Des mausolées renaissent de leurs cendres à Tombouctou. Pas les églises

vendredi 24 juillet 2015

A Tombouctou, au Mali, des mausolées détruits en 2012 par les islamistes radicaux ont été reconstruits. Cette initiative a une valeur symbolique forte contre les extrémistes et réjouit les chrétiens sur place. « Mais nos églises ne sont toujours pas remises en état », déplore vendredi 24 juillet le pasteur Bouya.

[audio]http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/juste-ciel/6946840-des-mausolees-renaissent-de-leurs-cendres-a-tombouctou-24-07-2015.html?f=player/popup

Huit mausolées sur les 14 que les djihadistes du groupe islamiste Ansar Dine avaient saccagés en 2012 ont été reconstruits à Tombouctou. Ces sites abritent 333 saints, qui sont vénérés par de nombreux musulmans, notamment des soufis.
Ces monuments funéraires réhabilités viennent d’être inaugurés en présence d’Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO. Ces travaux s’inscrivent dans un programme global de sauvegarde du patrimoine qui comprend aussi des manuscrits datant pour beaucoup du 13è et 14è siècle et qui ont également été la cible des extrémistes musulmans. Joint à Bamako, la capitale du Mali, le pasteur Yattara Mohamed Ag Mossa, dit pasteur Bouya, déplore toutefois que le gouvernement ne s’occupe pas aussi de la minorité chrétienne : « Nos églises et nos logements ont été également saccagés à Tombouctou et ne sont toujours pas fonctionnels », indique-t-il vendredi 24 juillet.

Contre-discours à l’adresse des radicaux

Irina Bokova a rappelé cette semaine l’importance de ces reconstructions de mausolées pour « la culture de la paix » et « le respect de la diversité culturelle ». Ces réhabilitations symbolisent en fait un contre-discours à l’adresse des radicaux musulmans. Pour Pierre Boilley, historien français et directeur de l’Institut des mondes africains, ces sites sont d’ailleurs importants aussi dans leurs dimensions humaines et religieuses : il y a selon lui l’idée de renouer avec un islam plus humain, tolérant et non fanatique qui se pratique à Tombouctou depuis des siècles. « Avant l'arrivée d'Ansar Dine, on vivait en bonne intelligence avec les musulmans de la ville, car l'islam était tolérant », confirme le pasteur Bouya. Des musulmans l’avaient d'ailleurs aidé à fuir la ville de Tombouctou en 2012, lui et sa communauté.
Rentré à Tombouctou en 2013, il avait mis sur pied une aide d’urgence à la population, coordonnée avec des chrétiens, puis organisé un vaste projet de maraîchage. Ces initiatives ont bénéficié à de nombreuses familles musulmanes, dit-il. « On m’a alors accusé de vouloir convertir les gens au christianisme par ce moyen et j’ai été menacé de mort. » Replié depuis janvier 2015 à Bamako, le pasteur espère pouvoir retourner bientôt à Tombouctou où les deux tiers de sa communauté ont repris leur vie quotidienne.
En 2012, les combattants d'Ansar Dine (ndlr : qu'on peut traduire par « Défenseurs de la religion ») disaient vouloir « égorger tous les chrétiens de Tombouctou. »

Des adeptes du takfirisme

Les destructions et menaces de 2012 relèvent de ce qu’on appelle le takfirisme : les takfiris sont des extrémistes islamistes adeptes d’une idéologie violente. Pour eux, les musulmans qui ne partagent pas leur point de vue sont des apostats, soit des infidèles, et donc des cibles légitimes pour leurs attaques. Les combattants takfiris pratiquent la profanation de tombes, la destruction de mausolées et de lieux de culte à des fins de « purification »... et ils commettent des atrocités, parfois filmées, utilisées pour intimider et terroriser les populations. Les combattants d’Ansar Dine comme d’ailleurs ceux de Daech s’inscrivent de façon manifeste dans cette logique.
L’islam est la religion principale du Mali. Les catholiques, protestants et animistes représentent 10% de la population.

Gabrielle Desarzens
Ecouter la chronique de RTS La Première sur le sujet

 

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