Halloween a été introduite en Europe francophone principalement pour des raisons commerciales ; il fallait bien quelque chose pour stimuler la consommation entre la rentrée scolaire et Noël, et vendre des déguisements et des bonbons fait bien l’affaire des magasins. Si sa popularité fluctue et qu’elle est moins omniprésente dans les commerces, il faut tout de même s’attendre à voir quelques enfants déguisés en squelettes, sorcières et autres zombies frapper à nos portes pour obtenir des sucreries. On peut trouver un aspect sympathique aux liens de voisinage que ces visites créent. La teneur de la fête mérite cependant quelques questions.
Des origines entremêlées
Les origines de la fête sont entremêlées. Géographiquement elle est fêtée d’abord en Irlande, dont elle suivra les émigrés aux États-Unis, où elle prendra sa forme actuelle avant d’être disséminée par les productions culturelles et le commerce. Étymologiquement, elle est liée à la fête catholique de la Toussaint dont elle marque la veille (All Hallow’s Eve en anglais). Un lien est souvent fait avec la fête gaëlique de Samain, qui marquait un changement d’année et était vue comme temps où la frontière entre le monde des morts et des esprits et celui des vivants se brouillait.
La Toussaint, fixée au VIIIe siècle, a-t-elle été introduite pour faire concurrence à un reste de croyance druidique, qui aurait ensuite ressurgi sous forme d’Halloween? Ou bien l’amalgame d’Halloween avec Samain est-il une fiction du XIXe siècle pour alimenter le sentiment national irlandais et fabriquer un lien avec un passé païen idéalisé ? Même si Samain n’était pas à l’origine première de la fête, sa forme moderne a clairement intégré la présence de la mort, de la peur et des forces magiques.
Jouer à se faire peur
Pourquoi alors mettre ainsi la mort à l’honneur ? C’est certainement dans la logique de jouer à se faire peur, et aussi de conjurer la peur de la mort en en faisant un objet de ridicule. D’une certaine manière, c’est une solution de dernier recours face à une réalité qui nous angoisse et qu’on ne peut éliminer. C’est essayer de dire «même pas peur !» à la mort. Mais la mort est une réalité trop sérieuse pour qu’on s’en amuse. Face à la séparation permanente de ceux que l’on aime, plaisanter tient du mauvais goût.
Une espérance véritable
En même temps, face à la mort une espérance véritable vaut mieux qu’une désinvolture de façade. Comme chrétien, je crois que la mort est réellement vaincue. À Pâques, Jésus de Nazareth est sorti de la tombe. Affrontant la mort sur son terrain, il en a brisé les liens. Il offre une vie nouvelle et éternelle à tous ceux qui croient en lui. La mort est trop néfaste pour que l’on plaisante avec elle, mais Jésus-Christ offre une victoire sur elle, qui permet en vérité de ne plus la craindre.
D’une certaine manière, Halloween est une fête de mauvais goût. Si elle interroge notre rapport avec la mort, je crois surtout que la foi chrétienne a bien mieux à proposer, une espérance solide plutôt qu’une farce. Alors, Halloween ou Pâques ?