« Quel journalisme évangélique dans l’espace public ? » par Serge Carrel

vendredi 25 janvier 2019 icon-comments 1

Un engagement au Togo pour la formation des journalistes des radios évangéliques d’Afrique francophone et les 20 ans de l’émission Hautes Fréquences sur RTS La Première, c’est l’occasion pour Serge Carrel de montrer que, dans les deux situations, le journalisme évangélique demande audace et professionnalisme.

Dans notre quotidien, il est des collisions d’expériences qui donnent à réfléchir sur notre pratique. La semaine dernière, j’étais l’un des animateurs du Séminaire de formation des radios évangéliques d'Afrique francophone à Lomé au Togo, un rassemblement de plus d’une centaine de personnes à l’instigation de Radio Réveil à Bevaix (NE). L’occasion de rencontrer des journalistes, des animateurs et des techniciens de la centaine de radios qui se définissent comme évangéliques en Afrique francophone. Dimanche soir dernier, RTS Religion marquait sur les ondes de La Première à 19h les 20 ans de Hautes Fréquences, l’émission-phare de l’équipe des émissions religieuses de la radio de service public.

En Afrique francophone comme en Suisse, quelle présence ?

Dans les deux situations, l’occasion de s’interroger sur la présence dans l’espace public des journalistes évangéliques. En Afrique francophone, les radios confessionnelles évangéliques ont le vent en poupe. Elles font dans leurs programmes une large place à la prédication de l’Evangile, aux reportages concernant les Eglises et à la musique chrétienne. Elles jouent un rôle important à l’intérieur de l’Eglise ou des Eglises, mais aussi dans l’espace public pour encourager l’émergence d’une identité et d’une réflexion communes sur les grandes questions du moment. En Suisse romande, de par l’engagement œcuménique et interreligieux de l’équipe des émissions religieuses et de par la disparition de la légitimité de la voix chrétienne au sein de la société, la posture de RTS Religion flirte davantage avec la sociologie religieuse qu’avec un regard chrétien sur la société. Pour preuve la présence dimanche soir d’un sociologue, Philippe Gonzalez, spécialiste des médias et du religieux, et non d’un théologien chrétien particulièrement affûté sur la manière de positionner la foi chrétienne dans un contexte pluraliste.

Professionnalisme et audace plus que jamais à l’ordre du jour

Dans cette collision d’expériences aux antipodes : une convergence. D’un côté des radios évangéliques africaines qui cherchent à déployer un discours public qui permette de quitter le « tout Eglise » et de rejoindre un maximum d’auditeurs, notamment en limitant « Jésus » à 30 pour cent des programmes et en laissant une place importante aux thématiques de développement, à un Evangile holistique et intégral (voir la Déclaration de Lomé et l’interview d’Alphonse Teyabe). Du côté suisse, des Eglises qui promeuvent – puisque les journalistes sont salariés par les Eglises et les frais de production payés par la RTS – un discours d’analyse du fait religieux à partir de perspectives et de valeurs chrétiennes, un discours légitimé par l’histoire de la Suisse romande et par une société qui cherche à comprendre le religieux, sans développer d’affiliation à une quelconque chapelle.

Dans ces deux contextes bien différents, le journalisme évangélique a sa place. En Afrique francophone comme en Suisse, il demande professionnalisme et audace. Il s’agit de sortir des voies toutes tracées des convictions molles et non articulées, pour chercher et exprimer un regard sur le monde marqué par les valeurs et l’espérance que le Christ fait naître au cœur de nos vies. Dans les deux cas : un véritable « challenge », comme on dit aujourd’hui !

Serge Carrel
Journaliste responsable de lafree.info
Ancien journaliste à Radio Réveil et à l’émission Hautes Fréquences de RTS Religion

1 réaction

  • Malick vendredi, 25 janvier 2019 18:01

    Formidable aubaine de pouvoir en profiter.

Opinion - avertissement

Les signataires de ces textes sont soit des membres de l’équipe de rédaction de lafree.ch soit des personnes invitées.
Chacun s’exprime à titre personnel et n’engage pas la FREE.

Publicité

Twitter - Actu évangélique

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Ven 03 novembre 2023

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !