En juin dernier, Interaction, l’association faîtière des ONG évangéliques suisses impliquées dans l’humanitaire et le développement, a annoncé l’arrivée de deux nouveaux membres : Worldvision et Medair. Les montants collectés et investis par ce groupe de 26 ONG triple et avoisine dorénavant les 150 millions de francs par an. Marc Jost commente cette évolution.
Que signifie pour Interaction l’arrivée de deux « poids lourds » de l’aide humanitaire et de l’aide au développement comme Medair et Worldvision ?
C’est un développement important pour notre regroupement d’ONG. Avec cette arrivée, les fonds collectés par les organisations membres passent à 150 millions. Nous allons devoir réfléchir aux différentes formes de coopération à mettre en place entre des ONG dont le budget annuel est de 150'000.- et d’autres de plus de 50 millions.
Je pense que les petites ONG proches des milieux évangéliques ont tout à gagner de l’arrivée de ces deux acteurs importants de l’humanitaire. Notamment en matière de compétences et de crédibilité.
L’entrée de Medair et de Worldvision va-t-elle changer vos relations à la Coopération suisse (DDC) ?
Il est difficile de dire pour le moment ce que cela va changer. Mais c’est sûr que l’expérience et les compétences de ces deux ONG vont augmenter l’importance et la qualité de nos échanges avec la DDC.
Espérez-vous obtenir davantage de fonds publics ?
Il est clair qu’aujourd’hui Interaction est un partenaire important de la DDC. A côté de notre travail de sensibilisation, il apparaît qu’un subventionnement plus important de nos ONG membres est pensable. Nous travaillons déjà avec différentes associations. Interaction est membre de la Plate-forme des ONG et entretient de bonnes relations avec Pain pour le prochain. Nous avons déjà travaillé ensemble à la sensibilisation et nous allons poursuivre dans cette voie-là. Mais ces prochaines années, Interaction va développer un profil et une ligne qui lui sont propres.
Les petites ONG qui ont fait Interaction doivent-elles craindre la venue de ces deux « poids lourds » de l’humanitaire ?
C’est vrai qu’il y a des différences énormes entre des ONG qui ont plus de 50 collaborateurs et des ONG dont le directeur est à temps partiel. Personnellement, je pense que les petites ONG ont tout à gagner de l’arrivée de ces « poids lourds » de l’humanitaire, que ce soit dans l’échange de compétences, dans le réseautage… A Interaction, nous n’allons pas changer notre politique ; nous continuons à œuvrer aussi pour le bien des petites ONG.
L’arrivée de ces deux ONG qui ont un profil médiatique plus neutre, va-t-elle atténuer la dimension chrétienne et évangélique d’Interaction ?
Nous avons beaucoup parlé de cela avec Medair et Worldvision. Interaction affiche des bases chrétiennes évangéliques claires. Notamment en souscrivant à la confession de foi de l’Alliance évangélique et à des valeurs qui sont franchement chrétiennes. En entrant dans Interaction, ces deux ONG montrent clairement d’où elles viennent et ce que sont leurs convictions fondamentales. Le modèle qu’est Jésus-Christ et l’importance de l’amour de Dieu pour tout être humain sont au cœur de leurs motivations. Par ailleurs, leur mission, c’est l’aide humanitaire et pas l’éducation théologique ou la proclamation de l’Evangile.
Propos recueillis par Serge Carrel