Pour Henri Blocher, Lytta Basset n’a pas bien saisi la doctrine du péché originel !

mardi 27 mai 2014 icon-comments 11

Henri Blocher a accepté de faire l'évaluation du dernier livre de Lytta Basset Oser la bienveillance. Pour lui, la professeure de la Faculté de théologie de Neuchâtel n'a pas saisi toute la finesse de la doctrine du péché originel. Du coup, son propos s'en trouve pour le moins affaibli ! Après avoir présenté les thèses de Lytta Basset, examiné sa méthode, évalué forces et faiblesses, Henri Blocher s'achemine vers une conclusion (1).

En dépit d'intentions sympathiques, une méprise radicale piège, à mes yeux, Lytta Basset dans son livre Oser la bienveillance : elle attribue à la doctrine du péché originel la condamnation de l'être de l'homme comme tel. Elle réplique, c'est son message : « Tu n'es jamais coupable dans ton être » (p. 313). Et, en un sens, je dis « Amen ! ». La doctrine du péché originel distingue entre l'être de l'homme comme tel, créé par Dieu très bon, et qui n'est pas aboli par l'aliénation du péché, et sa perversion et corruption. Elle doit maintenir les deux. L'emploi du mot « nature » est paradoxal (avec Ep 2.3), et Calvin l'a bien exprimé : « Nous disons donc que l'homme est naturellement corrompu en perversité : mais que cette perversité n'est point en lui de nature » (Institution de la religion chrétienne, II,1.11). C'est déjà dans cette direction qu'Augustin discerne que le mal n'a pas l'être, qu'il faut l'interpréter comme perversion. Si on parle de nature mauvaise, c'est que la relation à Dieu est tellement constitutive de l'être de l'homme que la trahison de l'Alliance ne peut qu'affecter profondément cet être – sans l'annihiler. C'est pour moi la portée même de la doctrine du péché originel que de maintenir le caractère historique et volontaire (impliquant la solidarité humaine) du mal subi et commis : il n'est pas de l'être, il ne procède pas de la première origine.

Une dépravité totale, mais pas intégrale
Lytta Basset dit de la doctrine : « Sa faiblesse est de n'offrir qu'une lecture unilatérale de la réalité et d'en absolutiser un seul aspect » (p. 113). Un style sévère dans la prédication a pu en donner l'impression, mais c'est un malentendu. Calvin, qui ne passe pas pour un plaisantin, écrit : « Quand nous voyons aux écrivains païens cette admirable lumière de vérité, laquelle apparaît en leurs livres, cela doit nous admonester que la nature de l'homme, bien qu'elle soit déchue de son intégrité, et fort corrompue, ne laisse point toutefois d'être ornée de beaucoup de dons de Dieu » (Inst., II,2.15). L'orthodoxie dans la ligne de la Réforme affirme la « grâce commune », et la « justice civile », où l'on peut ranger ces mouvements de compassion, ce dynamisme de l'empathie, qu'évoque Lytta Basset. Les « vertus des païens » ne sont nullement niées, seulement lorsqu'elles fondent le salut. Calvin désigne ce qui leur manque, et que ne paraît pas voir l'auteur d'Oser la bienveillance : « Quand il n'y a nulle affection de glorifier Dieu, le principal de toute droiture défaut » (Inst., II,3.4). Quand la « dépravité » est dite « totale », ce n'est pas en intensité, mais dans son extension : il n'y a rien d'intact (voir Rm 3.9-19), ni la raison, ni les affections, ni la volonté, avec entrelacement des aspects individuels et collectifs. Les éléments positifs à quelque degré peuvent être appréciés à leur juste valeur. Je n'ai pas de peine non plus à m'approprier l'exhortation à l'ouverture vers autrui, et, tant que dure l'Aujourd'hui de l'offre de la grâce, que nul ne doit se laisser enfermer dans sa culpabilité : le Réel (nom que j'accepte pour Dieu) « ne nous fige jamais dans un moment de notre histoire » (p. 114).

