Faire une école de disciple avec Jeunesse en mission (JEM) coûte cher... Trop cher ?
Dans une école de disciples, les jeunes sont logés, nourris et blanchis pour environ 1000 fr. par mois. A 18 ans, quand on sort de l’école, c’est vrai que c’est beaucoup d’argent. Mais c’est une question de perspective. Pour un jeune de 25 ans avec un emploi, c’est tout de suite moins difficile. Si quelqu’un manque de moyens financiers, il peut effectuer son école de disciples dans un pays où le pouvoir d'achat est plus bas que dans le monde occidental, au Togo par exemple. Au lieu de lui coûter 1000 fr. par mois, cela ne lui coûtera plus que 200 fr. Mais je comprends bien que, pour des jeunes, c’est parfois plus sympa d’aller à Hawaï, Sydney ou à Hong-Kong...
Les jeunes qui suivent des écoles disciples vivent des moments très forts. Est-il possible de vivre dans la vie de tous les jours de la même manière que dans une école de disciples ?
J’en suis absolument convaincu. Beaucoup de personnes le vivent ! C’est vrai qu’il y a parfois des problèmes au retour, mais c'est un petit pourcentage des étudiants. Si on prend un jeune de chez nous qui part pour une école à l'étranger, JEM Suisse romande n’est pas au courant. Ce jeune peut rentrer chez lui et, si cela s’est mal passé, JEM Suisse romande n’en sait rien. Une collaboration entre JEM et l’Eglise locale à ce moment-là permettrait de mieux accompagner ce jeune à son retour.
Certaines personnes n’arrivent pas à réintégrer leur Eglise en rentrant de leur école avec JEM. Envisagez-vous d’entreprendre quelque chose pour accompagner et encourager les jeunes qui reviennent après leur séjour ?
On y travaille sérieusement. Comme je l'ai dit précédemment, nous ne savons pas que telle ou telle personne effectue une école de disciples et encore moins si le retour se passe mal. On nous accuse d’un maux que nous ne pouvons pas traiter. Nous avons des gens disponibles qui voudraient pouvoir aider les étudiants qui reviennent, mais qui ne savent pas comment entrer en contact avec eux.
Néanmoins, dans toutes les écoles de disciples, il y a du temps consacré pendant la dernière semaine à un débriefing et à parler du retour. Nous donnons des conseils très pratiques, souvent donnés par un pasteur d'une Eglise locale qui comprend la problématique du retour après une telle aventure.
Personnellement, comment êtes-vous entré en contact avec JEM ?
Je me suis converti lors d’une évangélisation de rues de JEM à Genève le 14 juillet 1986. Depuis, j’ai toujours eu des contacts avec cette organisation parce que je trouve que ce qu’ils font est très pertinent. En fait, je suis tombé dans la marmite lors de ma nouvelle naissance…
Comment êtes-vous devenu responsable de JEM Suisse romande ?
Quand avec mon épouse nous avons désiré partir en mission ou exercer un ministère au service de l’Eglise, nous avons tout de suite pensé à JEM. C’est une organisation souple, qui permet à beaucoup de nouveaux ministères de trouver leur place. Nous avons demandé aux responsables de JEM Suisse romande si nous pouvions nous greffer à eux pour développer les cours Alpha. Ils nous ont accueillis à bras ouverts et nous avons commencé avec Alpha en 97, à Burtigny, dans un centre de JEM. En 2007, Heinz Suter, l’ancien directeur de JEM Suisse romande, désirait passer le témoin. L’équipe de direction m’a demandé si j’étais d’accord de reprendre ce poste. Avec mon épouse, nous avons accepté et j’ai commencé début 2008 comme directeur exécutif.
JEM international aura 50 ans en 2010. Cette organisation est présente dans près de 150 pays et elle compte 12'000 collaborateurs dans le monde. Quelle est la recette du succès ?
Jeunesse en mission est une structure assez large pour accueillir toute nouvelle initiative. Cette décentralisation permet à chacun d’être à la fois responsable et libre de développer ce qu’il a à cœur ou ce qu’il a reçu de Dieu. JEM est aussi l’une des plus grandes organisations missionnaires au monde grâce à la manière de financer ses actions et son personnel. L’organisation ne verse pas de salaire. Les collaborateurs doivent se créer un réseau de gens qui les soutiennent. Il y a ainsi beaucoup plus de monde qui s’investit dans la mission parce que le cercle d’amis de 20 ou 100 personnes autour d’un collaborateur se sent investi personnellement.
A mon sens, il y a là quelque chose de révolutionnaire. Cette manière de faire ne crée pas que des réseaux de gens qui donnent de l’argent, mais des réseaux qui sont aussi derrière les envoyés pour prier, pour encourager, pour s’assurer que tout marche bien et que la personne soutenue sert véritablement à quelque chose. Pour illustrer cela, on peut prendre l’image d’une armée. Il y a ceux qui sont au front, ceux qui sont en caserne pour préparer et fabriquer ce qui sera nécessaire à l’engagement et ceux qui sont restés au pays pour faire tourner l'économie et payer leurs impôts. C'est cela le corps de Christ.
Propos recueillis par Maxence Carrel