« La loi du père »

(réd.) lundi 09 mars 2020

Marquée par un père tyrannique, la romancière et essayiste française Cécilia Dutter parle dans son dernier ouvrage de transmissions toxiques que lʹon peut dépasser et transcender par la foi et la spiritualité. Elle était l’invitée de Gabrielle Desarzens dimanche 8 mars dans l’émission Babel, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

Le huis clos familial renferme beaucoup d’affects, de susceptibilités, d’attentes... et c’est un haut-lieu de pouvoir, du moins selon l’auteure et essayiste française Cécilia Dutter. Son dernier livre, « La loi du père », paru aux éditions du Cerf, épingle ainsi un père violent, tyrannique. Dans son prologue, elle cite ces deux mots de la Genèse : « Au commencement »... pour dire que dès notre naissance se forge notre conception de l’existence, fruit de notre tempérament, mais aussi des croyances léguées par notre éducation et notre environnement. « Néanmoins, un commencement est possible à chaque instant de notre vie, écrit-elle. Mais avant de quitter l’ancien pour s’ouvrir au nouveau et renaître à soi-même, encore faut-il aller explorer ses origines pour prendre conscience de tout ce qui nous habite et transformer cet acquis en lui donnant du sens. »

Un chemin de résilience

Cécilia Dutter a été l’invité de l’émission Babel dimanche 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Son récit-témoignage s’inscrit à sa façon dans le courant de la libération de la parole féminine. Au micro de Gabrielle Desarzens, l’auteure indique avoir écrit ce dernier ouvrage dans l’idée d’un chemin de résilience, et non pas dans une veine d’accusation ou de victimisation. « A la mort de mon père, je me suis effondrée et je n’ai pas compris ce qui m’arrivait, alors que j’avais tenu cet homme à distance et qu’il ne prenait que peu de place dans ma vie d’adulte. Mais j’ai compris que je pleurais beaucoup plus cette petite fille éplorée que j’avais laissée 50 ans en arrière. Progressivement, je suis remontée à la source de mon histoire et à la source de sa propre histoire. Et j’ai alors réussi à renouer un dialogue spirituel avec ce père que j’avais si mal compris et qui m’avait si mal comprise. »

Dieu, un socle de solidité

La prière a beaucoup aidé la romancière à trouver la paix. « Et le pardon. Qui a été extrêmement libérateur. » Pour elle, tout un chacun a le droit de se construire harmonieusement, même s’il a connu dans son enfance une grande disharmonie. « Et on a tous les ressources pour le faire, mais la foi est certainement une ressource supplémentaire. » Cécilia Dutter indique d’ailleurs avoir compris qu’elle pouvait trouver dans « le Père avec un grand P, le Père céleste », le socle de solidité que ne lui offrait pas, ou ne lui avait pas offert le père terrestre, si défaillant. Elle témoigne aujourd’hui de l’œuvre « de résurrection du pardon » dans sa vie : « Il n’est jamais trop tard pour pardonner à ceux qui nous ont fait du mal », estime-t-elle.

(Réd.)

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