Le péché n'est plus moral
L'écart où se tient Lytta Basset me semble moins celui qui concerne le péché originel, avec le rapport (incompréhensible, disait Pascal) entre la faute d'Adam et la nôtre – je renvoie là-dessus à mon livre (3) – que celui qui concerne le péché, et la perdition que le péché entraîne. La théologienne suisse romande paraît gommer la nécessité de la repentance (ce mot qu'elle n'aime pas) et de la foi pour être agréé de Dieu. Elle dépouille le péché de la dimension qui vient au premier plan dans un nombre incalculable de textes bibliques : le rapport à la loi ou au commandement de Dieu, et à son jugement. Elle lui oppose le relationnel – mais au nom de quelle analyse ? Rien de plus relationnel que le tort envers quelqu'un, avec son poids propre, que la dette envers lui. Rien de plus relationnel que l'obéissance et la désobéissance ! Ce qui fait la fortune de la notion de relationnel pourrait bien être son flou et son abstraction. Il ne faudrait pas oublier que les relations peuvent être d'hostilité ! C'est aussi par contraste avec l'Ecriture que Lytta Basset disjoint la relation à Dieu et les catégories morales : alors que leur union étroite caractérise justement la religion biblique.

Un chaos mis sur le même plan que Dieu
Et la question se pose, irrépressible, de l'origine du péché (elle détermine en bonne partie le sens). Le mal, malheur et malfaisance inextricablement mêlés, sévit parmi les humains. Lytta Basset refuse d'en rendre compte par une faute historique. Du coup, elle est poussée vers une explication ontologique ou métaphysique, c'est-à-dire qui conjugue à l'être l'origine du mal : c'est ce qui donne sa doctrine du chaos préalable, tohu-bohu, qu'elle charge par moments d'un dynamisme destructeur. Elle répudie le dualisme (p. 205), mais comment y échapperait-elle ? Son chaos est premier, comme Dieu, et entre dans la constitution de notre réalité. Le philosophe français Paul Ricoeur, et avant lui, le théologien suisse Emil Brunner, ont reconnu que l'intention de la Genèse était d'écarter cette manière de penser (j'ai montré qu'eux-mêmes ne parvenaient pas à sauvegarder cette intention dans leurs propres constructions doctrinales (4)). Le dieu qui ne peut que combattre le chaos n'est plus celui de qui, par qui et pour qui sont toutes choses (Rm 11.36). C'est un petit dieu, qui plaît parce qu'il est configuré pour convenir au ressenti, que j'appellerais le ressenti moderne-post...
Pour conjurer le fatalisme qui menace si le mal s'enracine dans l'être ou lui est corrélatif, Lytta Basset n'a d'autre stratégie que de minimiser le mal du mal. Elle en élimine la culpabilité, l'obligation de satisfaire la justice (relationnelle !) lésée. Elle met l'accent sur le bien qui se manifeste et, par moments au moins, semble sous-estimer les horreurs de l'histoire des nations comme des individus. Du coup, elle ne peut que minimiser la place du pardon dans l'Ecriture, en lui associant le thème du salut personnel – à propos duquel elle ose employer le mot chargé d'obsession (p. 73, voir aussi p. 334). Chez qui l'obsession ? Pourquoi, comment occulter que le christianisme est, entre toutes, la religion du salut ? Pourquoi, comment oublier que le sens même du nom de Jésus, au commencement de l'Evangile, c'est : « Il sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1.21) ?
Ai-je manqué de sensibilité ? Il y a un sens que je n'ai pas senti dans le livre de Lytta Basset : le sens de la sainteté de Dieu. C'est la sainteté de Dieu qui fait la gravité du péché, la nécessité du sacrifice, l'exigence de la confession et de la repentance (voir 1 Jn 1.5-2.2). C'est la sainteté de Dieu qui donne priorité à la relation à lui, avant qu'elle se reflète dans la relation aux autres créatures.

