En janvier dernier, Yarsolav Pyzh, le président du Séminaire théologique baptiste ukrainien, déclarait au magazine Christianity Today : « Si la Russie envahit, elle envahira la partie orientale, la partie nord et un peu au sud. […] Les Eglises se sont déjà concertées. Celles qui se trouvent dans la partie occidentale de l'Ukraine ont dit à nos sœurs et frères d'autres parties de l'Ukraine : ‘Si quelque chose se passe, nous ouvrirons nos maisons et nos Eglises pour vous’ ».
Et Yarsolav Pyzh ajoutait, à propos d’une possible persécution des chrétiens ukrainiens : « Vous devez comprendre qu'historiquement, nous avons déjà vécu cette expérience sous l'Union soviétique. […] Je pense que nous allons nous réorganiser et faire ce que nous avons toujours fait, c'est-à-dire proclamer l'Evangile ».
Interrogé à ce sujet, Philippe Fonjallaz, le directeur de Portes ouvertes pour la Suisse, réagit avec prudence : « La Russie n’est pas l’Union soviétique ; et un retour à la situation qui prévalait à l’époque de l’URSS est hautement improbable ».
Des signaux inquiétants
Cependant, l’évolution depuis 2014 de la situation au Donbass, une région de l’est de l’Ukraine partiellement contrôlée par la Russie, présente des signaux d’alarmes pour les Eglises non Orthodoxes. « Elles ont subi des pression visant à les obliger à s’enregistrer, explique Philippe Fonjallaz. Ensuite, beaucoup n’ont pas reçu les autorisations demandées. Et celles qui se sont réunies malgré tout ont subi des attaques : descentes de police, fermetures, pasteurs amendés, littérature chrétienne interdite. » La situation dans le Donbass laisse présager de ce qui pourrait advenir dans les régions d’Ukraine occupées par la Russie.
A l’époque de l’Union soviétique, toutes les Eglises était persécutées par l’état. Actuellement, en Russie, les Eglises orthodoxes sont épargnées, mais les autres souffrent. Les Eglises orthodoxes, relativement politisées et nationalistes, entretiennent des liens forts avec les pouvoirs politiques en place. Par contre, les Eglises protestantes sont généralement perçues comme une concurrence importée de l’Occident, dangereuse pour la culture russe. Si la Russie occupe l’Ukraine, c’est ce modèle de persécutions qui risque de se développer.
Un futur imprévisible
« L’évolution de la situation en Ukraine montre que les choses peuvent évoluer très rapidement, relève Philippe Fonjallaz. Rien n’est établi de façon sûre et certaine. Et le respect de la liberté religieuse, qui est un droit fondamental, est un bon indicateur du respect des droits de l’homme dans un pays. »
Selon le directeur de Portes ouvertes, l’évolution de la situation des Eglises en Ukraine est imprévisible à l’heure actuelle : « La meilleure chose à faire actuellement, c’est de prier pour la paix dans cette région et de soutenir les organisation d’entraide qui s’engagent dans le pays. Les chrétiens sont appelés à promouvoir la paix et à soutenir les personnes qui souffrent dans ce conflit ». Quant à l’organisation Portes ouvertes, elle travaille en priorité dans quelque septante pays où les chrétiens sont les plus persécutés. Ce n’est pas – ou pas encore – le cas en Ukraine.
Deux article publiés sur le site internet de Portes ouvertes :
● « Crimée : chrétiens protestants punis par la loi russe sur la religion »
● « Ukraine : les chrétiens protestants bientôt dans la clandestinité ? »