« I’m free to jump, free to dance... »... Michael W. Smith était à l’Arena de Genève, le 5 octobre dernier. A la fin de son concert, il arpente la scène de gauche et de droite. Il saute, il danse tout en chantant sa liberté en Christ. Véritable bête de scène, à même de passer de la chanson intimiste, seul à la guitare, à la prestation rock particulièrement musclée avec son groupe, il est bien loin de se ménager devant un public en liesse et, en même temps, très recueilli.
A l’hôtel, durant l’après-midi qui précède le concert, la plus grande star actuelle de la scène chrétienne américaine se confie. « Si je n’avais pas été musicien, j’aurais travaillé parmi les enfants ou les jeunes. Je serais devenu animateur-jeunesse dans une Eglise. Et peut-être le plus vieux du monde... » Michael W. Smith est facile d’accès. Une casquette vissée sur la tête, il ajoute : « Je parviens toujours à m’identifier aux jeunes. J’ai fait passablement d’erreurs quand j’avais cet âge-là. Aujourd’hui, peut-être m’a-t-il été donné un peu de sagesse à partager avec certains d’entre eux ! »
Pas de « tartinage » mais du concret !
Michael W. Smith ne se contente pas de « tartiner » un discours convenu. Dans son quotidien, il s’engage pour les jeunes. Localement d’abord. Domicilié dans la banlieue de Nashville (Tennessee), il est un jour frappé par ces ados qui « glandent » en soirée au volant de leurs voitures. Conscient du fait que les jeunes n’ont pas d’endroit où se rassembler, le chanteur aux 10 millions de CD vendus entrevoit un centre, avec un immense skate-park en intérieur, une scène musicale et un endroit où boire des cafés. « Parce que les jeunes américains aiment beaucoup le café », complète-t-il.
Aujourd’hui, ce centre s’appelle « Rocketown ». Il occupe une superficie de 12’000 m2 dans la banlieue de Nashville. Il accueille à l’année 150'000 jeunes et il est géré par des personnes compétentes dans l’animation parmi la jeunesse. « Rocketown n’est pas ouvertement chrétien, explique Michael W. Smith. Tous les jeunes y sont les bienvenus. Ils trouvent là une sécurité qui nous permet de répondre à leurs besoins sociaux d’abord, mais aussi spirituels. »
Fidèle à « Rocketown »
La pop star visite régulièrement « Rocketown ». « Je n’y vais pas chaque semaine, mais en tout cas chaque fois qu’il y a quelque chose de spécial ou un concert qui intéresse mes propres ados. » Père de cinq jeunes adultes, il aime alors déambuler dans le centre, parmi des jeunes qui ne le connaissent pas. « Je trouve cela très bien, ajoute Michael W. Smith. Cet anonymat partiel me permet de rester dans le vent de ce qui se passe parmi les jeunes. » A l’origine de ce projet de centre, Michael W. Smith garde un pied dans la gestion de l’endroit. Il est toujours membre du comité de direction de « Rocketown ».
La pop star de Nashville ne se récuse pas quand on lui demande s’il aime ce rôle de grand frère qu’il joue à la fois dans sa région et sur les scènes du monde entier. « J’espère simplement que je ne suis pas trop mauvais dans ce rôle ! », sourit-il. Elevé par des parents engagés dans la foi chrétienne, il connaît à 18 ans le monde de la toxicomanie. Pendant 4 ans, il consomme des drogues douces et de la cocaïne. « C’est toujours difficile pour moi, relève-t-il, d’admettre que je suis passé par là ! » En 1979, il est en crise. Il connaît la dépression. Dans cette période sombre de sa vie, Dieu le visite. « Un jour, j’ai vécu une expérience surnaturelle, très difficile à expliquer, raconte-t-il. Je me suis retrouvé prostré pendant des heures sur le sol de ma cuisine. Dieu était comme descendu dans ce lieu. Il avait pris tout le poids qui pesait sur mes épaules et, depuis lors, je n’ai plus jamais été le même ! »
La joie authentique : pouvoir donner un peu de soi aux autres !
Après ce qu’il a vécu durant son adolescence, Michael W. Smith considère donc comme son devoir de partager sa vie avec les jeunes qui sont prêts à l’écouter. Par ses chansons, ses concerts et ses livres, il montre que c’est une aventure extraordinaire de suivre le Christ. « Pour moi, ajoute-t-il, la véritable joie dans la vie, ce n’est ni de vendre des millions de disques, ni d’être une star ! C’est de pouvoir donner un peu de soi-même à d’autres ! » Au travers du centre de « Rocketown », tout comme au travers du soutien qu’il apporte au parrainage des enfants déshérités du Sud.
Serge Carrel