Chers responsables d'écoles évangéliques de Suisse romande,
Comme le dit la chanson : « Le sort tomba sur le plus jeune. » Cela aurait pu arriver à d'autres œuvres évangéliques. Mais, cette fois, c'est vous qui étiez au centre d'un – petit – emballement médiatique.
Le 24 janvier dernier, l'agence de presse réformée Protestinfo vous a décoché une flèche. Dans un article à propos des écoles évangéliques, elle prétendait : « La particularité de ces écoles est l'enseignement des thèses créationnistes comme véridiques, dans leur programme. » Entre amalgames, contre-vérités et ton sentencieux, l'article démontre surtout l'incompétence et les préjugés d'une journaliste qui ne connaît pas son sujet... ou son désir de vous égratigner... probablement les deux à la fois. Médiocre !
Ensuite, tout est allé très vite. Plusieurs quotidiens généralistes de Suisse romande se sont empressés de publier l'article. Quelques jours plus tard, le député Vert au Grand Conseil vaudois Martial de Montmollin a déposé une interpellation dans laquelle il demandait : « Est-ce que les élèves des écoles privées reçoivent l'enseignement scientifique de base et de manière objective ? » Pendant ce temps, le site internet « instruire.ch » de l'Association des écoles chrétiennes de Suisse romande ne réagissait pas : pas le moindre communiqué, pas de numéro de téléphone à appeler.
Les médias audiovisuels se devaient de réagir à leur tour, de trouver très vite des images et des intervenants. La Télévision suisse romande a déniché une vieille interview de la directrice de l'Ecole du Potier à Oron. La chaîne régionale La Télé a donné la parole à un évangélique qui passait par là, et qui a laissé une image fausse de vos écoles. Pendant ce temps, le site internet « instruire.ch » ne bougeait toujours pas. Quel dommage !
Vous n'étiez pas préparés à réagir à la flèche de Protestinfo. Dans nos Eglises et dans nos œuvres évangéliques, il en est de même : nous sommes mal préparés à communiquer vite et bien avec les médias. Pourtant, leurs questions, parfois dérangeantes, nous offrent d'excellentes occasions de faire tomber des préjugés.
Par exemple, vos écoles ont été qualifiées de « créationnistes ». Mais vous donnez à ce terme un sens très différent de celui qui prévaut dans les médias et dans la société. Dans vos bouches, le terme signifie : « Dieu a tout créé, et cela donne une valeur unique à chaque vie. » Par contre, dans notre société, ce même mot signifie : « Croyant obscurantiste et idiot qui croit que la terre a été créée en 6 fois 24 heures il y a tout juste 6000 ans ».
Il existe donc une formidable possibilité d'explication et de compréhension. Surtout que les évangéliques débattent autour de trois interprétations différentes du début de la Genèse – littérale, concordiste et littéraire – et que seule l'une d'entre elles suppose une création en six jours de 24 heures.
Votre mésaventure résonne comme une interpellation et stimule notre réflexion.
Meilleurs messages à vous !
Claude-Alain Baehler
Voir l’article : « Le débat autour de l’enseignement « créationniste » des écoles évangéliques de Suisse romande se dégonfle ».