
Dans les films, la plupart d’entre nous aiment les « happy ends », les fins heureuses. Psychologiquement, nous avons besoin de ce ressenti intérieur pour nous réconcilier avec la vie et repartir d’un bon pied dans notre quotidien.
Des Psaumes sans « happy end »
Beaucoup de Psaumes de la Bible fonctionnent comme cela. L’auteur se lamente un bon coup, crie à Dieu de toutes ses forces, puis, « happy end », Dieu répond positivement à sa demande.
Mais il y a des Psaumes qui ne fonctionnent pas comme cela. Ils témoignent de bout en bout de la détresse existentielle de leur auteur. On entend quelqu’un de désabusé, d’anéanti… et même un brin provocateur face à Dieu. Le Psaume 88 est du nombre. Il commence ainsi : « Seigneur Dieu, mon Sauveur, le jour je crie au secours, la nuit je me tiens devant toi »… Seule formule qui témoigne d’une ouverture à un brin d’espérance, c’est cet appel à Dieu comme Sauveur… Autrement on passe en revue tout au long de ce Psaume un nombre impressionnant d’états intérieurs morbides : « Je suis tout près de la mort… je ressemble à un homme qui a perdu ses forces… tu m’as abandonné dans un gouffre sans fond… » Au point qu’en final, l’auteur de ce Psaume 88 va dire en s’adressant à Dieu : « Et tu éloignes de moi tous mes amis. L’obscurité seule me tient compagnie. »
Dieu se lamente
Rappelons-le : la vie chrétienne n’est pas synonyme de « happy end ». Il est des circonstances de vie où le parcours d’un individu commence et se termine dans les difficultés. L’épreuve semble là à chaque coin de rue, à chaque détour du chemin…
Ce Psaume 88 rejoint ces chrétiens qui cumulent les tragédies et qui ne connaissent aucun « happy end » dans leur vie. Seuls les cris, les appels au secours ainsi que les lamentations ont voix au chapitre… Et si la seule consolation pour de telles personnes, c’était que, dans de telles circonstances, Dieu se lamente aussi… Dieu se lamente au moment où Adam et Eve quittent le jardin, au moment où le peuple d’Israël lui est infidèle… Au moment où Jésus pleure face au tombeau de son ami Lazare mort. Il se lamente aussi aux côtés de ceux qui ont perdu un être cher à cause du covid-19.
Serge Carrel
Cette chronique est dédiée à Stéphane Bonvallet, ancien directeur technique de Radio R, emporté par le covid-19 le 31 mars 2020.