Une lueur d’espoir existe au bout de chaque tunnel. Et ceci même si le tunnel en question porte le nom de dépression, burn-out, trouble anxieux ou bipolarité. C’est la conviction d’Emmanuelle De Keuster, 44 ans, qui a elle-même traversé deux épisodes de décompensation psychique en 2007 et 2014. Depuis, cette femme de pasteur, mère de famille et assistante en pharmacie tient à partager un message d’encouragement et de compassion aux personnes touchées par une maladie psychique.
Un trio porteur d’espoir
Musicienne et compositrice, Emmanuelle a monté le groupe Lueur d’espoir, constitué d’une amie chanteuse (Floriane Studerus), d’un saxophoniste (Nicolas Borgognon) et d’elle-même au piano. A Noël 2021, le trio a donné un premier concert à la Maison Béthel, à Blonay. Cet établissement appartenant à la Fondation Praz-Soleil (FREE) propose de courts et moyens séjours pour des adultes psychiquement fragiles. « Au début de la rencontre, je dis que notre groupe est chrétien et je donne mon témoignage. Mais notre message est davantage un message d’espérance que d’évangélisation », précise-t-elle.
Beaucoup de sensibilité
Même en ayant connu la maladie, Emmanuelle observe qu’il faut beaucoup de sensibilité pour rejoindre des personnes en proie à un profond mal-être : « On souhaiterait qu’elles aillent rapidement mieux, et on peut vite avoir des phrases déplacées ». La quadragénaire se souvient qu’au plus fort de ses décompensations, même lire la Bible n’était pas forcément une aide. Mais elle continuait à parler à Dieu et à proclamer qu’il était au contrôle de tout dans sa vie.
« Avec ton vécu, tu as autre chose à apporter »
La musique a toujours occupé une place importante dans la vie d’Emmanuelle. Il y a quelques années, elle a sorti un CD de louange mais après son deuxième épisode de dépression, une réflexion de son beau-frère l’a interpellée : « Avec ton vécu, tu as autre chose à apporter à travers tes compositions ». En effet, Emmanuelle a pris conscience qu’elle avait besoin de s’exprimer sur son vécu de souffrance psychique. Autour d’elle, d’autres chrétiens venaient lui confier leur fragilité à ce niveau-là. La musicienne s’est donc lancée dans la composition d’un deuxième CD, qu’elle a financé grâce à une course sponsorisée. Comportant cinq titres et le témoignage d’Emmanuelle, ce disque est offert à l’issu des concerts.
Un sujet encore un peu tabou
« Dans le milieu chrétien, la maladie psychique reste encore un peu taboue. Elle peut être associée à un problème spirituel, ce qui n’est de loin pas toujours le cas », relève Emmanuelle. D’ailleurs, ajoute-t-elle, la maladie psychique n’est pas non plus comprise dans la société, elle fait souvent peur. « Pourtant, cette maladie peut nous tomber dessus même si on est quelqu’un de fort », commente la femme de pasteur.
Faire chanter les malades
Plusieurs hôpitaux psychiatriques contactés par Lueur d’Espoir se sont dit intéressés par un concert du groupe, mais le projet a été mis en stand-by en raison de la pandémie. Le trio aimerait également jouer pour des jeunes en reconstruction après une hospitalisation psychiatrique. « Notre but serait aussi de prendre des chants connus du grand public pour que les gens puissent chanter avec nous. Lors de ma deuxième hospitalisation, j’ai souvent chanté du Goldman avec un autre patient. Cela faisait passer le temps et nous faisait du bien ».
Sandrine Roulet