Norbert Valley, qu’est-ce qui vous pousse à vous lancer dans la course au Conseil national dans le canton de Vaud ?
Les difficultés judiciaires qui sont les miennes actuellement m’ont rendu conscient du fait que certains dossiers en Suisse ne changent pas si on ne s’y engage pas. De plus les valeurs fondamentales qui nous habitent comme chrétiens sont mal représentées dans cet espace politique. Je m’y engage donc pour être au service des valeurs chrétiennes.
Pourquoi avoir choisi le PEV (Parti évangélique) ?
Quand j’ai effectué un smartvote, un test en lien avec ma sensibilité politique, j’ai réalisé que j’étais le plus proche des valeurs de ce parti. C’est un petit parti, mais dont les valeurs rassemblent à la fois une éthique sociale et une éthique personnelle qui me conviennent et que je ne trouve pas dans les autres partis. Par exemple, depuis très longtemps, le PEV plaide pour un engagement écologique et affiche un respect de la création. Pour moi, ce n’est pas la grandeur d’un parti qui compte, mais les valeurs qu’il incarne.
Il y a un article de la Loi sur les étrangers, l’article 116, que la justice neuchâteloise utilise actuellement afin de vous condamner pour avoir hébergé et donné à manger à un Togolais débouté de l’asile. Est-ce aussi pour changer cette loi que vous vous lancez dans l’élection au Conseil national ?
Je ne peux pas tolérer que l’exercice de la miséricorde et de la compassion nous soit interdit en Suisse, alors que nous sommes un pays qui se réfère aux valeurs chrétiennes. Il faudra rappeler aux élus fédéraux qu’il faut changer cela. Comment peut-on dire que l’on est chrétien et négliger les gens qui souffrent ? Pour moi, cela ne va pas !
N’y a-t-il pas incompatibilité entre votre fonction de pasteur et votre candidature au Conseil national ?
Non, je ne crois pas ! Il y a parfois une incohérence chez les chrétiens. On prie pour les autorités et on ne veut pas s’en mêler. On a un peu évolué dans les milieux évangéliques et on peut imaginer que les chambres fédérales sont aujourd’hui perçues comme un lieu où l’on peut servir des causes comme la liberté de conscience et la liberté de s’engager.
Quels sont les arguments qui pourraient convaincre un électeur de voter pour vous ?
Les électeurs doivent savoir que je m’engagerai toujours pour le plus faible et pour le respect de la création. Voilà les deux choses les plus importantes ! Si je regarde l’appel de Jésus dans l’évangile de Luc au chapitre 4 : « L’Eternel m’a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance… » Je serai sans complaisance sur ces valeurs !
De mémoire, il y a déjà eu en tout cas un pasteur qui a siégé sous la coupole fédérale, le Zurichois Ernst Sieber (1927-2018) qui a été élu sous les couleurs du PEV. Vous sentez-vous proche de lui ?
Quand nous avons créé l’association SOS Jeunes en 1994, j’ai pris comme référence l’action du pasteur Sieber qui avait lancé une motion au National sur la prise en charge des toxicomanes. C’était un homme qui était prophétique et qui m’a beaucoup inspiré.
Propos recueillis par Serge Carrel