Un divin humain trop humain !
A ce propos, je fais part d'un dernier élément de malaise. Bien que la réduction ne soit pas explicite, j'observe une tendance inquiétante à réduire à l'humain l'opération divine. Jésus « se tient caché en chaque être humain, en particulier chaque enfant » (p. 164). A chacun de se connecter à « cette énergie qu'est la vie divine au plus profond de lui » (p. 272). Le commentaire sur Luc 10.18s se lit : « On dirait que Jésus est émerveillé par ce dont nous, humains, sommes capables » (p. 207). Lytta Basset critique la TOB en Jean 10.36 parce que la TOB a mis la majuscule, « je suis le Fils de Dieu », alors que la théologienne romande ne veut pas réserver le titre à Jésus (p. 303s). Elle approuve le philosophe Michel Henry : « Au fond de sa Nuit, notre chair est Dieu » (p. 288). Elle conclut en affirmant son « potentiel christique » (p. 394). Dans un effort que j'espère de bienveillance, je tente d'imaginer un sens, pour ces formules, compatible avec l'enseignement scripturaire – si c'est le bon, il conviendra, à sa lumière, de dissiper les ambiguïtés et de redresser les déséquilibres...
Henri Blocher

Notes
1 Henri Blocher a écrit une appréciation beaucoup plus longue du livre de Lytta Basset, Oser la bienveillance. Elle est disponible ici. Nous ne reproduisons dans cet article que la fin de son appréciation.
2 Voir à la page 10 : « coupables de notre nature humaine ». A la page 113 : le mal est « notre seule et unique réalité, identité ou nature »).
3 Henri Blocher, Original Sin : Illuminating the Riddle, Leicester, Apollos (IVP), 1997. Esquisse plus brève in La Doctrine du péché et de la rédemption, Vaux-sur-Seine, Edifac, 2000, p. 59-94 ; plus récent, « The theology of the Fall and the origin of evil », in R.J. Berry & T.A. Noble, sous dir., Darwin, Creation and the Fall. Theological Challenges, Nottingham, Apollos (IVP), 2009, p. 149-172, suivi de Richard Mortimer, « Blocher, original sin and evolution », p. 173-196.
4 Henri Blocher, ibid. ; sur Ricoeur, d'abord « L'herméneutique selon Paul Ricoeur », Hokhma 3, 1976, p. 11-57.

  • Encadré 1:

    Oser la bienveillance : une présentation
    Personnels, concernants, parfois très controversés... Les livres de Lytta Basset font chaque fois événement. Le dernier n'y coupe pas !

    Avec Oser la bienveillance, Lytta Basset nous propose un livre très personnel. Professeure à la Faculté de théologie de Neuchâtel, elle n'a jamais caché le mal qu'elle a subi durant son enfance, ses déboires avec sa propre culpabilité et le départ tragique de l'un de ses enfants... Dans ce contexte, elle dessine un chemin qui tente de dire l'Evangile de Jésus-Christ pour des contemporains dont la vie est plombée par la culpabilité et le mal subi.
    Renonçant à une vision négative de l'être humain qu'aurait véhiculé la tradition chrétienne occidentale, la spécialiste de l'accompagnement spirituel propose de voir l'homme comme ni bon, ni mauvais, mais tout simplement meurtri par l'expulsion du « paradis » intra utérin.
    Ce ressenti du nouveau-né renverrait dans le langage biblique au chaos (tohu-bohu) originel auquel l'A(a)utre (Dieu ou le prochain) met fin en appelant à la vie de manière bienveillante. Dans ce contexte, Jésus n'est plus « l'agneau mort à Gogotha pour moi », mais il est la Bienveillance incarnée, qui appelle tout être humain à sortir de ses enfermements et de ses aveuglements pour connaître la liberté des enfants de Dieu. Le salut consiste à répondre à l'appel de l'A(a)utre et à sortir des griffes des forces de mort qui nous retiennent captifs.
    La tentative de Lytta Basset est audacieuse parce qu'elle rompt avec la doctrine du péché originel et un contexte où, selon elle, l'être humain est constamment perçu de manière négative, que ce soit dans les milieux chrétiens, mais aussi en psychologie, dans le monde de l'éducation ou même en économie.
    On ne peut s'empêcher de penser que cette tentative paraît trop ambitieuse dans l'ampleur du propos et des généralisations opérées. Elle souffre aussi de pertes énormes par rapport au donné biblique. Plus trace de la séparation entre le monde de Dieu et ce qui n'en est pas, entre les bénéficiaires de l'Esprit et ceux qui ne le sont pas, entre sauvés et pas sauvés...
    Il n'empêche ! Ce livre laisse entrevoir une théologienne qui se livre et qui entreprend un parcours complexe pour émerger du mal subi et de la culpabilité. Tout cela grâce au regard de la Bienveillance incarnée, Jésus, qui a sorti Zachée de son isolement, remis debout le paralytique et plongé la femme adultère dans l'espace de la bienveillance.
    Serge Carrel

