Philippe Bottemane dit avoir répondu à un appel de Dieu. « C’était par téléphone, un 3 décembre, alors que j’étais en déplacement entre Villeneuve et Montreux. Au bout du fil, les Sœurs de Saint-Loup, qui avaient suivi nos cultes en streaming, m’ont demandé si je voulais devenir leur nouveau pasteur. Et moi, j’ai pris cela pour un « Lève-toi et marche ! », et pour un « Toi, suis-moi ! » J’ai ensuite reçu des paroles assez précises et eu la conviction qu’il me fallait répondre positivement à cette interpellation. »
Travail de continuité
Philippe Bottemane, 63 ans, a donc quitté sa communauté évangélique de Châble-Croix à Aigle pour le plateau du Nozon. Et parle d’un travail de continuité : « Mon défi est de créer une nouvelle communauté qui se greffe sur le vécu de la vingtaine de diaconesses. Celles-ci ont été jusqu’à 450 dans toute la Suisse romande dans les années 50. Vous imaginez ? Aujourd’hui, nous voulons intégrer des célibataires, des couples et des familles et continuer à accompagner sur ce site des personnes qui ont soif de retrouver valeur et sens à leur vie. »
En parallèle à la création de cette Communauté et les établissements hospitaliers du Nord vaudois qui quittent les lieux à horizon 2025, un village thérapeutique se dessine autour d’un concept santé intégrant une prise en charge globale de la personne : le corps, l’âme et l’esprit, explique-t-il. De plus, « nous allons également accueillir l’Ecole vaudoise des assistants en soin communautaire, soit 400 à 600 étudiants par jour qui donneront beaucoup de vie à cet endroit. »
Une Parole vivante
Pour l’heure, une équipe de huit personnes – une diaconesse et sept laïques – s’occupe de l’accueil de celles et ceux qui viennent chercher de l’aide, une écoute, une restauration. « Parmi elles, une psychologue, des personnes formées en relation d’aide, et sous la supervision d’une médecin psychiatre », égrène le nouveau pasteur. En ce qui concerne la vie communautaire et au côté des Sœurs, Maya Bottemane et son mari sont d’ores et déjà épaulés par 3 couples et une personne célibataire. « Deux jeunes couples sont en réflexion », indique Philippe, en soulignant que la pierre angulaire du projet est cet Evangile « qui reste une Parole vivante et qui peut guérir. Mais qui reste aussi un chemin sur lequel il faut avancer ! »
Répondre aux désarrois
Pas de triomphalisme dans la bouche de celui qui se remet d’un cancer, mais une foi qui se veut au service de celles et ceux qui vivent « de grands désarrois ». Et le pasteur de souligner que la pandémie a fait émerger « des mal-être profonds ainsi qu’une grande solitude. » Si Saint-Loup est actuellement en phase de « recréation », les diaconesses restent la solide charpente d’un projet qui veut répondre, glisse-t-il, à cette « urgence de vivre », selon les mots de l’écrivain Jacques Attali.
Gabrielle Desarzens