux célébrations, à Lausanne ! Vous pouvez également vous inscrire à l’un des jeûne, individuellement ou en groupe. « Détox’ la Terre » organise des soirées d’information à propos de l’écologie et sera très heureuse de vous rendre une visite !
(1) Philippe Thueler, secrétaire général de la FREE, est engagé dans le projet.
Site internet de « Détox’ la Terre » : detoxlaterre.ch