    Lytta Basset, Oser la bienveillance, Paris, Albin Michel, 2014, 430 p.

    Pour un résumé plus détaillé d'Oser la bienveillance par Serge Carrel, cliquez ici.

11 réactions

  • Gilles Geiser mercredi, 28 mai 2014 10:52

    Merci Monsieur Blocher pour votre éclairage toujours si pertinent, qui remet les éléments à leur juste place.
    Je reste perplexe sur la phrase du résumé de Serge Carrel : "la tentative de Lytta Basset est audacieuse parce qu'elle rompt avec la doctrine du péché originel..." gloups... parce que rompre avec la doctrine du péché originel, c'est pas audacieux, c'est faux ! ... on croit que ça nous sauve, mais ça nous perd. Remettre en question ce donné biblique, est-ce audacieux ? ou est-ce fou ?
    De manière plus générale, il me semble que Serge Carrel "ose davantage la bienveillance" avec Lytta Basset qu'avec d'autres auteurs ou orateurs cités sur ce site. Je me trompe ?
    Avec toute ma sympathie

  • Désiré Rusovsky samedi, 31 mai 2014 00:24

    En quoi est-ce que la doctrine augustinienne du péché originel serait en conformité avec les Écritures? Comme le dit Lytta Basset, les églises orientales qui ont des racines plus anciennes, ne reconnaissent pas cette doctrine.
    Je crois aussi que c'est une des doctrines les plus destructrices de l'Évangile, ceci sans nier la gravité de la Chute, ce que semble faire madame Basset.

  • Philippe martin mardi, 03 juin 2014 02:34

    Merci à Monsieur Blocher pour son analyse pointue, posée sur des bases scriputaires. Je partage avec Gilles Geiser mon interogation au sujet de l'approche avec plus ou moins de bienveillance de tel ou tel auteur sur ce site.

    Est-ce dire que nous sommes manipulés ? Ou est-ce tout simplement une absence de base biblique ?... A moins que la ligne éditoriale voir tout simplement des organes dirigeants de nos églises (puisque ce site et la partie visible de nos églises) veut tout simplement marquer ce syncrétisme à la mode dans notre monde moderne.

  • Fred samedi, 07 juin 2014 10:39

    Bases scripturaires? les vôtres, M.Martin ne sont qu'une INTERPRETATION CHOISIE basée sur tellement de facteurs contingents, historiques, inconscients, et j'en passe... que toute vélléité d'imposer UNE lecture VRAIE comme UNE doctrine, comme UNE vérité,... Cela s'appelle du fondamentalisme religieux, qui a donné les pires dérives quand le monde n'était pas pluraliste mais théocratique. Le syncrétisme, ce monstre à vos yeux, me fait moins peur que l'intolérance maladive et ignorante de beaucoup d'évangéliques. Je peux me permettre la critique, ayant été moi-même dedans des décennies.

