Ancien secrétaire général des Groupes bibliques universitaires en France, et directeur de l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs à Saint-Légier, Frank Horton est décédé le 6 février 2021, peu avant son 96e anniversaire. Le service funèbre a eu lieu le 11 février dans le temple réformé du Mont-sur-Lausanne.
Frank Horton est né le 10 mars 1925 à la station missionnaire de Kalene Hill, en Zambie, appelée alors la Rhodésie du Nord. Ses parents, des missionnaires étasuniens, travaillaient à Kavungu, dans le Haut-Zambèze de l’Angola. Il passa son enfance entre Kavungu et une école pour enfants de missionnaires proche de Kalene Hill.
Surnommé « Moinawa Micello » – « celui qui rit tout le temps » – par les Africains, Frank quitte l’Angola en 1940 pour poursuivre ses études en Afrique du Sud. Après l’école secondaire, il entame des études d’ingénieur civil à la Kriptown University. Son engagement dans l’association des étudiants chrétiens de l’établissement lui permet de s’inspirer de l’exemple d’étudiants chrétiens « hors classe », selon ses mots.
Le 17 août 1945, jour officiel de la fin de la Seconde guerre mondiale, Frank reçoit un ordre de marche de l’armée américaine et doit interrompre ses études. Il sert dans les bureaux de l’administration militaire au Maroc, puis en France et dans toute l’Europe d’après-guerre.
L’appel de l’Europe francophone
Le Foreign Office de l’ambassade des Etats-Unis à Paris recommande Frank Horton en vue d’une carrière diplomatique. Cela déclenche une crise personnelle et spirituelle chez le jeune homme, l’obligeant à chercher la volonté de Dieu pour sa vie. Il embarque alors pour Chicago et reprend ses études au Nordwestern Institute of Health and Technology. Il obtient son diplôme en juin 1950, non sans avoir fait la connaissance de la secrétaire itinérante des Groupes bibliques universitaires (GBU), Anne-Marie Béguin, fille bilingue de parents suisses. Le mariage a lieu à Philadelphie, en octobre de la même année.
Frank travaille comme ingénieur et Anne-Marie comme secrétaire, et tous deux contribuent, en l’absence d’un pasteur, à la vie d’une petite Eglise évangélique. Cette expérience conduit Frank à suivre des études de théologie durant lesquelles le couple reçoit un appel de Dieu pour l’Europe francophone.
En 1952, le couple s’installe à Paris et Frank devient secrétaire général des GBU de France. Frank et Anne-Marie se consacrent particulièrement à la formation des cadres français du mouvement. Ils donnent des études bibliques et organisent des camps de formation. Le couple accueille également deux fils, Paul et Geoffroi, qui sont devenus médecins et se sont établis en Suisse.
En 1964, René Pache, le directeur de l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs alors situé à Vennes-sur-Lausanne, invite le couple en Suisse romande. Frank est engagé comme professeur et, en 1971, il remplace René Pache à la direction de l’école. Durant vingt ans, jusqu’à sa retraite, Frank Horton dirige l’établissement, conduit son déménagement à Saint-Légier, maintient son unité durant la controverse charismatique qui secoue les Eglises dans les années 70. En même temps, il participe à la création de la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, puis à la création du Mouvement de Lausanne.
Lorsque Dieu donne d’engendrer spirituellement
En 1991, Frank Horton s’engage dans une retraite active. Il continue de donner certains cours à l’Institut Emmaüs, prêche dans différentes Eglises, participe à des conventions, écrit des articles et s’engage dans une Eglise internationale à Lausanne. En 2009, il a la joie de participer à un congrès à Kuito, en Angola. Celui-ci est organisé par l’œuvre missionnaire dans laquelle ses parents avaient travaillé : 600 délégués, représentant 500’000 croyants et 2000 assemblées locales, manifestent leur reconnaissance envers Dieu en honorant la mémoire des pionniers.
En 2017, Frank Horton a la douleur de perdre son épouse. Au bord de la tombe, il la salue : « Au revoir. A bientôt. Ce ne sera pas long ! »
Réputé pour son humour, Frank Horton a accompagné de nombreuses chrétiennes et de nombreux chrétiens dans leur préparation à un ministère. Comme l’a rappelé le pasteur Guy Chautems lors de la cérémonie funèbre : « Le fruit d’un disciple, c’est de former d’autres disciples. Frank a ainsi glorifié Dieu. » Mais, en même temps, Frank Horton avait choisi un verset biblique qui remet toutes choses à leur juste place : « Non pas à nous, ô Eternel, non pas à nous, mais à toi seul la gloire, pour ton amour et ta fidélité ! » (Psaume 115.1)
Claude-Alain Baehler