Pentecôte 2008 : pour Frédéric Guerne, le fondateur de Digger, le Saint-Esprit est une énergie qui soutient et tire en avant

mercredi 07 mai 2008

Frédéric Guerne est ingénieur. Il dirige à Tavannes le projet Digger de construction d'un char blindé de déminage. L'homme est un passionné de technique, en même temps qu'un chrétien convaincu. Pour lui, la présence de l’Esprit Saint se vit au jour le jour. C’est une sorte de carburant qui le propulse en avant et qui lui permet de trouver l’énergie nécessaire pour affronter les difficultés du quotidien. Portrait.

Notre monde est plein de problèmes techniques à régler. Heureusement! Sinon Frédéric Guerne s'ennuierait. Cet ingénieur en électronique de bientôt 40 ans, marié et père de deux enfants, aime les défis en électricité, en mécanique, en hydraulique, etc. Il s'enthousiasme: «La technique fait partie de moi. Le métier que j'exerce correspond bien à ma personnalité.» A l'ancien arsenal de Tavannes, il exerce un métier peu courant. Il dirige une équipe qui conçoit, développe et produit des chars blindés de déminage.

Gamin, il posait des mines autour de sa tente
Lorsqu'il était enfant, Frédéric Guerne était passionné par les armes: la mécanique, les pièces métalliques bien usinées et bien ajustées, la poudre, la précision... «Quand j'étais gamin, je posais des mines autour de ma tente», explique-t-il en riant. Elles étaient plutôt inoffensives, mais témoignaient d'un esprit inventif!
L'école ne fait pas partie des meilleurs souvenirs de l'ingénieur. D'après lui, elle accompagne mal les enfants qui ont certaines formes d'intelligence: «L'école est «lettreuse», et ceux qui ont des âmes de techniciens y ont de la peine». Cela ne l'empêche cependant pas de devenir ingénieur, puis de s'engager durant trois ans dans l'industrie.
D’éducation religieuse protestante réformée, Frédéric Guerne n'a commencé à réellement s'intéresser à Dieu qu'à l'adolescence... «suite à des bêtises avec des armes à feu», précise-t-il. Puis il a rejoint une Eglise évangélique. Cependant, il a eu de la peine à y trouver sa place. «J'ai reçu beaucoup de bonnes choses dans le milieu évangélique, reconnaît-t-il, mais aussi des pratiques religieuses qui m'ont choqué. Il y a de la religiosité alors que, pour moi, la foi est une relation personnelle avec Dieu. Une telle relation m'est nécessaire. C'est même une question de survie! Pourtant, j'ai fait comme les autres chrétiens de l'Eglise. Je me suis fondu dans le moule.»

Un défi: associer sa vie professionnelle et sa foi
L'une des difficultés de Frédéric Guerne a été la dissociation qui existait entre sa vie professionnelle et sa vie «religieuse». Il ne se voyait pas travailler huit heures par jour dans un domaine sans rapport avec une mise en pratique de sa foi. De plus, l'Eglise ne lui offrait pas de possibilités de service en rapport avec ses capacités. Il s'explique: «Dans nos traditions d'Eglises, nous ne prévoyons qu'un nombre restreint de possibilités de servir. Moi, je sais souder, pas prêcher... Que faisons-nous des 70% de chrétiens qui ne rentrent pas dans le moule, parce qu'ils ne savent ni prêcher, ni chanter? Lassés et dépités, ils ne cherchent plus à exercer leurs dons.»
Puis est venu ce que Frédéric Guerne appelle un « miracle » : l'occasion de participer au projet «DeTeC» (Demining Technology Center – Centre de technologies de déminage) mené par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Ce travail à plein temps, dans un environnement à la fois technologique et humanitaire, lui a permis de découvrir un monde fascinant qui a orienté sa carrière. Il s'est trouvé en contact avec des démineurs, ce qui lui a permis de réfléchir à la problématique des véhicules de déminage. C'est là que l'idée de développer lui même une telle machine a germé. Ce fut le début du projet « Digger » avec la conception et la construction d'un char blindé de défrichage, puis celle d'un véhicule de déminage.
Digger est une entreprise humanitaire et non une œuvre chrétienne. Cependant, elle permet à son directeur de combiner l'exercice d'un métier avec celui d'un engagement personnel avec Dieu. Car, pour Frédéric Guerne, Dieu n'est pas une force ou une idée, mais un Père qui agit dans la vie de ceux qui croient en lui. Pour lui, les actions à entreprendre et les défis à relever sont ceux que Dieu lui réserve. Et cela le motive énormément: «Chaque jour, je me demande ce que Dieu attend de moi. C'est une expérience exaltante, un apprentissage fou. Et je me rends compte que, au travers de cette relation, Dieu me construit. Il m'apprend à l'écouter et à lui faire confiance. Ma foi, ce n'est pas une suite de préceptes à suivre, mais une relation semblable à celle d'un enfant avec son père.»

Le Saint-Esprit, un guide et un soutien
Le projet Digger a toujours été caractérisé par de nombreuses incertitudes tout au long de son développement. Pour Frédéric Guerne, le Saint-Esprit est un guide et un soutien auquel faire appel à chaque instant. Il aime raconter cette anecdote. Alors qu’il affrontait des difficultés au début de Digger, son épouse cherchait à trouver dans la Bible un texte pour l’encourager. Elle tombe sur le prophète Esaïe. Et Frédéric de réciter ce texte par coeur : « Voici, je fais de toi un char aigu, tout neuf, garni de pointes. Tu écraseras, tu broieras les montagnes et tu rendras les collines semblables à de la balle. Tu les vanneras, et le vent les emportera, et un tourbillon les dispersera. Mais toi, tu te réjouiras en l’Eternel... Les malheureux et les indigents cherchent de l’eau et il n’y en a point ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, l’Eternel, je les exaucerai... je ne les abandonnerai pas. Je ferai jaillir des fleuves sur les collines... Je changerai le désert en étang et la terre en courants d’eau... » (41, 5-20) « Ce texte, qui d’autre que l’Esprit aurait pu l’inspirer à mon épouse ? » s’exclame-t-il. Ce passage de la Bible le bouleverse. C’est comme si la mission de Digger s’y trouvait résumée ! Ce texte a représenté un soutien extraordinaire dans des prériodes difficiles. « C’est pour moi le rôle essentiel de l’Esprit Saint, s’empresse-t-il d’ajouter. Il me tire en avant dans les moments de galères... et nous en connaissons souvent ! »
Un responsable du Rotary Club s'étonnait un jour: «Ce que vous faites tient du miracle». Mais, l'ingénieur en est certain : pour poursuivre son projet, il n'a pas d'autre choix que de faire confiance à Dieu et de compter sur son aide. Et cela interpelle les personnes qui le voient travailler: «C'est une sorte de témoignage. Les gens sont habitués à entendre du blabla. Lorsqu'ils me voient au travail, ils me demandent souvent pourquoi je fais cela».
Frédéric Guerne est convaincu que l'essentiel de la foi, c'est laisser Dieu agir dans nos vies par son Esprit. Dans son cas, Dieu travaille avec un ingénieur. Mais chacun se trouve dans une situation différente. Ainsi, la foi, ce pourrait être de compter sur Dieu pour s'engager dans la filière «bio»... ou compter sur Dieu pour s'engager dans des projets immobiliers et offrir des prix bas ainsi que des délais tenus...
Claude-Alain Baehler

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