  • Pascal lundi, 09 juin 2014 18:25

    Je suis surpris de lire vos propos Fred, remplis d'amerturme et de blessure. Je n'ai pas la même lecture que vous des propos de Pascal Martin. Personne à part vous parle d'un retour à un fondamentalisme malsain, et l'on ne se permettrait pas de dire que Jacques Blocher est un fondamentaliste dans le sens négatif du terme. Pascal Martin me semble simplement avour apprécié une approche fondée et une rigueur qui ne fait pas de place au copinage bienveillant.

    Maintenant si faire reposer sa reflexion sur un fondement biblique est être un fondamentaliste religieux alors nous sommes très nombreux à l'être au sein de nos églises. Et ce n'est pas un secret qu'il existe un souhait d'une tranche non négligeable dans nos églises qui appelle a plus d'enseignement biblique avec toutes les formes et moyens d'enseignements modernes. Finalement c'est un retour aux sources (et non à un fondamentalisme que vous condamnez) et finalement cela restera simplement un vécu d'un pilier de notre foi incontournable : l'autorité de la Parole de Dieu.

  • Marik Pellerin vendredi, 13 juin 2014 23:52

    Je n'ai pas encore lu le livre de Lytta Basset mais vais m'empresser de le faire. Cependant, une certitude fait partie de mon Credo, toujours... infiniment :
    "Je crois que - alors que je n'étais dans le sein maternel qu'un tout petit peloton - c'est Toi, Dieu, qui m'a créée et façonnée, insufflant en mes narines Ton Haleine de Vie sans laquelle je ne serais pas"...
    ... et que, dès lors, la "théorie" d'une faute originelle reviendrait à me nier en tant que d'abord "enfant de Dieu"... ma filiation humaine ne dépendant, à mon tout commencement, que du croisement entre un ovule et un spermatozoïde !!!!

    Après seulement, lorsque, voyant le jour, le tout petit est confronté à son environnement humain... après seulement, lorsqu'il devient apte à réaliser pleinement qu'il peut délibérément "rater la cible"... alors là, oui, on peut commencer à parler de la "notion de péché"...

    Ainsi, sans avoir lu le dernier livre de Lytta Basset, je partage cette certitude d'un "paradis intra utérin".
    Et si je devais me tromper, pourquoi donc, sur beaucoup de faire-part de naissance d'enfants nés de parents chrétiens, les mots du Psalmiste affirmant : "C'est toi qui as formé mes reins, Qui m'as tissé dans le sein de ma mère" ne seraient-ils pas alors définitivement censurés
    S'il est si originel que ça, ce péché, ne devrait-on alors pas parler d'un "enfer intra utérin" ?

    Bref... soyons cohérents !

  • Denis Spuhler samedi, 14 juin 2014 15:51

    "Le péché originel, c'est le refus de se faire l'origine de ses actes." Maurice Zundel

  • Marik Pellerin dimanche, 15 juin 2014 10:06

    Tellement... mais tellement "ça" ! Merci Denis de nous le rappeler au travers des mots de Maurice Zundel qui m'a tant et tant aidée à séparer l'ivraie du bon grain !

  • Jérôme mardi, 17 juin 2014 08:33

    J'ai lu le bouquin de Mme Basset, participé à la formation continue de l'UniNE sur le thème "oser la bienveillance", et lu avec attention le post de M. Blocher. Pour chacun de ces intervenants j'ai un immense respect.

    J'ai personnellement été emballé par les conférences de Mme Basset, qui n'a pas pour but rappelons-le, de démonter un dogme pour démonter un dogme, mais qui a pour but premier de mieux vivre ensemble: Mieux vivre avec les autres, avec Dieu et avec soi-même. Le point de départ de sa réflexion est son questionnement, nous a-t'elle dit, quand au fait que la doctrine du péché originelle condamne les enfants, dès leur naissance, ce que je comprend bien. De plus, elle actualise et explique parfaitement le péché par ces termes: c'est une coupure de relation avec l'autre/l'Autre.

    A titre personnelle, il me semble que le "récit de la chute" retrace plus une réalité tangible à chaque être humain, qu'un état de péché dès la naissance, comme nous l'avons si bien appris dans nos églises, et comme nous continuons de l'apprendre à nos enfants.

