La réalité est accablante : selon un rapport de la Banque mondiale évoqué lors de cette session à New-York, les femmes âgées entre 15 et 44 ans sont aujourd’hui plus nombreuses à décéder de mort violente que du paludisme, du sida ou du cancer réunis.
Inaugurée lundi 4 mars, cette 57e session de la Commission de la condition des femmes est le plus grand rassemblement international jamais organisé pour mettre fin à ces violences, a souligné à son ouverture la directrice exécutive d’ONU femmes, Michelle Bachelet.
Les 6000 participants ont pour objectif d’adopter d’ici vendredi prochain une résolution finale. Celle-ci devrait affirmer que la religion, les coutumes et les traditions ne peuvent servir de prétexte aux violences faites aux femmes, et que les gouvernements ne doivent pas se cacher derrière ces éléments culturels.
Frein de certains pays
L’Iran, la Russie ou même le Vatican hésitent cependant à adopter une telle résolution. Ils la considèrent sans doute comme une ingérence dans la façon qu’ils ont d’administrer leur Etat. Maryam Mojtahedzadeh, conseillère du président iranien Mahmoud Ahmadinejad sur la situation des femmes, a par exemple affirmé devant la conférence qu’il fallait respecter la « diversité culturelle ». La réunion doit avoir pour but de « renforcer les valeurs morales et spirituelles, ainsi que le respect de la dignité humaine et de la diversité culturelle », a-t-elle estimé.
De son côté, la ministre norvégienne de l’Egalité hommes-femmes, Inga Marte Thorkildsen, a déclaré que la violence contre les femmes devait être considérée comme un problème des droits de l’Homme, et que cela n’avait rien à voir avec la culture ou la religion. « Le Vatican, les forces religieuses conservatrices aux Etats-Unis et en Europe, et certains pays catholiques et musulmans se liguent pour empêcher les femmes d’obtenir des droits sexuels », a-t-elle dit à l’AFP en prédisant des négociations difficiles.
Application plus strictes des lois et prévention
De façon concrète, Michelle Bachelet a préconisé l’application plus stricte des lois et des politiques de prévention, comme le recrutement de davantage de femmes policiers, casques bleus ou juges, notamment pour que les cas de viols soient mieux dénoncés. On peut rappeler à ce propos que la réunion se tient dans un contexte de forte mobilisation après l’attaque de talibans contre la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai et le viol collectif d’une jeune indienne en décembre dernier.
Gabrielle Desarzens