Quand Christophe Reichenbach s’est converti, à l’âge 18 ans, c’est comme si quelqu’un avait allumé la lumière dans sa vie. « Sans l’intervention de Jésus, j’aurais pu suivre la voie des toxicomanes », confie-t-il. Criblé de piercings, coiffé à la « Edward aux mains d’argent », Christophe Reichenbach était un fan du groupe de rock britannique The Cure, des années 70-80. Un groupe « gothique » et « glauque » comme il le qualifie lui-même.
Un jour, il a été saisi par Jésus-Christ, lors d’un camp de ski avec le groupe de jeunes de l’Eglise évangélique de Lavigny (FREE). « Je voyais ma famille, qui connaissait Dieu, être heureuse. Et moi, je n’avais pas envie de vivre la vie que je menais. Avant d’aller à ce camp, j’ai dit à Dieu : ‘Si tu existes réponds-moi’ ». C’est alors que, là-bas, le prédicateur a prêché sur l’apôtre Pierre. « Il parlait de ma vie, et j’étais hyper mal. Le soir, avec un ami, on ne s’est pas enivrés comme à notre habitude, mais on a discuté ensemble de ce qui s’était passé. Je me suis converti trois jours après. »
Dès lors, Christophe Reichenbach retournait dans les bars pour parler de Jésus à ses amis. Puis, avec des copains, il a commencé la distribution d’une soupe, à Lausanne, et d’invendus de pain et de sandwichs. Cela a duré pendant dix ans, tous les samedis soir. « On voulait partager ce qu’on avait vécu avec les personnes marginalisées, cette population nous touchait ».
Ressentant un appel brûlant pour aider les plus démunis, il s’est ensuite formé à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs, où il a obtenu un bachelor en théologie. Entre 2005 et 2017, il a intégré l’Association rueAcoeur, à Bienne, en tant qu’aumônier de rue. Une ville ou plus de dix pourcents de gens dépendaient de l’aide sociale.
Soigner l’âme des personnes marginalisées
Pour Christophe Reichenbach, l’Eglise est appelée à sortir de ses murs et à engendrer des conversions. « Notre rôle n’est pas de faire du social pour faire du social, car tout le monde peut en faire, mais d’apporter le salut. En effet, il y a toutes sortes d’œuvres qui existent pour aider les personnes marginalisées. Mais il n’y a pas grand-chose pour soigner leur âme et s’occuper de leur vie éternelle », souligne-t-il. D’où le rôle de l’aumônier qui, en allemand, se traduit joliment par « seelsorger » : celui qui prend soin de l’âme. Christophe Reichenbach relève que 80 % des personnes qui commencent à consommer de la drogue ont été abusées sexuellement dans leur enfance. « Le produit, c’est une bouée de secours, c’est mieux que le suicide ! »
Dans les rues de Bienne, Christophe Reichenbach a vu de belles choses se produire. « Deux hommes se tapaient dessus, car ils s’étaient arnaqués. Je priais à l’écart, et la situation a tourné en quelques secondes. Ils s’embrassaient et se réconciliaient », se réjouit-il. Il évoque également la conversion et le changement de vie d’une femme qui se prostituait. « Cette mère avait vécu un drame avec le décès de son mari. Fragile, elle avait commencé de se prostituer à Bienne. Elle est venue à un repas organisé par rueAcoeur, puis a été touchée par la grâce de Jésus, guérie et délivrée. Mais la mafia ne voulait pas la lâcher : des hommes venaient chez elle pour la taper et la violer, afin de la récupérer. Malgré cela, elle a tenu bon dans la foi, car elle avait fait un choix drastique, celui de suivre Jésus. On a prié pour cette situation. Et ces hommes n’arrivaient plus à monter les marches de son immeuble. Ils l’ont laissée tranquille, et la femme a été délivrée de la peur ».
Un travail de longue haleine
Pour Christophe Reichenbach, le travail d’un aumônier de rue est un travail de longue haleine. « Il faut être endurant, car on voit peu de fruits, explique-t-il. Il y a ceux qui vont en thérapie, qui s’en sortent et ne donnent plus de nouvelles, car ils veulent couper avec leur ancienne vie. Et nous, les aumôniers, nous faisons justement partie de leur ancienne vie. Puis il y a ceux qui donnent leur vie au Christ, mais qui continuent de consommer de la drogue, ou alors qui décèdent. D’autres ne veulent pas se faire aider. Pour être témoin du Christ, on a besoin de la puissance du Saint-Esprit. Pour toucher les personnes marginalisées, on a besoin que le miraculeux fasse partie de notre ministère. », relève-t-il.
Et du miraculeux, Christophe Reichenbach en a expérimenté, notamment avec une multiplication de pains à la période où il distribuait la soupe le samedi soir, à Lausanne. Il raconte : « On arrive à la boulangerie pour chercher les invendus de pain. Mais il n’y avait presque rien, juste un demi-sac. Nous l’avons emporté, puis nous avons coupé les pains en petits morceaux et commencé la distribution. En fin de soirée, il nous en restait encore. On a demandé aux gens de refaire la queue. Puis, à mesure que je plongeais ma main dans le sac, le pain ne diminuait pas. Tout le monde a pu manger à satiété et, à la fin de la soirée, il restait exactement un demi-sac de pain. On l’a offert à l’Armée du salut », sourit-il.
Ce dernier cite les propos de l’apôtre Paul : « Mes paroles et ma prédication ne reposent pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance » (1Co 2.4). « On a besoin d’expérimenter le royaume. On s’est perdu avec des théories, alors que l’Eglise a besoin de vivre des miracles », conclut Christophe Reichenbach qui, par la suite, s’est senti appelé à implanter une Eglise. En 2017, il a fondé le Gospel Center de Gland, une Eglise membre du mouvement Gospel Wave et de la FREE.
Site internet de l'association rueAcoeur : https://www.rueacoeur.ch/français/