Cela fait trois semaines qu’il pleut à Tuléar – mais n’est-on pas en saison des pluies ? – quand, le 18 février, on annonce la naissance de la dépression tropicale « Haruna » dans le canal du Mozambique. En 4 jours, il devient cyclone et atteint les terres par la ville construite au niveau de la mer. Durant la matinée du vendredi 22 février, les vents atteignent 220 km/h et provoquent des vagues de 6 mètres. En quelques heures, il tombe plus de 400 mm de pluie !
Le pasteur Barijaona nous tient au courant de la situation, mais l'électricité n'est pas souvent au rendez-vous et les liaisons sont difficiles. Le samedi matin, de nombreuses personnes quittent leur demeure pour reprendre leurs occupations. C'est alors que la crue du fleuve Fiherenana, qui passe au nord de la ville, fait éclater la digue de protection. Une énorme vague se jette sur les quartiers voisins et pénètre profondément dans la ville. Elle détruit les cases et emporte tout leur contenu. Des enfants restés seuls à la maison sont portés disparus ! A ce moment, la ville de 180'000 habitants est à 80% sous les eaux ; par endroits, elles atteignent 1,5 m.
Une situation dramatique
Bon nombre d’églises sont construites en jonc et ne résistent pas à la violence des vents. Les communautés font des efforts financiers considérables pour construire leurs bâtiments en dur, mais les pluies ont raison des murs de briques séchées au soleil. De plus, plusieurs bâtiments en construction – en briques cuites ou en parpaings – sont malmenés par la pluie et par les rafales de vent qui renversent les murs.
Dans un village, l'église sert de refuge aux habitants dont les maisons sont détruites. Pour ces familles – le pasteur Barijaona en dénombre déjà 118 parmi les membres des CEIM – la situation est dramatique. Elles ont perdu leur habitation, et tous leurs maigres biens : nourriture, ustensiles de cuisine, meubles, habits. Des pasteurs sont au nombre des victimes.
Le pasteur Barijaona dresse aussi une liste de onze Eglises situées le long des côtes du Canal du Mozambique dont il est sans nouvelles, et cela l’inquiète. Les communications sont très difficiles. Les routes et l'électricité sont coupées. Le téléphone ne fonctionne pratiquement plus. Selon les médias, tous les villages de la côte sont inondés par les vagues. Les rizières et les champs – ceux de maïs en particulier – sont irrécupérables.
« Dieu merci, dans les Eglises dont nous avons des nouvelles, il n'y a pas de pertes en vies humaines, mais d'énormes dégâts matériels, conclut le pasteur Barijaona. Merci beaucoup de porter avec nous nos souffrances et de prier pour nous. Que Dieu vous bénisse ! »
Le passage d'un cyclone est déjà une chose terrible en soi, mais la période qui suit est encore pire. Des maladies telles que le choléra, des diarrhées et le paludisme ne vont pas tarder à faire leur apparition, à cause de la pollution du réseau d'eau potable et du climat tropical.
Cette situation n'a pas laissé la Mission évangélique indépendante de Madagascar (MEIM) indifférente ! D'entente avec le pasteur Barijaona, elle a débloqué une première somme de 6 millions d'Ariary (environ 2’700 francs) pour l’achat de produits de première nécessité. En attendant l’arrivée des secours, ces fonds viennent s'ajouter aux petits dons que les Eglises récoltent parmi leurs membres, malgré leur pauvreté et les dégâts subis.
Francis Margot