    Si le livre de Mme Basset est théologiquement irréprochable? Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que ce livre m'a permis de me voir, et de voir mon prochain avec plus de bienveillance, et m'a permis de prendre du recul par rapport aux jugements hâtifs, aux rapports conflictuels, etc... et de poser un regard bienveillant sur mon prochain. Ce qui jusqu'à présent, ne m'a pas été donné de faire dans les églises que j'ai fréquenté, posant plutôt un regard inquisiteur sur le péché du prochain, et même parfois sur des choses qui ne sont même pas d'ordre immorales.

    Le mérite que j'attribue à ce livre est d'ouvrir la réflexion sur un thème sacro-saint considéré comme intouchable depuis des siècles, qui n'existe pourtant pas dans les spiritualités chrétiennes orientales. L'intersubjectivité permet d'annuler la subjectivité!

  • Serge Carrel mardi, 17 juin 2014 18:33

    Si je puis me permettre Jérôme, c’est justement ce que nous essayons de faire avec cette amorce de discussion sur notre FREEblog : encourager un débat sur une question difficile… Nous avons d’ailleurs même proposé à Lytta Basset de participer à la discussion, mais peut-être que les premiers commentaires à ce blog l’ont refroidie ! Qu’elle se rassure ! Ce n’est pas la ligne partagée par les animateurs de ce blog ni par Henri Blocher !

    Pour poursuivre la discussion, on pourrait reprendre la citation de Maurice Zundel : le péché originel est-vraiment le refus de se faire l’origine de ses actes ? N’est-ce pas trop simple comme affirmation ? Par ailleurs un tel propos n’est-il pas davantage pertinent en milieu catholique qu’en milieu protestant et évangélique ?

    Par rapport au livre de Lytta Basset et à sa vision très négative de l'anthropologie du protestantisme, a-t-elle suffisamment pris en compte la mouvance charismatique qui, par sa valorisation de la réception de l’Esprit dans notre corps, a promu une autre vision de l’être humain ?
    A poursuivre en toute amitié !
    Serge Carrel
    Responsable du FREEblog

  • Marik Pellerin vendredi, 20 juin 2014 11:24

    Merci, Serge, de reprendre cette citation de Zundel pour nous donner à penser !

    En fait, si j'affectionne ces mots, c'est que, pour y adhérer, je les ai bien sûr décortiqués, un peu de cette façon :
    d'abord, lorsque je pense au mot péché et ce qu'il représente, du moins aux yeux de mon coeur, je dirais que lorsque "je pèche", je "rate la cible"... Ce qui pourrait également s'exprimer par un "je suis à côté de la plaque" ! Un peu comme si j'étais "à côté de moi, extérieure à moi".
    Et j'aime à penser que ce n'est pas ce que mon Père désire pour moi vu que, quand je suis "à côté de la plaque", je ne suis pas vraiment bien... à nouveau un peu comme si j'étais étrangère à moi-même...
    Et pourtant, le désir de mon Père est que je vive bien, en accord avec moi-même qui suis... mon premier prochain ! Dès lors, au fil de Sa Parole, je vais pouvoir, petit à petit, me "retrouver", me "réunifier" et... me réintégrer pour être enfin moi-même.

    ... et à vrai dire, il m'en a fallu, du temps, pour être vraiment "à l'origine de mes actes", libérés de tous les déterminismes !
    Dans cette démarche, j'aime entendre mon Père me dire, au fil de Son Souffle d'amour :
    "Peu importe ce que ton hérédité et les circonstances ont fait de toi. Ce qui compte, c'est ce que, toi et Moi, ton Père, nous allons faire de ce que ces déterminismes et ces circonstances ont fait de toi."

    ... et "ça" se fait à mon rythme, paisiblement, sans brûler les étapes, parce qu'avec un tel "Notre Père qui est ici", rien ne se fait jamais à moitié ! Quel bien immense :-)

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