« Célébrer Noël » … Qu’est-ce que ces mots évoquent pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde ? « Pas grand-chose », répond cette passante en ville de Lausanne. « Plus grand-chose aujourd’hui, lui fait écho un jeune homme qui doit avoir la vingtaine. Je marchais dans la gare et tout le monde tire un peu la gueule. On dirait pas qu’on y est. Il y a les décos, mais pas le sourire ! »… « La magie de l’enfance », avance toutefois une jeune femme.
Je ne suis que moi…
Pour Gabriel Ringlet, célébrer, c’est raconter. Célébrer n’enseigne pas une doctrine. Célébrer ne défend pas des valeurs. Mais célébrer rend présent une parole… qui donne envie de marcher. C’est ce qu’il écrit dans son dernier livre « La grâce des jours uniques, éloge de la célébration », paru aux éditions Albin Michel. « Je ne suis que moi, mais c’est énorme que je sois moi. Et il faut parfois toute une existence pour rencontrer sa propre parole. Je conçois que ça ne tombe pas du ciel, que c’est un chemin, parfois un combat. Mais c’est un très beau chemin que de partir, un peu comme les mages, à la recherche de sa propre parole. » Et le théologien de rappeler les paroles du poète Georges Haldas qui dit qu’il est tellement important d’encourager chacun à rejoindre la source qui coule encore en lui.
Entendre une parole
« Malgré la rudesse de l’existence, chacun de nous peut rejoindre quelque chose de la bonté fondamentale qui l’habite », indique Gabriel Ringlet. Et si, lorsque le cours de la vie normale va reprendre, que les lumières vont s’éteindre, si je veux que Noël n’ait pas été simplement une parenthèse, une fête un peu facile, si je veux que Noël m’accompagne, il faut en tous les cas que cette halte, que cette trêve ait été plus qu’une fête superficielle. Que j’aie eu l’occasion d’entendre une parole qui rejoignait ma parole secrète. Alors Noël aura très positivement servi à ma vie de tous les jours. »
Gabrielle Desarzens
(Copyright photo : Philippe Lissac/GODONG)