Ce sont des tableaux de même dimension A4 et qui s’égrènent dans toute la palette des bleus. « Mon âme est triste à en mourir », « Humilié et battu », « Frappé et méprisé » : les titres accompagnent des peintures où les personnages n’ont pas de visage, mais qui traduisent à chaque fois une scène biblique. « En général, dans la peinture, je trouve une détente, et quelque chose qui me façonne, indique explique Sœur Françoise. Car je m’inspire toujours de la Bible. » Dans le cas précis, la septuagénaire s’est plongée dans l’humiliation, dans le doute aussi du Christ. « Mais qui s’est relevé. Et quand il dit à ses disciples ‘Levez-vous, allons à Jérusalem’, comme dans Matthieu 26 :46, c’est un homme qui a douté, qui a été dans l’angoisse, mais qui est un homme libre désormais, estime-t-elle. Quand je médite ces versets, je comprends que lâcher prise, s’abandonner, peut devenir un chemin de joie ! »
La Bible, un moteur
La Sœur regarde ses tableaux. S’arrête devant l’un de ses préférés, celui où elle a représenté le centurion qui dit : « Certainement celui-ci était fils de Dieu » (Marc 15 :39 ndlr). Elle commente : « C’est la profession de foi de l’incroyant qui me touche beaucoup. Car là d’où je viens, il y a beaucoup d’athées, d’agnostiques. » Elle ne dira pas beaucoup plus de sa trajectoire personnelle, si ce n’est qu’elle vit à Grandchamp depuis plus de 40 ans. Et qu’elle a vécu comme un chemin de Damas, à l’âge de 25 ans, à Marseille, auprès de membres de sa famille qui étaient évangéliques. « J’ai reçu là une Bible. J’ai vécu à sa lecture un éblouissement, une sorte d’état de grâce qui a duré deux ans. Aujourd’hui, elle reste mon moteur. Qui me rappelle qu’après la journée terrible de Vendredi saint, il y a la résurrection. C’est très libérateur pour nos vies, vous ne trouvez pas ? »
Gabrielle Desarzens
Les tableaux de sœur Françoise sont à voir jusqu’au 12 avril. Pour toute visite, s’annoncer à l’avance au 032 842 24 92.